Tout d'abord le Renga, ké za ko ?
Ce que l'on peut dire de prime abord c'est que le sujet n'est pas simple et que les recherches nous mènent dans un dédale de mots japonais aux significations d'une rare complexité. Il n'est donc pas étonnant que pour l'occident ces règles soient simplifiées -ou du moins se disent l'être- Cette écriture a d'ailleurs cédé place au Japon à celle du Haïku et du Tanka.
De ce que j'ai pu retenir de mes recherches sur le Renga (qui est une sorte de chapelet de tankas) c'est que ce n'est pas une écriture solitaire, ce qui en fait l'intérêt.
C'est ce qui est intéressant, car il faut vraiment s'immerger dans l'idée de l'autre et suivre le ressenti que l'on en a avant d'écrire. Selon mon idée, il est nécessaire de se laisser imprégner, en silence, des images, émotions... reçues à la lecture, pour laisser venir une suite qui soit réellement en communion avec les mots accueillis ainsi. C'est donc à la fois un jeu et une pratique méditative.
« L’origine du renga est basée sur une croyance en la force
spirituelle et merveilleuse des mots (Kotodam) »
Une première personne écrit un haïku (5/7/5 ou 17 pieds), une seconde poursuit en écrivant le final (7/7 ou 14 pieds). Pas de rime, pas de vers.
En voici un exemple avec Bashô, Un Kasen du Sarumino :
Dans la rue (ou Lune de l’été)Traduit par René Sieffert
1. Dans la rue marchande
ah ces odeurs qui se mêlent
lune de l’été
[Bonchô]
2. Qu’il fait chaud ah qu’il fait chaud
s’écrie-t-on de porte en porte
[Bashô]
3. À peine deux fois
a-t-on desherbé voici
déjà les épis
[Kyoraï]
4. La cendre il fait tomber
une sardine grillée
(36 strophes au total -ce qui semble être la règle originale-)
Mais ailleurs sur le web ICI il est dit qu'une première personne écrit un tanka et la suivante, s'inspirant des deux versets précédents, écrit le suivant. (Ceci continuant en fonction du nombre de participants).
Une formule plus simple sans doute. À chacun de faire son choix ? Et pourquoi pas ?
À titre personnel, j'aurais tendance à suivre l'exemple de Bashô en la matière, il est quand même un maître incontesté de la pratique et du haïku et cela permet aussi de favoriser l'écoute de l'autre. Ce n'est pas un luxe en ce vingt et unième siècle.
L'intérêt du jeu (il y a là une notion de plaisir et une envie de se dépasser) est de respecter la règle -donc le nombre de pieds demandés- en faisant en sorte que le fond soit du domaine de la simplicité et de la concision, et si possible en suggérant une image, une émotion... le dire sans dire en quelque sorte.
Nous savons tous que, quel que soit le domaine, le respect de la règle est toujours la base de la progression, afin de parfois s'en détacher.
En clair, l'image générée par un intervenant va pouvoir nous entraîner dans un lieu ou une situation nouvelle qui va amener à pouvoir faire changer l’écrit de direction.
-Écrit par la quasi totalité des membres de l'Herbier.
-Deux Rengas commençant avec ce même vers pris au hasard dans un livre :
"Une porte ouverte"
Ainsi qu'une prolongation plutôt joviale et musicale autour de la table et de la boisson.
Pour en savoir plus sur la famille :
Haïku, haïbun, Tanka prose : ICI