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09/10/2023

J'ai fini de me taire


Je ne me tairai plus

Je revendiquerai ma folie

Ma soif de lumière

Et mon désir de paix


Je révèlerai ma force d’âme

À moi-même

Et au monde


Je dévoilerai qui je suis

Ma nudité première

Ancrée dans cette vie

En forme, en vibration


Le temps n’est plus à s’effacer

À se laisser effacer

À se voiler

À fuir sa propre réalité

« Je suis ce que je suis »

Je suis

Ce moi profond, le Soi

Révélé à moi-même et

Désormais assumé


NON !


Je ne me tairai plus

Je réaliserai ma vie

Libre de la peur

Il n’y a rien à perdre à se réaliser

Et plus aucune gomme 

Jamais

Ne pourra effacer

Qui je suis

Dans la lumière.


Adamante Donsimoni 

©sacem-musicstart

9 octobre 2023


 

09/05/2023

Soirée au salon de musique





    Dès l’arrivée nous comprenons, en acquittant notre droit d’entrée, que nous sommes bien plus qu’un public venu écouter un concert. 

    La vieille et belle bâtisse nous enveloppe de sourires. La bienvenue se dit là dans la vibration du lieu. Passée la porte, c’est la joie, nous devenons des convives de marque, nous pénétrons un univers parallèle où le passé nous accueille, débarrassé de la poussière et des codes surannés accompagnant notre imaginaire des salons d’autrefois. 

Ici, c’est l’âme de la musique qui nous embrasse, le plaisir des notes offertes à des jardins intérieurs assoiffés d’écoute. 

    Après avoir bu les meilleurs millésimes, dont l’interprétation vous met les larmes aux yeux, millésimes offerts ce soir par le piano et la flûte, quand le cœur se dilate, comme il est bon de goûter ces intermèdes de silence durant lesquels tout s’apaise afin de nous offrir de poursuivre le voyage vers d’autres émotions, d’autres plages de couleurs. 

L’âme a besoin de musique pour ne pas se dessécher, pour retrouver sa toute puissance originelle. 

    Le dernier silence qui précède l’ovation flotte dans le salon comme un parfum de gardénia, ce qui pourrait n’être qu’une fin est de fait un commencement. Nous avons grandi, nous avons acquis cette plénitude de l’Être, cette profondeur qui nous rend meilleurs, et que nous porterons comme un secret induré dans la chair. Je n’en doute pas, nos cellules ont besoin de cette nourriture qui est du domaine de l’air, du prégnant.         Quelle merveille que ce que nous sommes ! 

    Après cette dilatation, nous sommes invités à quitter l’étage, à nous enfoncer, marche à marche, dans les effluves appétissantes émanant de la cuisine. L’hôtesse, encore une fois s’est dépassée. Le plaisir plus prosaïque de la table nous attend. Le jeu des échanges reprend, on se congratule, on tente de mettre des mots sur l’indicible, on félicite les artistes. On évacue peut-être ainsi ce qui pourrait bien être un trop plein de Divin. 

    Mais, quand au moment du départ, la voix du piano nous invite à regagner l’étage où se trouve notre hôtesse, nous voici quelques-uns à poursuivre le rêve. Une toute jeune fille, un peu troublée par l’assistance, une débutante virtuose, fait danser ses mains sur le clavier. 

    Soudain, un froid glacial me parcourt. Il me semble avoir remonté le temps, tout semble identique mais je sais, cela est illusion, sous un même aspect, tout est différent.     La maison vibre des sons d’un passé, ils rayonnent à cet instant de ses pierres, l’Esprit du lieu s’exprime. Appuyée contre le chambranle de la porte je suis témoin d’une scène remontant du fond des âges qu’une brèche du temps m’invite à partager. 

    Malgré le froid, malgré le trouble, ce que je vis là est un grand moment d’amour de la vie, la vie dont nous savons si peu de choses, et qui contient tant de merveilles et de mystères. 

    Quand la nuit accompagne mon retour, seule dans ma voiture, je sais poursuivre mon voyage avec le goût d’être d’un monde où chaque instant est une ode à l’accueil et au partage. 

    C’est si simple le bonheur. 


Adamante Donsimoni -©musicstart-sacem -  30 avril 2023 

16/04/2023

Fusion-croix

 





Fusion-croix

 

 

Une cavalière nue avance, fière sur son cheval. Une aura de légende rayonne de cette armure féminine qu’est la peau veloutée d’une pêche gorgée de soleil.

