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03/02/2025

La sylphide des bois

 

Photo adamante



La sylphide des bois


Je marchais vers le soir dans les bois près de la maison. Le soleil, généreux durant le jour, tardait à se retirer, il dardait ses derniers rayons au travers de la futaie. C’est alors que je l’aperçus.

Comme ensorcelée, encore inconsciente de ma présence, elle semblait interpréter une danse rituelle, c’était comme si elle s’enroulait dans les derniers reflets de l’astre finissant. Je retenais mon souffle.

Ses voiles étaient de feu, elle ne les ôtait pas, elle en revêtait sa nudité. Je ne voyais là nul besoin de séduire, juste le désir d’honorer qui rayonnait au travers de la délicatesse de ses mouvements. Sous chacun de ses pas, la terre irradiait, l’instant était à la grâce. La moindre mousse, la moindre feuille, le moindre pépiement, il n’était pas jusqu’au silence qui ne participait au sacre de la lumière.

Dans ce bois où commençaient à se faufiler quelques ombres, tout me parut soudain illuminé. J’étais sous le charme. Comme j’avais envie de la rejoindre, de me mêler à la cérémonie glorifiant cette fin du jour !

N’étant pas de la forêt, je résistais de toute mon âme à la force qui me poussait à franchir cette barrière entre nos deux mondes. Je savais bien que ma place était ailleurs, qu’ici je n’étais qu’une intruse, mais j’étais comme hypnotisée, je ne m’appartenais plus.

J’esquissais un pas, une brindille craqua et la belle m’apercevant disparut.


un rideau se tire
un rideau se referme -
c’est déjà la nuit.

Adamante Donsimoni
27 janvier 2
025 ©sacem


D'autres textes sur l'image ici HERBIER DE POESIES






20/01/2025

Enfant de la balle

Récréanote Adamante


Enfant de la balle



Dans ce petit théâtre parisien, les murmures de la salle, atténués par le lourd rideau fermé de la scène, arrivent jusqu’aux coulisses. Qui sera là ce soir ? 

Une petite blondinette, cœur battant et nœud à l’estomac, observe en toute discrétion les visages des spectateurs venus soutenir la jeune troupe de théâtre. Les siens seront-ils présents ce soir ou lui enverront-ils comme de coutume cet énorme bouquet de fleurs qu’on lui remettra à la fin du spectacle pour lui témoigner de leur attention ? 

C’est leur façon à eux, toujours si éloignés, toujours si pris par leur métier, de lui dire je t’aime. Elle le sait, ce soir encore ils seront absents. C’est si loin les États Unis... 

Ô s’ils savaient comme elle l’espère ce miracle, comme elle en rêve de cette surprise qu’ils pourraient lui faire ! Sauront-ils jamais à quel point ces bouquets lui font mal, et qu’en elle, à chaque fois, quelque chose se déchire dans sa poitrine lorsqu’elle tend les bras pour les recevoir sous le regard envieux de quelques membres de la troupe. Elle est tellement gâtée ! 


cœur dans une fleur

mais la chaleur d’un baiser-

parfum volatil


Adamante Donsimoni - 15 janvier 2025 

©sacem

 

Un souvenir de prof de théâtre & de metteur en scène, ce n'était pas une petite fille ... 


L'Herbier de Poésies sur cette image 



 

16/01/2025

Pinarello

 

    Ce matin-là, sur la plage, le silence interprétait le chant ininterrompu des vagues, et sur la portée, comme autant de croches, le bruissement de mes pas sous les eucalyptus dégageait un parfum sensuel dans lequel le corps vibrait comme une corde sous l’archet.

    La cabane de bois, phare du rivage de l’été, était fermée.   

    Le sable se gorgeait de soleil, libre de la foule des touristes encore prisonnière du béton et de la grisaille. 

    La paix, la vie s’exprimaient dans la simplicité des souffles croisés de la terre et de l’eau. Le vent musardait au travers des touffes d’herbes sèches, tiges souffreteuses et odorantes accrochées aux monticules arides flanquant les abords du rivage.

    Les pieds brûlants, le regard posé sur le lointain, ma jeunesse libérait la voile de ses rêves d’indépendance sur l’horizon indéfini, entre le bleu du ciel et celui de la mer, à la conjonction brumeuse de l’air et de l’eau. 

    Abandonnée aux éléments, par la moindre des cellules de mon corps, je vivais la fête de la dilatation de mon Être.


Adamante Donsimoni

Plage de Pinarello ou Pinarellu ( haute Corse)

3 novembre 2021 

©sacem

Pour le Nid des mots A.B.C.

