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10/10/2022

Alors, ils dansent

 



Thierry Vezon  "la danse des Fayards"



Dans la brume, au lointain, quelques-uns se tortillent et semblent discuter. Se racontent-ils une histoire de loup ou de bête fantastique, celle du Gévaudan ? Les arbres ont la mémoire des contes et dans cette poix tout paraît possible. Le temps y trace ses parallèles quantiques sur lesquelles, comme sur une portée de musique contemporaine, mon imagination virevolte dans les branches volubiles. 


voici les Cévennes

et dans ce bois de Fayards

les feuilles - humides


Le promeneur de l’imaginaire, s’il a l’oreille de la Terre, en avançant parmi ces troncs lisses et bombés, torturés comme d’énormes lierres, imagine-t-il mettre ses pas dans ceux de l’Homme de Cro-Magnon qui avant lui parcourut le pays ? Rien ne disparaît vraiment à ce que l’on dit au pays des castagnes et du pélardou*.


tintements de brume 

musique du silence

voici l’éveil des fées.



Adamante Donsimoni  

8 octobre 2022 - ©SACEM



*châtaignes et fromage de chèvre


 

Thierry Vezon 

Photographe  indépendant résidant dans le Gard, Thierry Vezon se consacre à la photo de nature depuis 2004. Ses lieux de prédilection sont situés dans le Sud de la France : le Languedoc, la Provence, la Camargue,  les Cévennes. Cependant, il est aussi attiré par le Grand Nord ,l’Arctique, les grands espaces et les atmosphères glacées. Spécialisé dans la photographie de faune et de paysages, il consacre de très longues heures à l’affût, toujours dans le respect de la nature. Il s’est aussi spécialisé dans la photo aérienne. 

 Thierry Vezon Photographe 

D'autres textes sur l''Herbier de poésies 

13/09/2022

L’amour sans attente

 En écoutant tout ce qui se dit et s’écrit sur la toile ou dans les livres, je me fais la réflexion que bien trop souvent la complexification sert à se perdre plutôt qu’à se trouver. La simplicité étant sans aucun doute aussi la chose la plus difficile à atteindre, il se peut que ce soit à cause d’elle que tout cela s’embrouille comme pelote de laine entre les griffes d’un chat. 

Nous souffrons, nous nous débattons entre accusation et culpabilité, entre désir de se parfaire et frustration de ne pas y arriver, de louper la marche de « l’éveil ». Comme cela est lourd, réducteur ! Ce que je crois c’est que sur notre chemin de vie, nous recherchons à combler un manque. Tagore dans son offrande lyrique le disait : 

« C’est l’angoisse de la séparation qui s’épand par tout le monde et donne naissance à des formes sans nombre dans le ciel infini. » 

Séparation, chagrin et peine infinie, oui, c’est le manque qui nous accompagne depuis notre premier souffle, lorsque quittant le milieu du liquide amniotique, nous expérimentons la brûlure de l’air. Depuis cet instant de transition brutale, consciemment ou inconsciemment, nous partons en quête de l’unité perdue tout d’abord à l’extérieur de nous puis, épuisés par nos vaines recherches, progressivement nous prenons conscience que nous devons la chercher en nous, que c’est en nous que réside la réponse à notre attente, en nous que nous attend cet « Immobile de cœur », ainsi que le désignaient les anciens Égyptiens.

L’Immobile de cœur, Dieu, le Grand Esprit, l’Âme originelle, la Source… il est pléthore de noms pour désigner cet éclat qui nous habite.  Toujours est-il que cet éclat est l’incarnation de la paix et de la vacuité, l’intense vibration de l’énergie de l’Amour sans attente.

Je choisis le mot attente plutôt que celui communément utilisé d’attache car il me semble mieux exprimer ce qu’il entend : un amour qui se donne en toute liberté sans nécessité de réciprocité. Ceci n’exclut pas, bien au contraire, l’idée qu’il soit sans attache. Qui n’attend pas ne réclame ni ne crée aucune attache et s’en trouve libre lui-même. Et parce que l’amour est là un état d’être plutôt qu’un sentiment lié à une émotion, il dépasse la particularité pour vibrer dans l’universalité, il englobe et baigne sans restriction. 

En nous donc est ce mystère, ce havre dans lequel nous pouvons nous réfugier pour accueillir, conscientiser et embrasser, sans juger, sans rejeter, avec bienveillance et respect les moindres faits positifs ou négatifs de notre quotidien, nos idées « marche arrière », nos culpabilités, nos rancœurs... 

Le reflet de nous-mêmes dans ce miroir du cœur est un reflet lumineux et sans tache. 

