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03/02/2021

L’oiseau messager

 

C'est lui, juillet 2019, devant la maison à 2 pas de moi. Un très jeune rouge-gorge.
Merci l'oiseau.


Je n'avais pas encore témoigné publiquement de certaines expériences, il est un moment pour le faire, c'est maintenant.

 

   Aujourd’hui j’ai envie de vous raconter une histoire que j’ai réellement vécue, une anecdote diraient certains, celle de l’oiseau messager, un jeune rouge-gorge pour être précise.

   Un matin d’été, j’étais assise sur les marches, devant la maison, je n’avais pas le moral. Soudain il est apparu, il s’est approché de moi, si près que j’aurais pu le toucher. Il me regardait de son petit œil vif, si confiant que j’en oubliais mon tracas du jour, une affaire qui me faisait soucis, et qui depuis s’est réglée sans heurt. Il semblait me dire : « Aie confiance, je suis là ». Alors mon esprit troublé s’apaisa, mon cœur s’ouvrit.

   Adieu tourment, je lui ai souri, je lui ai parlé, je l’ai remercié de me rendre ma joie. Lorsqu’il s’est envolé, il m’a abandonné une plume. Je l’ai ramassée, et le jour-même, je l’ai incluse dans un petit tableau qui est resté à la campagne, sur une étagère du séjour. 

   Durant trois jours je l’ai vu dans le jardin. Il m’accompagnait quand je sortais, il n’était jamais très loin, il m’observait. 

   Le lendemain, dans l’après-midi alors que je prenais le frais, assise sur le banc, sous les forsythias, il est même venu piquer un ver de terre entre mes pieds. Ce jeune rouge-gorge téméraire m’était vraiment très sympathique. Je l’imaginais déjà installé à demeure dans ce petit territoire de campagne qui me tient à cœur. 

   Le troisième jour, au matin, comme à mon habitude j’étais assise en bout de la table devant mon café, juste en face de la porte d’entrée grande ouverte, il est venu. Je pouvais voir jusqu’au fond de mon petit domaine au travers de la seconde porte grillagée de vert dissuadant nos chats de sortir et les autres de rentrer. 

   Il a battu des ailes quelques instants à la manière d’un Colibri devant cette grille qui nous séparait. Il me fixait tout en voletant sur place, comme s’il voulait me dire quelque chose. Quel étonnement de voir ce si petit oiseau se comporter ainsi, j’en étais bouleversée. Je le sais à présent, il était venu me faire ses adieux.  Ce fut la dernière fois que je le vis. 

   Très souvent je pense à lui, je me demande ce qu’il est devenu. 

 Lorsque je me remémore cette histoire, je me dis qu’il m’a transmis un message essentiel que je pourrais traduire par : « Aie confiance, tu n’es jamais seule ». 

 C’est vrai, lorsque nous prenons conscience de la dimension profonde du cœur, nous ne sommes jamais seuls.


Adamante Donsimoni ©sacem





Acrylique sur papier froissé et la plume du jeune rouge-gorge

31/01/2021

Regardez, il danse !

 

Photo Adamante - près de Chantemille -Creuse-




Je l’ai croisé un jour d’été. Elfe ou Farfadet ? Il m’est apparu au travers du feuillage l’arbre en forme d’arc-en-ciel. En le voyant ainsi incliné, je me suis dit : il danse


que salue-t-il donc

l’esprit discret du feuillage

le printemps qui vient ?


Tout s’efface et s’enfuit, les vieux arbres ne sont pas éternels. Les ans ont marqué son écorce comme les rides le visage


que raconte-t-il

l’esprit qui vit dans l’arbre ?

le rien, sans mot


Si le vent porte longtemps la voix des enchanteurs, un pincement discret, cicatrice d’un passé heureux si vite disparu, serre le cœur quand on les écoute. Nous avons tant de points communs


l’esprit de l’arbre

chante sa chanson muette

au vent qui passe


il s’incline doucement

la terre et le ciel scintillent.

  

Adamante Donsimoni © Sacem


24/01/2021

Tableau champêtre

 

Photo Nathalie Guillon-Manaud© -scène d'hiver en creuse-





Quand l’herbe se raréfie, que le givre craque sous les sabots, le foin s’invite au pré. L’image est idyllique.


quelques bêlements-

succulence d’herbe sèche

la joie du troupeau


Les arbres se floutent. Cette petite coquetterie masque l’absence des feuilles. Quelle joie que de marcher dans cette campagne tissée d’éternité. 


Jean-François Millet

aurait aimé la Creuse,

la douceur du lieu


Les brebis sereines regroupées autour de la mangeoire, quel tableau ! Tandis que les unes, l’œil mi-clos de plaisir, mastiquent ce foin à la fois nourriture et litière, d’autres repues s’y reposent. Quelques curieuses fixent l’objectif venu dérober leur image


épaisse toison

manteau gainé de suint

défaite du froid.


