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08/12/2025

L’arche de la forêt

 

Photo de CAMILLE - via Livia -


L’arche de la forêt


   Qu’un éclat de lumière traverse la forêt et mon pas curieusement s’allège. Il semble que les parfums, jusque là endormis, s’éveillent. Les pins s’enchantent, ils libèrent leurs effluves de résine qui s’élancent vers le ciel comme une ode à ses bienfaits. 

   J’accueille ces senteurs comme on accueille la vie lorsque l’on attend rien et que l’on est ouvert à tout. C’est là la magie sylvestre qui s’exprime au travers du silence. À peine si le léger crissement de mes chaussures sur le tapis forestier évoque ma présence, je me fond dans le décor. Je suis un arbre qui bouge, traversée par l’ardente sève du vivant. 

   Me voici prête à passer le seuil du réel pour pénétrer le rêve. Je le pressens, il suffirait d’un pas, juste un pas pour que s’accomplisse un miracle. Est-ce une illusion ? l’air tout autour de moi se met alors à vibrer jusqu’à matérialiser une arche rayonnante m’invitant à la franchir. 

   Une voix au fond de moi murmure :  « Suis le chemin, va ! »

   Un pas, juste un pas ! Derrière le passé, devant l’inconnu, dans l’instant le désir fou de pénétrer le monde idéal, de réaliser mon conte personnel, d’expérimenter la liberté qu’offre tout saut dans le vide. 

   Passer la porte ! Avancer en confiance sans attache ni crainte. Un pas, juste un pas.


traversée du miroir

rencontre de l’inconnu

le cœur battant.


Adamante Donsimoni -7 décembre 2025  

©musicstart/sacem 


Merci de votre visite et de vos commentaires. Adamante 

Le geste qui se fait


d'autres textes ici : L'HERBIER DE POÉSIES


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26/11/2025

Le geste qui se fait


« Nous sommes des rochers dansants. »

    J’aime cette image qui m’évoque ce qu’est de trouver la légèreté dans le poids, la libre circulation énergétique qui ne peut s’exprimer qu’au contact de ce qui est au plus profond de nous quand on ne dirige pas, quand on se laisse s’ouvrir, s’abandonner. 

    Cette expansion naturelle nous amène à prendre conscience que «je» n’est qu’illusoire, création mensongère, fortification isolante et réductrice, génératrice de mal être et de peurs.

    Non ! Ce qui possède la vertu de l’expansion, c’est « nous » car rien ne nous sépare de rien que cette idée que « je » existe. « Je » nous isole mais il n’est qu’un leurre. En prendre conscience c’est trouver cette dimension que nous espérons tous sans pouvoir la nommer, c’est apporter de la fraîcheur dans une pièce confinée en ouvrant grand portes et fenêtres, ce qui libérant la respiration nous libère.

    Au travers du geste, rochers dansants, arbres en mouvement, lorsque nous laissons le geste se faire, sans le pousser, sans le forcer, en l’accueillant, nous entrons en communion avec ce qu’il porte. Lorsqu’à cet instant « je » s’oublie dans « nous », nous comprenons alors que nous sommes exactement à notre juste place, que nous sommes récepteurs et transmetteurs de cette vibration primordiale qui anime tout le vivant. Nous comprenons enfin, sans mot mais avec l’expérience, qui nous sommes.

    Il n’est rien de plus simple et parfois, il est vrai, rien de plus compliqué que d’aborder cette simplicité. Il faut se laisser le temps, apprendre à lâcher, accepter de ne pas tenir, de laisser faire au lieu de faire, de s’abandonner. 

    Lorsque cela se produit on s’aperçoit que ce que l’on découvre est tellement plus que ce que l’on pouvait imaginer.


