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22/04/2024

Si vous aimez le RENGA


Tout d'abord le Renga, ké za ko ?


    Ce que l'on peut dire de prime abord c'est que le sujet n'est pas simple et que les recherches nous mènent dans un dédale de mots japonais aux significations d'une rare complexité. Il n'est donc pas étonnant que pour l'occident ces règles soient simplifiées -ou du moins se disent l'être- Cette écriture a d'ailleurs cédé place au Japon à celle du Haïku et du Tanka.


    De ce que j'ai pu retenir de mes recherches sur le Renga (qui est une sorte de chapelet de tankas)  c'est que ce n'est pas une écriture solitaire, ce qui en fait l'intérêt.

    C'est ce qui est intéressant, car il faut vraiment s'immerger dans l'idée de l'autre et suivre le ressenti que l'on en a avant d'écrire. Selon mon idée, il est nécessaire de se laisser imprégner, en silence, des images, émotions... reçues à la lecture, pour laisser venir une suite qui soit réellement en communion avec les mots accueillis ainsi. C'est donc à la fois un jeu et une pratique méditative.


 « L’origine du renga est basée sur une croyance en la force 

    spirituelle et merveilleuse des mots (Kotodam) » 

 

    Une première personne écrit un haïku (5/7/5 ou 17 pieds), une seconde poursuit en écrivant le final (7/7 ou 14 pieds). Pas de rime, pas de vers.

En voici un exemple avec Bashô, Un Kasen du Sarumino :


Dans la rue (ou Lune de l’été)Traduit par René Sieffert


1. Dans la rue marchande
ah ces odeurs qui se mêlent
lune de l’été
[Bonchô]


2. Qu’il fait chaud ah qu’il fait chaud
s’écrie-t-on de porte en porte
[Bashô]


3. À peine deux fois
a-t-on desherbé voici
déjà les épis
[Kyoraï]


4. La cendre il fait tomber
une sardine grillée


(36 strophes au total -ce qui semble être la règle originale-)

 

Mais ailleurs sur le web ICI il est dit qu'une première personne écrit un tanka et la suivante, s'inspirant des deux versets précédents, écrit le suivant. (Ceci continuant en fonction du nombre de participants). 

Une formule plus simple sans doute. À chacun de faire son choix ? Et pourquoi pas ?  

À titre personnel, j'aurais tendance à suivre l'exemple de Bashô en la matière, il est quand même un maître incontesté de la pratique et du haïku et cela permet aussi de favoriser l'écoute de l'autre. Ce n'est pas un luxe en ce vingt et unième siècle.

 

    L'intérêt du jeu (il y a là une notion de plaisir et une envie de se dépasser) est de respecter la règle -donc le nombre de pieds demandés- en faisant en sorte que le fond soit du domaine de la simplicité et de la concision, et si possible en suggérant une image, une émotion... le dire sans dire en quelque sorte. 

    Nous savons tous que, quel que soit le domaine, le respect de la règle est toujours la base de la progression, afin de parfois s'en détacher.  

  

    En clair, l'image générée par un intervenant va pouvoir nous entraîner dans un lieu ou une situation nouvelle qui va amener à pouvoir faire changer l’écrit de direction. 


Je vous invite donc à visiter deux pages de 
 


La page du Renga 2 

 

-Écrit par la quasi totalité des membres de l'Herbier.


 Et la page du  rengas 4   

 

-Deux Rengas commençant avec ce même vers pris au hasard dans un livre :

"Une porte ouverte"


    Ainsi qu'une prolongation plutôt joviale et musicale autour de la table et de la boisson.  



Pour en savoir plus sur la famille : 

Haïku, haïbun, Tanka prose : ICI




 


14/04/2024

La belle chevalière

 

Photo ABC






La belle chevalière 

 

Au printemps, il arrive parfois que je m’égare entre deux averses. Un simple rayon de soleil m’invite à batifoler par les bois et par les prés.

Je musarde, m’ensonge et m’en vais patauger dans la boue nourricière qui englue les chemins de la liberté. 


bottes en caoutchouc

quelques slurps de terre glaise

rencontre insolite


Qui est là ?  Voilà que je glisse et me retiens à quelques branches qui se trouvent près de moi, j’ondule. Ces branchages trop souples ne me sont pas d’un grand secours. Je refuse de prendre la main qu’un monstre aux griffes vernies de rouge semble me tendre.  Je recule effrayée, glisse encore, me rétablis enfin et l’observe. 

