Photo A Donsimoni |
Dans l’hiver qui s’installe, tu
as quitté tes feuilles. Sagesse du dépouillement pour conserver le précieux don
de vie. Ton sang retourne aux racines, à la Terre mère, le gel n’est pas pour
lui qui briserait ton bois.
Le
ciel est gris ce soir, je t’observe au travers de la fenêtre. Bien à l’abri, au chaud, je t’ai laissé
le froid pour compagnon. Une vitre nous sépare, mais bien plus encore. De
longues années de vie citadine ne sont pas un atout pour un retour à la nature.
Ce retour, je le rêve, car tout dans notre société consumériste nous fait
aspirer à une vie plus simple, plus proche d’un avant magnifié par la douleur
de constater chaque jour un peu plus la destruction du naturel. Ce rêve
n’exclut pas ma conscience aigue de mon incapacité à le vivre ce retour à la
nature. J’en ressens de la nostalgie, car une part de moi se sent
irrémédiablement en exil. Oui, la part sauvage de mon âme palpite en te
regardant.
Mais
un platane, poussé dans une cour, au milieu des immeubles, est-il encore un
être sauvage ? N’est-il pas plutôt ce frère qui me ressemble, dont les
grilles qui le contiennent sont encore plus visibles que les miennes ?
Plus contraignantes peut-être. La terre où tu puises ta nourriture n’est-elle
pas aussi meurtrie, tant le béton l’empêche de respirer librement ?
Quelle performance humaine que
d’avoir réussi à dénaturer la terre où les Hommes résident !
Pas de soleil ces derniers jours
pour réchauffer ta vieille écorce morcelée où tu racontes des histoires. J’y
lis tant de messages, tant d’invitations à rêver, à raconter, à voyager.
Les images des esprits qui
t’habitent, offertes aux regards des curieux, me font penser aux fresques
des Églises, à ces livres sans
mots, conçus pour impressionner les ouailles illettrées, et les terrifier pour
les obliger à avancer sur le « droit » chemin.
Mais tes images à toi ne sont pas
des menaces, juste l’expression d’une vie, à demi révélée, pour ceux qui
observent avec les yeux du cœur.
Merci mon vieil ami de m’avoir
ainsi ouvert les pages du livre de ta vie pour ensonger la mienne.
Adamante
Donsimoni ©sacem
7
décembre 2019 Le Platane du quai Carnot à Saint Cloud,
Les platanes citadins sont là pour nous rappeler que la vie vient de la terre...
RépondreSupprimerJ'ai connu un marronnier dans la cour de mon écoule, il soulevait le dallage alentours menaçait de fendre la chapelle à côté… sa place, pour moi, dans la nature… comme pour le tien ,-)
RépondreSupprimerComme lorsque j’étais enfant : il fallait trouver, dans l’hebdomadaire auquel nous étions abonnés les personnages cachés. Je vois dans ta photo deux personnages - sont-ils des humains, sont-ils des chats ?- un visage, un de dos. Celui-ci porte-t-il une hotte ( Noël oblige ! :) ) ..... j’aime beaucoup cette photo qui titille mon imaginaire....
RépondreSupprimerJ’ai aussi dans mes feuilles volantes des Lettres à ... mais je ne me suis jamais essayée à un élément de la nature ou à un objet ...
Décidément ta photo m’inspire... beaucoup. �� !