13/01/2025

Ce fini indéfini du nuage


Une matinée de brume 

Au parfum de Noël

Ce goût de nostalgie 

D’un univers opaque

D’où fusent quelques lumières


Ces révélations-là

Sont celles de l’amour

De la confiance

De l’abandon

Un berceau où l’être

En son entier

Se détend

N’attend rien

Comblé par la moindre dilatation

De l’espace


C’est comme un retour à la source

Sans débordement

Il est si naturel 

De se laisser glisser

De se déposer

De se vivre soi -

Sans crainte de son propre jugement 

Si contraignant, si limitant


Ce que je suis

Ce n’est pas cette forme

Ce visage 

Dans lesquels je disparais

Non 

Ce que je suis

C’est cette respiration

Ce fini indéfini du nuage

Cette vibration de la cellule première

Répliquée en des milliards d’autres

Palpitant en symbiose

Pour expérimenter le vivant


Message d’une brume matinale 

Au parfum de Noël

À cette brume existentielle

Si souvent engoncée 

Dans ce costume 

Que j’appelle 

« Moi »


Adamante Donsimoni 

12 janvier 2025 ©sacem


02/01/2025

Se détacher pour mieux aimer


La coutume trop souvent

prend le pas sur le cœur

On s’aligne

on suit les rails bien tracés

dont nos pieds ont gardé la mémoire.

Mais rien ne fuse.

La lumière est absente.

La forme a pris le pas sur le fond.

Le rituel s’est fait dogme.

La foi est devenue croyance.

Le geste a oublié la respiration.


L’oiseau en cage vénère

les barreaux vernis de sa prison.

-L’or mystifié rutile-

Devant son miroir aux alouettes

il se pense géant

mais se morfond d’ennui

devant une porte ouverte.

Il a perdu ailes et confiance.

La peur a éteint ses couleurs

et englouti tous ses désirs.


Il suit...

C’est tout ce qu’il peut faire.



L’oiseau sauvage contemple les espaces.

Il se sent si petit.

Son cœur vibre d’une solitude pleine.

Les murmures des vents

lui racontent la vie.

Il s’envole et poursuit

un rayon de lumière

puis disparaît à l’horizon

dans l’indicible océan de l’amour

son regard baigné de larmes

son âme broyée de tendresse.


Telle est sa vie :

Savoir partir

se détacher pour mieux aimer.



Adamante Donsimoni

1er janvier 2025 - © sacem




29/12/2024

Un océan de gratitude

 

🍀 Une invitation à faire le dos rond pour ne pas céder au désenchantement, car ne l'oublions pas : rien ne dure jamais🍀 

 

Belle fin d'année à vous qui ici me lisez. 

       🍀

      🍀  🍀  🍀

        🍀  

        Pace e salute. 


 












 

J’ai là

au centre de ma poitrine

un océan de gratitude.


J’ai dépassé la menace

des ombres

le miroir déformant où

je me trouvais laide.


La plage qui m’accueille

reçoit à chaque vague

l’écume nitescente

de l’amour.


Elle murmure

chante

exalte ses notes

de lumière-

les mots limpides

de la paix.


Plus que le calme

après la tempête

je réalise le soupir

du vaisseau éreinté

-s’extirpant sain et sauf

de la tourmente-

devenu plus beau

plus fort

plus confiant.


Un silence d’or ce

matin baigne le rivage-

quelque part en moi

un diamant palpite et rayonne

au travers de sa gangue.


La joie prégnante est l’affaire du cœur.


Qu’y a-t-il à attendre ?

La richesse est une plénitude de

ce vide qui engendre toute vie.


Me voici née une énième fois.



Adamante Donsimoni

29 décembre 2024 ©sacem



 

23/12/2024

Vertige chamanique

 


Vertige chamanique

 

Il arrive parfois que, sans le moindre signe annonciateur, l’on pénètre au-delà de l’habituel comme cela m’est arrivé ce matin là. Trouble et surprise se mêlent alors quand, l’espace d’un instant, s’entrouvrent les portes d’un monde insoupçonné jouxtant le nôtre.

C’est comme un rayon de lumière qui traverserait la nuit pour nous révéler un univers habituellement enclin à se cacher.

Délire d’idéalistes se gaussent les défenseurs du rationnel. Est-ce pour se préserver ? Ce monde se refuse aux pragmatiques pour s’offrir aux insouciants qui rêvassent le nez en l’air, mais... 


comme tout est lourd

blanc jaune et vert en fusion 

et le rouge du sang


Au travers de cette porte, le petit peuple des grands espaces s’était soudain dévoilé à moi au travers des plis d’un papier d’emballage froissé. Ce fut une révélation.

J’eu soudain le regard jonché d’herbes, et mes yeux, tout humides des embruns d’une source qui murmurait à l’oreille de mon rêve sa chanson d’amour pour la terre, me déposèrent ébahie sur une plage où mon humanité se sublimait.

Je découvrais des visages, des silhouettes d’une nature foisonnante animée d’une folle envie de vivre et de s’aimer. Que de murmures s’échangeaient là, que de bouche à oreille dont je ne pouvais hélas pénétrer les arcanes. Ma capacité est hélas bien trop humaine pour que je puisse capter ces finesses que mon cœur ressentait. Mais mon esprit, libéré des inconséquences terriennes, se mit à galoper à travers les grands espaces de l’espoir où un chaman de Mongolie frappant sur son tambour saluait Géronimo* nous rappelant que Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l’argent ne se mange pas.”


vertige chamanique 

exaltation des formes- 

abysses de papier



*Go Khla Yeh, en langue apache “Celui qui bâille” - dit Géronimo (1829/1909) 

chaman et guerrier apache

 

Adamante Donsimoni 

16 décembre 2024 ©sacem


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