Adamante Donsimoni ©sacem

21 janvier 2021


L'Herbier de Poésies Page 169

19/01/2021

Solitude

 


Première neige - Adamante Donsimoni





Craque la neige…

À chaque pas

Le souvenir

Un rire

Une parole

Quelques mots

D’enfance

 

Un oiseau chante :

« Souviens-toi ! »

  

Oui

Je me souviens

Bien plus encore, l’oiseau

Je vis l’absence en compagnie

Il est là

Frissons de joie glacée

N’est-ce pas son pas 

Qui fait écho au mien ?

C’est lui

Chantent les arbres rutilants

Reflets argents

Sous le ciel gris


Accroche cœur de lumière

Sur mon cœur orphelin

Sur l’horizon 

Il est inscrit


Bientôt nous serons réunis

Déjà ensemble

Sur ce chemin d’hiver

Tant de fois parcouru.


©Adamante Donsimoni (sacem)

13 janvier 2021




"la tendresse" huile/toile 46x38 - 2010 Adamante








01/01/2021

Vœux et Dragon du Soleil

 





   J’ai croisé le dragon du Soleil, celui qui garde la lumière d’or en son cœur. Le soleil est sa raison d’être, la lumière son sacerdoce. 

   Dans les brumes matinales, et bien que dissimulé par les volutes laiteuses montant à l’assaut de l’océan du ciel, il m’est apparu, couronné d’un faisceau de rayons blancs. Un clin d’œil de la nature à mon âme rêveuse, sans doute. Tout en lui exprimait la prestance et la noblesse, l’humilité et la sagesse, ce qui est l’apanage des grands. 

  Un œuf de lumière sous chaque patte avant, il veillait. Quelle divine couveuse ! Esprit de l’espace infini, grand ordonnateur de la pensée humaine, c’est ainsi que je m’en souviens. 

   Il me semblait rêver la naissance d’un avenir rayonnant. Je crus percevoir le chemin que dessinaient ses pensées, un sentier sinueux longeant tranquillement nos abîmes humains, la voie d’une avancée sans crainte animée de la certitude qui habite les justes. 

   J’ai compris que demain ne pouvait appartenir à la vitesse mais au discernement, à la paix dans le sac à dos, à la marche lente et régulière des faiseurs de rien qui accompagnent le temps dans sa dimension d’instant éternel. 

 « Je reçois et j’accueille, alors ce qui est plomb se transforme en or. » 

   Ai-je rêvé ces mots lorsqu’il posa son regard sur moi ? 

   Que de douceur, que de tendresse il y avait dans ce regard. Je ne sais combien de temps dura cet échange, je m’étais oubliée. Lorsque je repris mes esprits, mes troubles m’avaient quitté, plus aucune peur, plus aucun regret, je venais de naître. 

   J’aimerais aujourd’hui, suivant son enseignement, œuvrer pour un monde harmonieux d’ombre sans ténèbres et de lumière sans brûlure. 

Cela est possible, je le sais, il ne faut pas désespérer.


Adamante Donsimoni © sacem

21/12/2020

Le violoniste absent

 

Marc Chagall | Autour d'elle 1945 - Huile sur toile 131 x 109,5 cm 
Inscriptions :S.D.B.DR. : Chagall / Marc 1945 Don de l'artiste, 1953. - D.R. -

D'autres œuvres du peintre ICI 


Ce tableau a été peint après la mort de son épouse qui était aussi son modèle.

 

 

Le violoniste absent


 

Le violoniste est absent

Mais quelque part

Peut-être

Perdu dans le bleu

Dans une maison

Sous globe éclairé lune

J’entends pleurer l’archet

Des notes s’envolent 

Par deux 

Couple amoureux


Elle 

Porte un long voile blanc

Il s’élève 

Vers les buissons du ciel

Arc-en-ciel délavé 

Larmes de neige

Le froid

Nouvelle demeure

De l’Aimée


Lui

Porte le bleu

Bleu solitude

Bleu cœur orphelin

Sa bouche s’ouvre vers le ciel

Cri atone

Déchirant la nuit

Bleue

Comme son âme blessée


Là-haut

Au-dessus des Hommes

Un oiseau porte flamme

Jaune

Comme la lune

Comme l’étoile

Aux piques acérées

De l’exclusion et des pogroms


Deux notes

Sur la partition de l’amour

Inséparables 

Séparés


La toile est un porte peine

Illustré couleur de larmes 

Les brosses 

Devant le chevalet

Attendent le prochain sanglot.


Chaque jour est un jour d’adieu.