Adamante Donsimoni 7 octobre 2025 -©sacem/musictart 🙏






10/11/2025

​Les passages de la ville

 

tableau : Arnaud Bouchet -Merci Marine-
Visiter la page fb d'Arnaud :     https://www.facebook.com/arnaud.bouchet


​Les passages de la ville

 

que de pas inscrits
combien de paroles perdue​s
au ​l​ong du chemin

les passages de la ville
​m​urmurent le voyage

Adamante Donsimoni
©musicstart-sacem



Voir la page 250 & 250 bis sur ce tableau ICI HERBIER DE POÉSIES 








03/11/2025

La ville, comme un bateau ivre

 

Merci à Marine pour cette photo d'une œuvre de Arnaud Bouchet. 

Une pensée pour Lui.
💫    💫
💫


La ville, comme un bateau ivre



     La ville, comme un bateau ivre de son aventure, se dresse au firmament de nos incohérences. Les quelques voiles gelées d’un vaisseau fantôme, qui hante nos mémoires et les légendes de marins, se dressent vers le ciel comme pour échapper à la glace d’un pôle induré dans leur mémoire.

     Tout ici semble se déliter en revenant au port. Le voyage d’Ulysse fut long sans doute avant de retrouver le quai, les lézardes ont buriné la pierre. Les cheveux de Pénélope ont blanchi et tant poussé qu’un tissage arachnéen a englouti la tour, bouché le nez des bâtisses. Tout semble confiné dans cet imbroglio que le temps a pris dans ses filets. Si une cheminée crache encore ses relents de charbon, il semble que ce soit pour obscurcir le ciel. L’enfer a le visage des usines.

     Les fenêtres où des astres se sont pendus, se sont perdus, se sont évanouis n’ont plus le désir de s’ouvrir, mais les portes invitent encore à la découverte, il se cache en elles une lueur d’espoir.

     Le parfum des embruns pénètrent par leurs ouvertures, il nous raconte ces infinis qui glissent, tels des anges de lumière, sur la ligne d’horizon, que l’on pressent et qui se cache, de l’autre côté, de l’autre côté...


horizon vibrant
sur l’indéfini des formes
une vie cachée


Adamante Donsimoni - 26 octobre 2025
©musicstart/sacem


27/10/2025

La conscience d’être

 




La conscience d’être


    Mes pas se suivaient d’un rythme monotone, sans surprise. Mon esprit, bercé par la musique des graviers qui roulaient sous mes chaussures, s’abandonnait à cette sorte de léthargie qui apaise. La marche vide les pensées. Je longeais le bord de mer lorsque je vis, semblant sortir des eaux, un curieux personnage qui, d’un pas malhabile, tentait de s’aventurer sur la plage.

    Surprise, je m’arrêtais. Je fermais les yeux, puis les rouvris sur ce que j’aurais pu interpréter comme une hallucination. La léthargie nous entraîne parfois vers des lieux hors du temps habituel où des personnages insolites traversent notre champ de vision. Étais-je en train de vivre un épisode d’une rencontre du troisième type ? Avais-je pénétré une autre dimension ?

    Bleu-eau, bleu-ciel, bleu-mer, bleu-verre irisé de lumière, l’eau avait-elle pris forme pour me rappeler, s’il en était besoin, que ma vie, toute vie, partout sur Terre, venait des eaux.

    Ce Poséidon au corps de batracien, ce rêve de l’Océan qui semblait vouloir expérimenter l’envol venait à ma rencontre. À quelques pas de moi il s’arrêta. Nous échangeâmes alors un long regard, et je perçu au fond de moi, fruit de cette communion sans parole, au travers du poids de ma chair, cette légèreté, cette fluidité qui chez moi aussi vivait l’envol. Je vivais la mémoire de l’eau, j’étais cette mémoire, j’étais cette eau façonnée de lumière


dans la vibration
dans l’essence de la vie
la conscience d’être


Adamante Donsimoni-25 octobre 2023
©musicstart-sacem



14/10/2025

Nous sommes imparfaits


   Pas de regret, pas de mea culpa ! Toute erreur est un pas de plus vers la compréhension, l’écueil nécessaire pour se parfaire, pour lâcher, éviter le jugement intrinsèque au regret.

   Qui tend vers la perfection ignore quel est son visage. Elle revêt peut-être la forme de nos rêves parés de nos limites.