Il me semble donc indispensable de « rassurer l’enfant malade » plutôt que de le punir, et de lui offrir ainsi la possibilité de s’apaiser, c’est à cette condition que nous pouvons obtenir d’avoir l’esprit libre, de connaître le repos et la paix. Car l’Immobile de cœur qui réside en nous, c’est la vie qui palpite à chaque instant, la perfection primordiale, et je le redis, ainsi que je le disais dans mon livre Romano, les lettres à Grand-père* : 

 

« Ce qu’il y a de plus beau dans la vie, c’est la vie. »

 

Adamante Donsimoni ©sacem

Mes petites pensées du quotidien.


Cette pensée est la base de mon enseignement au travers des ateliers que j'anime, ce retour à soi, au respect de soi, à la confiance.

 * Ce livre est toujours disponible auprès de moi.

 

05/09/2022

Jupes d’eau et de lumière

Fontaines de ballerine conçues par l'artiste Malgorzata Chodakowska en Pologne

 



Elles dansent dans la nuit qui recouvre la ville. Sur la place, ici, avant qu’elle ne soit place, dans ce qui était alors des forêts, vivaient des fées des bois. Voici venue l’ère des fées de fontaine. Vénus d’or habillées de rêves citadins, éblouissants miroirs pour conjurer l’oubli.  


déesses de la rue

jupes d’eau et de lumière-

un clapotis


Bras tendus vers le ciel sombre criblé des étoiles artificielles des immeubles, le regard en terre, ces sylphides métalliques sont l’évocation d’une nature confisquée. Que sont devenues les fées qui habitaient ici les forêts et les lacs, avant l’invasion des pelleteuses et des marteaux piqueurs ?


danseuses figées nues

cascades ruisselantes-

que de nostalgie


ici la main de l’artiste

réinvente la Nature.

 

Adamante Donsimoni ©sacem

 

Une vidéo de Malgorzata Chodakowska sur sa chaîne youTube

22/07/2022

Derrière la brume


La brume partout
Ici, dedans : le vide
Étrange vide
Il ne manque rien
Tout est toujours à sa place
Mais... absent
La brume
Le vide

La fenêtre
Cœur béant
S'ouvre sur un ciel
Gris sale
Tout est si lourd
L’humidité est étouffante

Quelque part dans Paris
Dans le froid d'un bloc opératoire
À l'instant où j'écris
Une poitrine s'offre au scalpel
Des doigts experts reprisent un cœur-
Ton cœur-
Comme le mien est lourd !

Qu’y a-t-il derrière la brume ?
Des chairs à vif
Un sang détourné
Un sommeil sans rêve
Battu d'anesthésiant
Une absence programmée
Et un si long temps d’attente

Traverseras-tu la brume
Pour me revenir ?

« Tout est à sa juste place »
M’a confié le sage de ma vision
Mais où donc est-elle
La juste place ?

Je n’en sais rien
Je ne sais rien
Sauf que
Je t'attends

Derrière la brume
Je t'attends.


Adamante Donsimoni©sacem
22 juillet 2022



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10/07/2022

Le chant nostalgique

 

 

 

L'abbaye dans une forêt de chênes et le Moine au bord de la mer de Caspar David Friedrich.


Avec en fond le chant nostalgique de la mer, les ruines de l'Abbaye gémissent dans le vent, concert de branches dénudées et de vieilles pierres. Les quelques arbres souffreteux, torturés, gardiens d'un passé révolu, expriment la désolation des paysages maudits 

 

l'espace grignote
la vielle grille inutile-
la porte du vide


Quelques herbes rachitiques s'agrippent au sable. Ces lamentables touffes brûlées de sel de mer sont increvables, ici on s'accroche ou bien l'on meurt, il n'y a pas de demi-mesure


un moine égaré
un pénitent sans nul doute
erre, la bure au vent

le ciel sale du crépuscule
crache son ultime lumière.


Adamante Donsimoni
10 juillet 2022
sur les toiles L'abbaye dans une forêt de chênes et le Moine au bord de la mer de Caspar David Friedrich.
 

 

L'HERBIER DE POÉSIES

27/06/2022


Photo ©Adamante Donsimoni



 

Le chat de la lézarde



Le chat s’est faufilé par une lézarde du mur de la maison de retraite. 


je le vois de dos

il observe le jardin

caché à mes yeux


Derrière ce mur vieillissant sous l’effet des intempéries, d’autres se lézardent, sans bruit, isolés du monde, privés de vie, effacés aux regards. Il est de bon ton dans notre société de masquer ceux qui dérangent.


un monde sans vieux 

le doux rêve du jeunisme 

illusion des murs


Mais la mort, face cachée de la vie, se moque de la peur, aucun mur n’y peut rien. Le temps, l’usure lui ramènera, à leur tour, ceux qui la fuient. 


première ride

prémisse d'un adieu

un sillon de tendresse


on peut lire sur un visage

le grand art de la vie.