Bondissant au-delà des obstacles, l’écuyère et sa monture franchissent les impossibles dont le chemin des femmes est pavé.  

La Dame n’est pas en quête de liberté, elle en est le symbole.

Je la regarde. Je contemple ce feu nourrit du désespoir et de l’espoir mêlés, annulés dans cette fusion réduisant toute rive. 

Il n’est qu’un seul lieu où puisse fleurir la liberté, au juste milieu de tout antagonismes, au centre même de ce point de jonction où se lèvent et rayonnent, libres, les souffles de la vie.


tout au fond de soi

quand la peur s’en est allée

la paix est victoire


le symbole d’une croix

interpelle le quêteur.


Adamante Donsimoni  - 16 avril 2023  (©Musicstart -sacem-)

 

* Cette cavalière d'Arnaud Bouchet, m'a fait penser à  lady Godivat, belle épouse de Léofric (968-1057), comte de Mercie et seigneur de Coventry qui devînt une légende cent ans après sa mort. 

Cette héroïne a traversé, nue sur son cheval, la ville de  Coventry pour obtenir de son époux de baisser les impôts du peuple. 

 

Plus de détails sur la légende et pour admirer le tableau de John Collier (1898) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Godiva

 

Un autre tableau que je vous partage ici :

Lady GODIVA Par Jules Lefebvre — [1][2], Domaine public
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1659836


 

D'autres textes sur la P. 226 de L'HERBIER DE POÉSIES 





09/04/2023

OPHÉLIE

 


Ophélie


J’ai marché, quittant la ville et son présent pour le parc tant aimé. 

J’ai traversé des horizons ensorcelés jaillissant d’une sculpture de pierre, arrivant en un lieu où le temps, l’âge et l’espace furent soudain abolis.

Il a suffi d’un rayon de soleil, d’un sourire du printemps chevauchant le souffle d’une algue verte balancée de vent, pour que mon âme s’abandonne et que je fasse le voyage.

Une vasque m’a accueillie, rayonnante devant son rideau de lierre. Le doux chant d’Ophélie, se baignant avec les oiseaux, m’arrivait comme une cascade, en éclats lumineux de fraîcheur.  Sa longue chevelure entraînée par les eaux vertes débordant de la vasque tissait un écran irréel derrière lequel une statue drapée de mousse, figée d’éternité, semblait attendre un improbable miracle


elle était si jeune

la petite porteuse d’eau –

Ophélie dormait


le chemin se joue du temps

la romance est éternelle


Adamante Donsimoni - 8 avril 2023 ©musicstart (sacem)




D'autres textes sur l'image ICI
 

La solitude est illusoire

 

Nous ne sommes jamais seuls, 
nous sommes tous reliés, 
il nous suffit d'ouvrir notre cœur
d'accueillir, pour le sentir.

AD




02/04/2023

Les oliviers

 

Huile sur toile : ADAMANTE



Les oliviers



       Provence et langue d’Oc. Dans le grand livre des contes, les « Îles d’Or* » d’un Mistral ensoleillent les bibliothèques. Au mur parfois s’invitent les oliviers. Là, sur le chemin de la couleur, dans les champs du midi grillés sous un ciel tintinnabulant de cigales, le vent raconte, avec l’accent, quelques poèmes, oubliés des Hommes. Mireille rêve… 

    Les pierres, polies sous les pas d’une foultitude de générations, conservent en mémoire la moindre parcelle du temps, le plus infime instant qui fut, le moindre baiser du vent. Réminiscences Homériques**


alors se murmure

à l’oreille ouverte du cœur 

quelque antique secret


la lumière se transmet –

un enseignement sans mot



Adamante Donsimoni - 1er avril 2023



*« Le soleil semble se coucher dans un verre de Tavel aux tons rubis, irisés de topaze. Mais c’est pour mieux se lever dans les cœurs. » 

F. Mistral 


** Mistral est souvent qualifié de « Homère de la Provence »



https://www.geneprovence.com/frederic-mistral-poete-provencal/

https://www.midilibre.fr/2020/04/29/mistral-lame-de-la-provence,8866833.php


Bleu Provence - Salut l'artiste !