   Nous sommes imparfaits, c’est à n’en pas douter ce qui est grandiose, sans cela je le crains nous serions inutiles. Mais à quoi ?


Adamante Donsimoni
©sacem-15 août 2025



13/10/2025

Au travers du brouillard

 



  
    Les lumières de la ville transpercent le brouillard. Décor fantomatique qui laisse apercevoir, dans un flou ténébreux, une muraille aux paupières closes et quelques trouées de vie en quête d’horizon. 
    Le ciel cherche à s’éclairer mais la grisaille a cette force de voiler les énergies des plus téméraires, on ne peut que le discerner, le rêver au travers de la nuit humide. On imagine les pavés glissants, le souffle court d’un passant et la menace, tapie dans l’ombre d’une ruelle mal famée, suintant de portes vermoulues que l’on croise sans s’arrêter.
     Il semble se livrer là l’éternel combat du bien et du mal, couple antédiluvien opposé et pourtant si complémentaire, unité contrariée de ce qui va par deux et souvent le refuse. 
    L’ombre et la lumière ne peuvent aller l’une sans l’autre dans la dimension humaine

                dans l’écrin de l’ombre
                des diamants sont cachés-
                la quête du cœur

Adamante Donsimoni ©musicstart-sacem
Haïbun



23/06/2025

Saisir le temps

 



Saisir le temps

 

    Ils marchaient dans la rue sans regarder autour d’eux, soucieux d’idées occupant leurs esprits agités. Certains sautillaient, oublieux de l’ancrage, stressés, déracinés, fragiles ; d’autres traînaient leurs semelles comme s’ils voulaient en abandonner une partie au bitume, ceux-là sans doute, épuisés par leur vie, eussent voulu ramper, tracer leur chemin en sous-sol pour se faire oublier ; les enfants quant à eux piaillaient en agitant les bras comme pour chasser ces boisseaux d’ombres émanant de l’univers adulte polluant l’espace. 

   Moi j’observais la rue, j’en captais les moindres détails. C’est alors qu’une femme tirant un lourd caddie, perdue dans ses pensées, et sans doute pressée de regagner son foyer, me frôla. Elle s’excusa. Nous échangeâmes un sourire puis elle s’éloigna. 

   Cette halte, à moins que ce ne soit ce sourire, m’entraîna dans une dimension parallèle.

   Face à moi, sur le mur d’un ancien garage désaffecté, je le vis surgir. Mais qu’était-il ? Je découvrais un cheval à tête de dragon accompagné d’un moine, sans tête, dont le bras semblait lui interdire mon approche. Je percevais la fougue, voire la rage, lorsque je crus entendre claquer les dents de cet étrange destrier, des dents qui semblaient désireuses de dévorer le monde qui était le mien, ce monde arrivé à épuisement à force de destructions, à force de mépris du naturel. 

   Je restais là, interdite, ne sachant plus où moi-même je me situais. Avais-je passé une frontière interdimensionnelle ? Et cette vibration exaspérée, face à notre comportement irresponsable, n’indiquait-elle pas, plutôt qu’une menace, le désespoir d’une autre forme de vie plus empreinte de sagesse ? 

   Étrange sensation que de se perdre dans un espace aussi incertain que celui-ci.


Le vrai le faux - le flou 

l’indéfini du temps

vérités multiples


au cœur des no man’s land

tout parait si insaisissable. 



Adamante Donsimoni 

20 juin 2025 ©sacem 

L'Herbier de poésies Page 247

11/06/2025

La messagère

 

La messagère

 

   Elle était venue se poser là, près de moi, à mes pieds, sans bruit. Moi, je rêvassais sous un soleil matinal encore timide que le vent, parfumé d'Océan, n'arrivait pourtant pas à rafraîchir. 

   Les beaux jours palpitaient déjà au cœur des herbes. Je percevais que dans cette nature bousculée par les éléments tout désirait l'amour, la tendresse, la caresse. En mon cœur aussi je ressentais l'appel mais je ne pouvais gommer cette crainte insidieuse qui frappe parfois les esprits les plus confiants. Contre toute attente j'étais ici à percevoir, à éviter de réfléchir. L'abandon est un état tellement agréable. C'est alors que je l'ai vue, curieuse, comme sortant d'une raie de ces planches burinées par la pluie et le sel marin. 


l'esprit de la lande
petit chapeau paysan
feuille morte messagère

 

tout se fane et se corrompt 
il n'est autre que l'amour.

