Rosa Bonheur, Le Marché aux chevaux, 1853, huile sur toile, 244 x 506 cm,
The Metropolitan Museum of Art, New York
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La place est noire de monde. Les
chevaux piaffent, se cabrent en hennissant. Altières créatures forçant l’admiration
au point qu’en leur rajoutant une corne on les rendit mythiques. Refuseraient-ils
cette domination des hommes venus exprès pour jauger la bête de ce regard
implacable de marchand ? Les muscles roulent sous la robe, les yeux
roulent dans les orbites, et claquent les sabots sur les pavés. La promiscuité
énerve les équidés réunis pour être vendus, marchandés.
Le cheval, ami de l’homme.
Ami !
L’homme a une bien curieuse façon
de traiter ses amis. Ne peut-être ami que le soumis, fut-il chien, cheval ou
humain. Derrière humain, je vois femme. Elle aussi il la voudrait soumise. Elle
le fut et l’est parfois encore, ou en passe de le redevenir sous l’insidieuse
pression sociale ou religieuse.
Regard de l’homme sur la
femme, tellement persuadé de sa soumission qu’il en oublie sa force, son
incroyable force et sa capacité de sacrifice. Ces héroïnes muettes se dressent un
jour pour abattre les murs de leur prison. En chaque femme se cache une
Amazone.
Il y eut, de tout temps des
femmes en marge de la soumission. Des femmes responsables, fières, les yeux
ouverts, le cœur brûlant. Rosa Bonheur, bien entendu, sa force est là émanant
des traits fermes de ses dessins. Je pense à cette autre Rosa, Rosa Luxembourg,
illuminant le monde à partir de sa prison, comme a pu l’illuminer bien après,
un homme, lui aussi rayonnant de sa cellule, Nelson Mandela, porteur de la
lumière des opprimés parce qu’ils étaient noirs. Cette force-là, c’est l’amour.
Tous ces héros, ces héroïnes nous
font considérer que nous avons fait de nos différences des inégalités, ainsi
que l’a écrit Tahar Ben Jelloun.
L’humanité n’existera que lorsque chacun de nous comprendra qu’il est un
maillon de cette grande tapisserie qu’est le monde, et que nous devons respecter
jusqu’à la moindre fourmi si nous voulons nous respecter nous-mêmes.
Merci aux Rosa, aux Madiba, merci
à ces destriers, ces amis d’une autre espèce qui en témoignent, avec ou sans
les mots, pour que nous ouvrions enfin les yeux.
©Adamante Donsimoni (sacem)
Je n'aurais pas pensé aux amazones. Excellente idée Adamante. Et de nos jours, les femmes continuent à se battre chaque jour pour se faire entendre et respecter. D'autre amazones...
RépondreSupprimerMerci et bonne journée
Dompter aussi cette ardeur sauvageonne qui nous dévore parfois...
RépondreSupprimerTu vois loin avec ce tableau Adamante
j'ai beaucoup aimé la page et les "ressentis" des Brins de l'herbier
Bonne journée
bien amicalement
Avec ces amazones, on démarre au niveau des fiers chevaux jugés, jaugés, marchandés pour chevaucher l'histoire et l'espace de la terre entière, notre humanité si imparfaite incluse. Une très belle page qui aussi remet Jéronimo au centre du débat, face à Buffalo Bill ...
RépondreSupprimerLa supériorité des uns sur les autres ne devrait pas être, mais… la femme ah ce sexe faible, même si ça évolue, reste encore dans l'ombre ça et là...
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