Adamante Donsimoni ©sacem

Samedi 19 décembre 2020 

 

 Et si vous aimez la musique contemporaine CLIC 


L'HERBIER DE POÉSIES

 

07/12/2020

Bleu, bleu, bleu, le ciel de Mir

 

oiseaux-et-insectes-c-successio-miro-adagp-paris-2018
photo-the-albertina-museum-vienne-the-batliner-collection.DR



Bleu le ciel de Miro. Ses nuages s’enchantent, s’élucubrent facétieux, dans les nuées de son imaginaire. 


Le cri d’un oiseau

jaillit. La boite à malice

vient juste d’ouvrir


Nous voilà en maraude dans l’espace où un oiseau femelle débride sa libido dans les nuages. Tête en capilotade, les faux bourdons se précipitent vers cette reine énamourée.


folie de nature

le printemps s’habille en bleu

quelle débandade !


Fantasmes et chimères, fantaisies in vitro s’ébattent. L’amour a des images à vous chambouler le réel, - si tant est que vous le connaissiez -.


ce que vous croiyez

est parti en biberine*

loi des origines.


Adamante Donsimoni (©sacem)



*Partir en vrille, en déconfiture




20/11/2020

Le Fou et la Vénus

enregistrement Adamante


 

Le fou et la vénus de Baudelaire.

 

  Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l'œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour.

   L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit ; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.

   On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre comme des fumées.

   Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé.

   Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l'Ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle Déesse.

   Et ses yeux disent : - "Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux.

   Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire !"

   Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.


 

16/11/2020

Rêves ambulants



Tandis que les vagues, accordées au ballet ancestral et incessant de l’océan, viennent lécher le rivage, sur la plage de drôles de choses se déplacent.


Ils crapahutent

de leurs centaines de pattes

nos rêves ambulants


Le vent joue dans les voilures des créatures, ces vaisseaux fabuleux qui progressent, les pattes dans l’écume, sont la concrétisation d’un rêve fou grisé de vent.


Expression d’enfance

les bêtes surnaturelles

égaient la plage


La fascination accompagne chaque cliquetis de ces rotules agitées. On jurerait qu’à tout instant l’équilibre va se rompre, mais contre toute attente il perdure.


Sur le fil du rasoir

elles ondulent les chenilles -

la fascination. 

 

©Adamante Donsimoni


Sur les créations de Théo Jansen 



 L'herbier de poésies






09/11/2020

Partition blanche

 

Franz Marc



Partition blanche


 

Il dort

Il se confond à l’herbe

Au soleil

Il dort

Il rêve


La Terre semble bercer ses désirs

De chevauchées débridées

En joie et couleurs

La paix arc-en-ciel

Irradie de ces paysages 

Ensemencés de vie


Il rêve

D’un autre comme lui

Qui le rejoindrait

Ils s’enuageraient

Dans la tendresse


La brise leur murmurerait

À l’oreille

Leurs envies de galop

Leur soif de hennir

Jusqu’à l’infini du ciel 

Leurs crinières flottant 

Jusqu’au bord de la lumière

Il seraient ivres de liberté


Il dort


De L’autre côté de son monde

Un peintre l’observe

Il rêve

Il s’identifie à son œuvre

Il est cheval

Assoupi 

Dans une apothéose mystique

Rêveur rêvé

Engendré par le rêve

Il est l’hôte tant espéré

Du rêve de son œuvre


Quelques lignes se déforment

Prémices d’angles interrompant la courbe

La forme s’enfuit

Il faut sortir du cadre

Les pigments explosent

Irradient la toile

Les dimensions s’imbriquent

Formes inextricables

Condamnées à l’étranglement.


S’évader !

Hennir

Hurler

Ne plus entendre ces grondements

Annonciateurs des ténèbres

L’éclat

Il faut l’éclat !


Mais c’est un autre éclat

Bientôt

La main vaincue 

Déposera la brosse

Ce sera

Le grand silence

Du sang versé

Et là

Couché

Toujours rêvant

Le petit cheval 

Continuera de s’ensonger

Dans la lumière

Douce comme un regard 

D’enfant émerveillé

Mais soudain tout change

Je le découvre

Couché sur le flanc

Dormant d’un tout autre sommeil


Est-ce les grondements

Que je crois percevoir

Qui troublent ma vision ?

Je crains le Da capo

De cette partition infernale

Interprétée 

Jusqu’à l’écœurement

Depuis l’aube des temps.


Dehors le vent souffle

Mon rêve

Le rêve de Franz Marc

Ou celui de son petit cheval

Allongé sur le flanc ?


Il dort et se confond à l’herbe…

Mon cœur ouvert s’incline

Partition blanche.


Adamante Donsimoni ©sacem

4 novembre 2020 



L'HERBIER DE POÉSIES