 

Adamante Donsimoni - 10 juin 2025 ©sacem


L'Herbier de poésies 246  

09/03/2025

Du dedans retrouve le ciel



Du dedans retrouve le ciel

En toi est l’infini

L’horizon qui s’étire

Tout au long de ta vie

Et sur lequel 

Comme un oiseau au long cours

Tu planes en observant le monde


Chaque mouvement est un enseignement

Chaque rencontre une lueur

Grotte aux merveilles ou paradis

Afin d’éviter l’enfer

Du dedans 

Il te faut retrouver le ciel

En toi

Et t’y baigner

Il n’est nul autre endroit

Où retrouver la paix


Du dedans retrouve le ciel

Et prie

Non pour avoir 

Mais rayonner ce trop plein d’amour qui se donne

Sans jamais rien te demander


Du dedans retrouve le ciel

Car c’est ici que tout se crée

Qu’en germe sont tous les possibles


Sans jamais te désespérer 

Dans le grand athanor de l’espoir

Qui est foi en la vie

Du dedans retrouve le ciel

Et sois.




Adamante Donsimoni ©sacem

8 mars 2025




Le matin je branche l'antenne, eh oui, ça me parle, eh oui, depuis tant d'années que cela dure, ce qui m'a amenée à dire, à écrire, aujourd'hui, ici, je le dis ouvertement.


Pourquoi ? 
Parce que dans ce monde où on nous abreuve de peurs, de mensonges et d'inepties, nous ne devons pas oublier que la vie nous est donnée pour expérimenter et l'amour et la joie, et que cela ne vient pas de quelqu'un d'autre mais de notre façon d'aborder le monde et nous-mêmes. 
Un chemin d'humains quoi ! tissé de rencontres et de découvertes, de chutes et 
de relevailles, d'aspirations et de foi en la vie, car ce qu'il y a de plus beau dans la 
vie, c'est la vie, honorons-là sans crainte. AD




03/03/2025

Un cheminement d’arbre


Photo ABC


« Sans sortir de chez lui, le sage connaît les hommes »... ces mots que l’on prête à Lao Tseu conviennent parfaitement aux arbres. Plantés là, quelque part sur une portion de terre, ils poursuivent leur patiente ascension vers le ciel tandis que de leurs racines ils tissent, dans l’obscur  silence du sol, un réseau complexe pour se rattacher à la vie commune du végétal. 

Ce péritoine de la Terre, cette wifi souterraine sont bien trop spirituels pour que la grossière humanité puisse en percevoir toute la présence ou en concevoir le sens. 

Ce message que j’ai capté en le croisant, alors que dressé au travers d’une masse épineuse qui me semblait vouloir le contraindre il s’élevait sans opposer de résistance, avec l’abandon que confère la véritable force, m’accompagne encore de sa sagesse. 

L’abandon, ne jamais se dresser contre mais accueillir, comme la branche accompagne le vent dans la tempête, s’incline en recevant la pluie, rompt parfois quand la matière atteint son point de rupture et que le temps de tirer sa révérence est arrivé. 

- Dis-moi l’arbre, te sens-tu impuissant parfois, incompris, inutile, plombé de peines comme je peux l’être à l’orée de la catastrophe annoncée dont on perçoit déjà bien plus que les prémisses ? 