D'autres textes sur l'HERBIER DE POÉSIE


La remise des prix (dont les miens) du 31 mars 2023 

de la Société des Poètes Français ici.









 

01/04/2023

Remise des prix de la Société des Poètes Français


La représentante du Président de la République 
a honoré de sa présence cette remise des prix.


J'ai le plaisir de vous présenter ici cette courte vidéo où vous pouvez écouter ce que dit de mes deux ouvrages Madame Flabat-Piot Vice Présidente de la SPF 
et responsable des concours. 
 

Durant la lecture de deux de mes textes  :

- L'ENFANT ET LES CAILLOUX tiré du Faiseur d'Accueil 

et 

- UN JOUR NOUS PARTIRONS tiré de LE TRAIT ENTRE DEUX RIVES 


J'ai eu la chance d'être lauréate du prix Jules Supervielle pour mes deux ouvrages :






- LE FAISEUR D'ACCUEIL & autres contes 
publié chez Panafrika 

et

- LE TRAIT ENTRE DEUX RIVES manuscrit présenté au concours en attente d'Éditeur





Les lauréats 2022






Ce 31 mars fut une journée de très belles rencontres 

et d'écoute de textes de qualité. 



    Un grand merci à la Société des Poètes Français pour le travail remarquable qu'elle fait pour la poésie, merci au jury qui a passé de longues heures à lire et relire afin de faire un choix n'en doutons pas difficile. 
    Merci enfin à Mme Flabat-Piot pour son écoute, sa gentillesse et son efficacité quant à l'énorme travail que représente l'organisation de ces journées annuelles.

    Adamante


La Société des Poètes Français créée en 1902 par José-Maria de Hérédia, Sully Prudhomme et Léon Dierx, tous trois membres de l'Académie Française est la seule association de poètes élevée au rang d'« Établissement reconnu d'utilité publique ».




26/03/2023

Le dragon de la nuit

 



     Dans la nuit d’été, sur la terrasse, assise près de la table recouverte d’une nappe cirée rouge où je travaille mes sculptures, quelques branches de bois sec à la croissance tortueuse attendent que je les interprète. 

   Le peu de lumière qui émane des photophores rend le décor intéressant. Je prends une photo pour découvrir ce que l’objectif captera de ce que je perçois-là. Sur le cliché apparaît un dragon, la table a disparu. Devant lui, juste une langue de feu exhalée de la nappe en cadeau. Partout, tout autour, les ténèbres ont gommé l’inutile. 

   Le dragon de bois me regarde de son petit œil noir. C’est troublant. Que cherche-t-il à me dire ? Je ne perçois aucune menace, plutôt une invitation à comprendre quelque mystère d’écorce. Intuitivement je sais que son immobilité est un temps qui s’est figé dans la matière, et que sa forme est un enseignement. 

   Sans chercher, je m’abandonne à la contemplation. Doucement, les ombres me dévoilent l’essentiel, elles me recentrent. 

   Je comprends alors le feu, le bois, les ailes de la foudre crachant le renouveau sur la terre affaiblie


le dépouillement

superflu calciné –

un germe attend la pluie


Adamante Donsimoni – 21 mars2023 ©Musicstart(sacem)

19/03/2023

Les genêts

 

Balaline




    Les genêts ! Ils habillent toutes mes campagnes et quelques souvenirs d’enfant. Les anciens du terroir, les « mangeux d’terre » comme les nommait Gaston Coûté, les appelaient les balais. L’utile me paraît ici ignorer l’agréable car, mis à part un sorcier de Poudlard, nul ne rêve devant un balai. Mais soyons pragmatique, le pratique avant tout pour faire feu de tout bois. 

    Si les tiges ligneuses pouvaient, liées au bout d’un manche, chasser la poussière du sol de leurs maisons, les anciens rêvaient-ils devant cette explosion de fleurs d’or au printemps, venue chasser le vieil hiver et accueillir la saison des amours ? 

    Apportait-on un bouquet de balais à sa belle pour lui faire la cour, sans qu’elle puisse penser qu’après la fleur viendrait la corvée du ménage ? Une élégante façon détournée de mettre la servitude dans un vase. 

    Je me demande si ces petits becs jaunes, vibrant de joie et de soleil, ne sont pas l’exacte représentation du déroulé de la vie humaine. 