La Dame car je n’en doute pas c’est une Dame, s’est mise sur son trente et un. Elle a beau être un monstre elle n’en est pas moins coquette. Elle est là, à prendre la pose, à moins qu’elle n’attende que le vernis de ses griffes soit totalement sec pour bouger. Ma frayeur ne l’a pas vexée, et elle ne me semble plus aussi menaçante que je le craignais de prime abord.  

Je commence même à la trouver belle, avec ses phalanges protégées d’une cuirasse. C’est une chevalière sans doute, venue du fond des âges pour me mettre devant une question existentielle : de nous deux qui est la bête ?  


  
maux de l’apparence
et du jugement rapide -
une pie jacasse.



Adamante Donsimoni - 11 avril 2024 


 

Là, sur l'Herbier de poésies d'autres textes sur le même thème :

 

Ceci signifie : Herbier

11/04/2024

Le Souffle en mouvement

 




Quand le mouvement est activé


Par la conscience de ce qui est

dans l’invisible


Et nous révèle

À nous-mêmes


Dans le silence du

Souffle


Le corps sait bien mieux

Que la tête.


 

Adamante Donsimoni 

10 avril 2024 ©musicstart-sacem




 

17/03/2024

Vague mimosa


Vague mimosa


Tout d’abord il y eut le parfum. Au loin je pouvais entendre la mer. Comme j’aimais ces moments où je pouvais m’extraire des contingences sociales festonnées de tenues correctes et de paroles policées. Ici, je n’avais plus à surveiller mon image, mon langage, rien ne m’obligeait à donner le change, à compter jusqu’à mes respirations. L’haleine du grand large  m’arrivait par bouffées iodées irisées de ce pollen aussi doré que le soleil du midi. 

Je ressentais la vie jusqu’à la perception des pierrailles qui roulaient sous mes semelles. J’avais le pied heureux des dévoreurs de grand chemins. J’étais comme un explorateur débarqué d’un naufrage sur une île déserte où à n’en pas douter se cachait un trésor. 

La nature ne chantait pas encore la partition ininterrompue des cigales, mais mon cœur, grand rêveur, battait déjà de leur cymbalisation et  bondissait comme un cabri épris de la garrigue. 

Puis m’apparut, dans l’air vibrant de senteurs enivrantes, une explosion de jaunes teintés d’ocre curcuma. 

Ce fut comme au cinéma, un arrêt sur image, un instant de contemplation imposé par l’interruption brutale du temps. Étourdie de tant de beauté, il me vint à l’esprit que Van Gogh, face aux vagues déferlantes de cette lumière fauve qui m’avait stoppée dans ma course, aurait été infidèle aux tournesols


une inflorescence

sous le bleu en majesté

Vague mimosa


les pompons du dieu soleil

viennent agacer le nez



Adamante – tanka prose -10 mars 2024

Une prochaine lecture de mes livres

HERBIER DE POÉSIES








 


lecture à la librairie Tropiques


J'aurai le plaisir d'être accompagnée 

par Sylvie Gabrielle pour la lecture.





Librairie TROPIQUES

 https://www.librairie-tropiques.fr/demandez-le-programme.html#donsimoni


56 et 63 Rue Raymond Losserand 75014 Paris.   

01 43 22 75  95





13/03/2024

Roumi - le bonheur de lire

 

Bonjour à vous qui passez par ce blog,

   Je vous avais parlé ici de ce qui était à venir. Je vous parle aujourd'hui de ce qui fut et sans aucun doute sera. 

Voici donc une invitation à écouter Roumi, à découvrir mes comparses de la soirée, Serge et Sylvie. 

Serge, le traducteur et Sylvie pour la lecture. Vous allez découvrir tout cela.

Personnellement j'ai lu deux contes : "Moïse et le berger" ainsi que "La gazelle dans l'étable aux ânes".

Alors je vous invite à vous installer confortablement, à fermer les yeux et à écouter. Roumi, c'est la spiritualité, la profondeur sans oublier l'humour. 

Un vrai bonheur à lire et entendre.

 

Adamante

 



 

03/03/2024

Le boléro des clématites

Jeanne Fadosi


Le boléro des clématites



Rentrant de promenade, alors que le soir se faufilait sur la campagne nostalgique, je m’étais oubliée à rêver sur un banc, non loin d’un grillage qui me séparait du pré voisin. 

