Comme un
typhon surgissant de la brume, j’ai vu se dessiner la silhouette d’un Djinn,
mais il n’y avait pas de lampe à huile. Voilà que les codes étaient
bouleversés. Un génie sorti de nulle part, glorifiait l’inconsistance d’une
vapeur plus floue que la divinité même. Ce génie pied de nez à la tradition,
grand désorganisateur de la création, tourbillonnant sur lui-même comme pour
signifier son caractère insaisissable, était l’incarnation de l’inacceptable.
Que de remous, que de
remugles s’agitèrent alors au sein des croyances jusqu’ici si bien bordées
d’assurances et de lois, accordées sur la note cristalline de la transcendance
paternelle si rassurante. Alléluia !
Quel
désarroi ! Même marcher sur la tête me semblait plus plausible face à
cette irruption à peine définie,
issue de cette vapeur insoumise, bafouant tous les repères jusque-là glorifiés.
Le vide, j’étais face au vide et je perdais pied devant ce néant à peine
esquissé. Mon cœur s’embrasa soudain. Le foyer nourrit par cette démonstration
insurrectionnelle assécha tout ce qui en moi comptait d’humidité. Je vivais la
combustion spontanée de mes certitudes qu’aucune branche, croisée lors de cette
ascension irrépressible de mon esprit troublé, ne pouvait arrêter. J’avais
largué les amarres, la terre s’éloignait de mes pieds, je connaissais le vertige
des altitudes. J’étais réduite au feu du mysticisme libertaire, dérivant dans
l’entre deux d’un monde inexistant.
Adamante
Donsimoni (sacem)