- Le ciel est encore bleu, et bien que le sang se retire, que la sève se dessèche, l’appel de la vie est toujours impérieux. Et puis, comme souvent, l’éloignement du cœur nous ramène en plein cœur, à l’endroit juste où, au-dedans, le ciel illuminé n’est plus attente mais offrande. Là, le géant devenu lilliputien découvre sa véritable puissance et conscient de tout avoir n’attend plus rien.


racine en chaos 

en tout germe est un mort 

le juste retour


Adamante Donsimoni 

1er mars 2025 - ©SACEM

 

l'herbier de poésies 

 

17/02/2025

Passe muraille

 

Tim Burton 


Passe muraille


    En regardant l’image, je m’étais endormie. J’avais piqué du nez dans le rêve et m’étais mise à circuler dans quelques nébuleuses. De toute évidence celles-ci ne voulaient pas offrir à ma vue les détails de l’anatomie des personnages qui glissaient en elles comme cerises baguenaudant dans de la Jelly.

    Tout se faisait furtif et cela me mettait mal à l’aise. Je voulais savoir. Mais vouloir n’étant pas pouvoir je restais là, un peu désorientée, dans cette brume fantasmagorique qui me donnait le vertige.

    Le chat ronronnait près de moi, heureux que je le retrouve dans son occupation favorite habituelle : dormir sur le canapé.

    Cela eut-il une influence sur le devenir de mon aventure onirique ? Sans nul doute. Je suppose que l’esprit s’arrime dans notre réalité avant que de s’envoler vers ces contrées confuses où de toute évidence il aime à s’égarer pour vivre des aventures parfois plus que rocambolesques.

    Toujours est-il que soudain je me suis retrouvée dans l’univers de Marcel Aymé.         
   J’aperçus la pièce, ainsi que je l’avais imaginée en lisant, où apparaît pour la première fois l’honorable Monsieur Dutilleul, rond de cuir au Ministère de l’Enregistrement. Des rideaux à grosses fleurs roses, tels qu’en raffolaient le monde au début du XXème siècle, encadrant une fenêtre donnant sur le bleu du ciel. Un chat noir était là qui grattait la moquette de toute son ardeur féline, c’est-à-dire non contenue. Quelque pet s'échappant du matou contraria une mouche.

    C’est alors qu’apparut, semblant sortir du mur à la peinture défraîchie qui me faisait face, le visage d’un homme qui observait la scène.

    Était-ce le fameux passe-muraille qu’aucune densité matérielle ne pouvait arrêter ? Je me mis à vibrer d’impatience à l’idée de connaître son secret...

    C’est à ce moment précis que mon chat décida de me réveiller en manifestant une impérieuse envie de jouer.


        fugacité du rêve
        sur l’infini de l’illusion
        le vent souffle


        Adamante Donsimoni -  25 janvier 2025 
@ sacem


03/02/2025

La sylphide des bois

 

Photo adamante



La sylphide des bois


Je marchais vers le soir dans les bois près de la maison. Le soleil, généreux durant le jour, tardait à se retirer, il dardait ses derniers rayons au travers de la futaie. C’est alors que je l’aperçus.

Comme ensorcelée, encore inconsciente de ma présence, elle semblait interpréter une danse rituelle, c’était comme si elle s’enroulait dans les derniers reflets de l’astre finissant. Je retenais mon souffle.

Ses voiles étaient de feu, elle ne les ôtait pas, elle en revêtait sa nudité. Je ne voyais là nul besoin de séduire, juste le désir d’honorer qui rayonnait au travers de la délicatesse de ses mouvements. Sous chacun de ses pas, la terre irradiait, l’instant était à la grâce. La moindre mousse, la moindre feuille, le moindre pépiement, il n’était pas jusqu’au silence qui ne participait au sacre de la lumière.

Dans ce bois où commençaient à se faufiler quelques ombres, tout me parut soudain illuminé. J’étais sous le charme. Comme j’avais envie de la rejoindre, de me mêler à la cérémonie glorifiant cette fin du jour !

N’étant pas de la forêt, je résistais de toute mon âme à la force qui me poussait à franchir cette barrière entre nos deux mondes. Je savais bien que ma place était ailleurs, qu’ici je n’étais qu’une intruse, mais j’étais comme hypnotisée, je ne m’appartenais plus.

J’esquissais un pas, une brindille craqua et la belle m’apercevant disparut.


un rideau se tire
un rideau se referme -
c’est déjà la nuit.