 


Adamante Donsimoni

24 juin 2022 ©sacem

Herbier de poésies 




24/04/2022

L’éléphant des nuages

 

La colline monte à l’assaut du ciel, accroche ses fleurs, ses herbes, ses buissons aux nuages qu’un arbre à l’agonie, esseulé tout là-haut, semble implorer


l’eau a reflué

la terre la lui a ravi

vaine fut la lutte


Un nuage éléphant se rit de ses prières, il suit les courants de l’espace vers d’autres contrées éloignées, d’ici là il aura changé d’aspect et le ciel, ici, sera redevenu d’un bleu d’une froideur absolue, sans la moindre trace de brume


tout s’en fuit un jour

tout se ruine et se dessèche

sous la loi du temps


un instant pour babiller

un autre pour disparaître.


Adamante Donsimoni ©sacem

23 avril 2022



photo Marine Dussarat 
pour la page 197 de l'Herbier de poésie

18/04/2022

Derrière le dragon

 


Photo adamante




Derrière le dragon 

un arbre s’est élancé 

vers le ciel


Une fenêtre se reflète sur une vitre, là un arbre de vie se dessine, un ciel se réplique, deux réalités se croisent. Deux que je vois, que j’aperçois


souvenir brodé

du napalm, sur un carré

de soie… le Vietnam


Quelque part dans la brume invisible de mes souvenirs, j’entends l’écho des bombes défoliantes… une réalité si vite oubliée. Et voilà que les assassins d’alors condamnent ceux d’aujourd’hui. 


folie meurtrière

au nom d’un dieu : le profit

Le même intérêt


L’avidité empoisonne la vie des peuples. Qui livre les armes aurait-il les mains propres ?  Et du côté des peuples, je me demande : certains martyrs le seraient-ils plus que d’autres parce qu’ils nous ressemblent ? 


L’hydre à quelques têtes

pense la mort en milliards

et le peuple  en sang.

 


Adamante Donsimoni © sacem


L'herbier de poésies 


27/03/2022

Les pieds du silence


Doris Salcedo  Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago - détail




Qui se souvient des pieds qui un jour ont dansé au temps de la joie de vivre ? Voilà que les chaussons s’exposent en souvenir de femmes oubliées, que la terre, quelque part, n’a pas encore toutes rendues.


les pieds du silence-

quelques notes envolées

un peu de poussière


La violence n’a pas de pays, la haine pas de frontière, et le germe du crime est toujours enduré dans le désir de domination, d’appropriation. Il est si facile d’écraser, de contraindre, de mépriser, lorsque l’on se sent fort…


gros nuages noirs

l’avidité est une pluie

acide


Le féminin sacré, si souvent éhonté, bafoué, violé est un hymne à la vie, une ode à la résistance, un exemple de résilience et de combat. C’est cela le corps des femmes, un temple profané, mais à chaque pas de l’Être, à chaque chausson vide, l’inéluctable avancée.


toute liberté

-le sang des peuples trahis-

croît sur des charniers.



Adamante Donsimoni ©sacem



D'autres textes -  ICI l'Herbier de poésies



 L'histoire


Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.

Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.
Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.






Par paires, dépareillées, ou orphelines, ces chaussures témoignent avec force de ces crimes.
Salcedo a choisi de présenter des chaussures typiquement féminines, pour bien rappeler au public que les femmes n'ont pas été épargnées par le conflit.





Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste  transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.

“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique.  Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”


 








10/03/2022

Le Pont de Comencau

 


 

On a chanté le pont de Nantes et la Loire majestueuse, nous chanterons le pont de Comencau et l'Aveyron que domine le château de Cayla. Une enjambée singulière, dessus les eaux cascadant joyeusement vers le Tarn pour rejoindre l'Océan, que toutes les rivières et les fleuves convoitent.  
 
Un irrésistible voyage
le goût du sel, du vent
et des voiles
 
Le vieux pont immobile la regarde danser cette eau prise d'impatience. Le paysage est à rêver quand les buissons du printemps explosent le blanc de leurs fleurs, dont le parfum grimpe jusqu'aux pierres resplendissantes du château, au coucher du soleil.
 
Un petit éclat
un souvenir de l'Eden
pour l'âme en exil
 
où, sur cette terre sacrée
elle peut contempler la lumière.

 
Adamante Donsimoni

8 mars 2022 ©SACEM


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