    En premier lieu, dès la fin des frimas, la pousse des verts tendres puis l’illumination des jaunes bourdonnant d’abeilles. Enfin la rigueur plus sombre des tiges, encore souples mais dénudées, vouées à œuvrer jusqu’à l’usure finale, mais encore bonnes à allumer le feu. 

    Voilà donc une modeste plante qui nous fait passer du rêve à la désillusion, de l’élan à la courbature.


une vie bien remplie

au-delà de toute attente –

poussière du beau


un amour qui vous attache

aux ornières du chemin



Adamante Donsimoni ©musicstart (sacem)


D'autre textes sur l'HERBIER DE POÉSIES




 

 

06/03/2023

Grand Mi

 

Acrylique Adamante -Tiré du livre le Faiseur d'Accueil
Prix Jules Supervielle 2022 de la Société des Poètes Français.



Grand-Mi

 

 

    Le feu crépite dans la cheminée. Son souffle accompagne les murmures de la nuit qui parcourent les ombres environnant la campagne. 

    Dans la vieille maison, tandis que les langues de l’enfer s’agitent sur les bûches, balayée par les lueurs de l’âtre, la vieille pendule semble sommeiller tandis que l’assistance attend religieusement dans la pénombre que Grand-Mi se décide à parler. Tous les regards sont tournés vers Elle, conteuse et doyenne du village. Ici on dit d’Elle que c’est « Celle qui sait » et on la respecte. Elle n’oublie pas Grand-Mi. Elle n’oublie jamais. Ce qui s’est passé avant, ce que lui ont raconté ses grands-parents qui le tenaient eux-mêmes de leurs ancêtres, elle en est la précieuse récipiendaire. 

    On appelle ça la transmission orale, car au temps des contes, un temps qui remonte à fort loin, ceux du pays ne connaissaient le papier que pour les choses de bien, chez le notaire. Les bibliothèques, c’était pour les riches, pour ceux qui pouvaient envoyer leurs enfants à l’école. Chez eux l’histoire c’était dans la tête qu’elle se conservait, et c’était par le dit qu’elle se transmettait, pas par l’écrit. À chaque génération, c’était à celui qui mémorisait le mieux et qui avait le don de dire que revenait le titre de conteur. 

    Certes, ceux qui reprenaient le flambeau l’enjolivaient un peu l’histoire quand c’était une histoire d’amour, ou ils la rendaient encore plus redoutable quand elle parlait de bandits de grands chemins ou des Dames blanches qui entraînaient les fêtards avinés dans des limbes d’où ils ne revenaient jamais. Il fallait bien que chacun y mette un peu du sien pour se l’approprier. Mais les histoires poursuivaient leur chemin d’aïeule en aïeule, c’est ainsi qu’elles étaient arrivées jusqu’à Grand-Mi et jusqu’à nous. 

    « Ouvrez grands vos oreilles tous, et vous aussi les petits car demain c’est vous qui serez en charge de dire et de transmettre. Tant que vous vous souviendrez le pays vivra, oubliez, et il mourra. Mais avec sa mort c’est une part de vous qui disparaîtra, car sachez-le, rien ne peut vivre sans racines »


racine coupée

la tête ploie le corps chute

la flamme s’éteint


malédiction de l’oubli

sans passé pas d’avenir



Adamante Donsimoni – 4 mars 2023




                    Je vous invite à découvrir la photo de la double page concernée par l'image. 


La qualité laisse un peu à désirer, je vous mets donc le texte ci-dessous.



Il y eut beaucoup de fois…


    Le fauteuil, avec sa paille usée par les frottements répétés des jupes et

des pantalons, a grincé bien souvent sous les mots des conteurs.

    De génération en génération, ils ont ponctué leurs dits des mouvements

de leurs corps. Car le conte prend possession du corps, il est l’enfant en

gestation qui naît à chaque phrase et respire en son souffle.

    L’incessant frottement des fessiers accompagnant l’intrigue a patiné la

paille, l’a rongée, l’a tannée, l’a modelée de leur mémoire.

    Parfois, quand vient la nuit, à l’heure de la veillée, le fauteuil se

souvient.

    Et quand un nouveau conteur prend place entre ses bras usés, il capte

les murmures qui remontent le temps. L’auditoire frémit à l’écoute des

voix qui se mêlent à la sienne.

 

Il était une fois

            Il était une fois

                        Il était une fois...

                                    L’immortelle sagesse des contes.