Adamante Donsimoni
27 janvier 2
025 ©sacem


D'autres textes sur l'image ici HERBIER DE POESIES






20/01/2025

Enfant de la balle

Récréanote Adamante


Enfant de la balle



Dans ce petit théâtre parisien, les murmures de la salle, atténués par le lourd rideau fermé de la scène, arrivent jusqu’aux coulisses. Qui sera là ce soir ? 

Une petite blondinette, cœur battant et nœud à l’estomac, observe en toute discrétion les visages des spectateurs venus soutenir la jeune troupe de théâtre. Les siens seront-ils présents ce soir ou lui enverront-ils comme de coutume cet énorme bouquet de fleurs qu’on lui remettra à la fin du spectacle pour lui témoigner de leur attention ? 

C’est leur façon à eux, toujours si éloignés, toujours si pris par leur métier, de lui dire je t’aime. Elle le sait, ce soir encore ils seront absents. C’est si loin les États Unis... 

Ô s’ils savaient comme elle l’espère ce miracle, comme elle en rêve de cette surprise qu’ils pourraient lui faire ! Sauront-ils jamais à quel point ces bouquets lui font mal, et qu’en elle, à chaque fois, quelque chose se déchire dans sa poitrine lorsqu’elle tend les bras pour les recevoir sous le regard envieux de quelques membres de la troupe. Elle est tellement gâtée ! 


cœur dans une fleur

mais la chaleur d’un baiser-

parfum volatil


Adamante Donsimoni - 15 janvier 2025 

©sacem

 

Un souvenir de prof de théâtre & de metteur en scène, ce n'était pas une petite fille ... 


L'Herbier de Poésies sur cette image 



 

16/01/2025

Pinarello

 

    Ce matin-là, sur la plage, le silence interprétait le chant ininterrompu des vagues, et sur la portée, comme autant de croches, le bruissement de mes pas sous les eucalyptus dégageait un parfum sensuel dans lequel le corps vibrait comme une corde sous l’archet.

    La cabane de bois, phare du rivage de l’été, était fermée.   

    Le sable se gorgeait de soleil, libre de la foule des touristes encore prisonnière du béton et de la grisaille. 

    La paix, la vie s’exprimaient dans la simplicité des souffles croisés de la terre et de l’eau. Le vent musardait au travers des touffes d’herbes sèches, tiges souffreteuses et odorantes accrochées aux monticules arides flanquant les abords du rivage.

    Les pieds brûlants, le regard posé sur le lointain, ma jeunesse libérait la voile de ses rêves d’indépendance sur l’horizon indéfini, entre le bleu du ciel et celui de la mer, à la conjonction brumeuse de l’air et de l’eau. 

    Abandonnée aux éléments, par la moindre des cellules de mon corps, je vivais la fête de la dilatation de mon Être.


Adamante Donsimoni

Plage de Pinarello ou Pinarellu ( haute Corse)

3 novembre 2021 

©sacem

Pour le Nid des mots A.B.C.

13/01/2025

Ce fini indéfini du nuage


Une matinée de brume 

Au parfum de Noël

Ce goût de nostalgie 

D’un univers opaque

D’où fusent quelques lumières


Ces révélations-là

Sont celles de l’amour

De la confiance

De l’abandon

Un berceau où l’être

En son entier

Se détend

N’attend rien

Comblé par la moindre dilatation

De l’espace


C’est comme un retour à la source

Sans débordement

Il est si naturel 

De se laisser glisser

De se déposer

De se vivre soi -

Sans crainte de son propre jugement 

Si contraignant, si limitant


Ce que je suis

Ce n’est pas cette forme

Ce visage 

Dans lesquels je disparais

Non 

Ce que je suis

C’est cette respiration

Ce fini indéfini du nuage

Cette vibration de la cellule première

Répliquée en des milliards d’autres

Palpitant en symbiose

Pour expérimenter le vivant


Message d’une brume matinale 

Au parfum de Noël

À cette brume existentielle

Si souvent engoncée 

Dans ce costume 

Que j’appelle 

« Moi »


Adamante Donsimoni 

12 janvier 2025 ©sacem