Au travers, je pouvais à présent apercevoir l’horizon. Le rideau vert du feuillage s’était retiré, et quelques graines de clématites, ornées de leurs pompons blancs, s’y accrochaient encore. Ces volutes cotonneuses exprimaient la légèreté. Elles semblaient attendre le vent, moi peut-être leur envol. Puis, sans que j’y prenne garde, ma conscience avait dérivé sur la blancheur de cette voie lactée, révélée par ces plumetis soulignés de quelques baies rouges. J’étais en apesanteur, totalement libre de corps et de pensée.

Mon esprit avait largué les amarres, il s’était transporté dans des dimensions insoupçonnables à tout observateur étranger. Ce dernier aurait pu me penser assoupie. Comment aurait-il pu ne serait-ce que supposer les mouvements hypnotiques dans lesquels m’avait entraînée cette danse des spirales ? 

Si mon corps paraissait immobile, tout à l’intérieur de lui était en effervescence. Je vivais un bonheur minéral. La vibration chantait son boléro extatique et sa musique m’emportait bien plus loin que les apparences trompeuses que je donnais à voir. 


au regard du cœur

se révèle le caché-

autre dimension


voyager les yeux fermés

savoir chevaucher le vent


Adamante Donsimoni  

©sacem/musicstart - 26 février 2023


L'HERBIER DE POÉSIES






28/02/2024

Accueillir pour transmuter


Bonjour Grand-père,


J’aimerais avoir un signe de votre présence aujourd’hui, après tous ces échanges consignés dans mes lettres, sous le titre de ce livre « Romano ». Que d’années dorment en si peu de pages, ignorées, dans le silence pesant d’un rayon de ma bibliothèque.

 

Mes yeux se posent sur le vieux fauteuil Voltaire, que quelques générations de chats ont griffé de leur présence. Là aussi désormais le silence. La poupée de chiffon qui l’occupe est bien trop sage pour donner vie à cette pièce. Le silence s’impose où la vie se rétracte. 

 

Et dehors, le vent, la pluie incessante, je pourrais dire le déluge. Presque partout la terre sature et les rivières vomissent leur trop plein dans les villes, pour alimenter le désarroi des populations que la répétition des inondations transforme en désespoir. L’humidité alourdie et le corps et l’esprit, la joie qui est feu chancelle puis s’éteint. 

 

Le monde entier semble appelé à glisser dans des profondeurs abyssales. Ténèbres pressenties dont nous n’avons pas, je le crains, vraiment idée. L’eau qui est vie devenue mort ? Il semble que le temps du grand sommeil a sonné.

Que pourrais-je donc faire, Grand-père, sans votre présence ? Serait-il temps pour moi de vous rejoindre de l’autre côté du voile ? Je me sens si lasse soudain.

 

Que sera  devenu le monde si, partout demain, le soleil de la joie se noie ? Je ne puis accepter l’idée que ce demain, présent dans l’aujourd’hui, puisse éteindre la vie d’un si grand nombre d’espèces, qu’il puisse anéantir l’amour par la destruction de l’espoir. Ma vie, comme il peut souffrir l’enfant intérieur ! 

 

Je sais Grand-père, je me dois de protéger la braise enclose au cœur de la glace au moment de la débacle, et par le souffle en faire un brasier dévorant. Le futur printemps a tant besoin de forces ! Je ne veux pas du désespoir. Pourtant je ne puis que l’accueillir, nul n’est de taille à lutter contre, il est impossible d’ignorer une si envahissante présence. 

 

Le désespoir est l’enfant malade d’une  société ayant perdu le sens de l’Être pour celui de l’avoir, un avorton, une chimère. Comment le rejeter sans se rejeter soi-même ?  Mais l’accueillir en conscience, ouvrir les bras du cœur à tous ces courants de mal être, à tous ces sanglots à la dérive et les bercer, les aimer. Cela me semble indispensable pour que s’opère la transmutation. 

 

Encore une fois, écrire m’a rapprochée de vous, et je vous ai entendu, Grand-père, vous avez toujours été là. 



Adamante Donsimoni

26 février 2024 ©sacem/musicstart


Et un partage audio d'une lettre de Romano 

sur Take this Waltz de Léonard Cohen




Renga

 

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