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08/12/2014

L'horizon

L’horizon ? une vague de croupes et de phallus d’immeubles dressés sur l’infini. Ce mur interdit, verrouille les nuages et toute idée de fuite. C’est lourd, poisseux comme un poulet en cocotte cuit au beurre sur la gazinière graisseuse d’une cuisine jaunâtre au fond d’un logement miteux d’un immeuble délabré.
Quelque part, aux pieds de cet entremêlement de gris, teint béton, et d’arbustes souffreteux, des voies rampent sur le sol où des cafards pressés, tout de tôles et de roues, crachent leurs particules fines dans le brouillard. Et ce n’est pas quelques lumières anémiques plantées là par Noël dans cette banlieue ignorée des fêtes qui vont enchanter la nuit.

À l’encoignure d’une porte, multipliés par la voracité insatiable du système, des hommes et des femmes murés de dénuement tendent sans conviction leur main blasée à des passants aveugles. Le monde marchand les a vomis un jour, sur le bord d’un trottoir, fatalité.
Le sol est froid aux membres engourdis, le sang pâlit dans les veines corrompues. Demain n’a aucun sens, pas même l’instant futur qui vient s’additionner sans surprise à celui d’avant, aussi froid, aussi éteint.

Et pourtant, au travers de ce gris, au travers de la brume, par le rythme régulier encore d’un organe qui pulse son sang dans cet édifice de chairs lasses, bien caché, quasi invisible, se terre l’espoir. Sentiment insensé, racine de vie indurée qui, jusqu’à l’instant ultime de l’épuisement fatal où elle rompt, puise la moindre force dans ce désert pour maintenir l’édifice humain tendu vers ce rêve confisqué de soleil et de rires. Rêve qui tout au fond de lui, étonnamment, comme un arbre torturé de tempête, se refuse obstinément à mourir.

©Adamante Sacem

5 commentaires:

  1. Ah oui un super bel écrit m'dame... pour une vie moins belle, ceux qui restent en arrière....

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  2. Garder l'espoir... malgré tout.
    Nous sommes tous des arbres, et, comme eux, nous n'avons pas tous les mêmes chances, hélas !
    Ton écrit est magnifique, comme toujours.
    Passe une douce journée Adamante.

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  3. Terrible réalité que tu décris si bien.

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  4. Un espoir comme une planche de salut , un texte qui réchauffe, merci.

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  5. Comme tu as raison et comme tu le dis bien!
    Voilà bien pourquoi nous avons pris nos cliques et nos claques pour aller vivre en Afrique... Et nous repartirons j'espère bientôt pour d'autres cieux et surtout une belle Nature!
    Merci pour ton com chez moi, tu as adorable!
    Bises et belle journée, Adamante!

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