Mercredi 20 juin 2018
Je
me lève, mes pantoufles épuisées longent le corridor, débouchent au radar dans
le salon. La lumière du Sud succède à l’ombre. Je lance un regard voilé vers
l’extérieur et brusquement je me souviens : la consigne ! Ce matin et durant trois jours, je me
le suis promis, je dois regarder le ciel, le raconter !
Je
m’approche de la fenêtre et observe. Pas un seul nuage, là-haut tout n’est que brume violette parfaitement
homogène ; pas une seule traînée d’avion, pas un stratus pour interrompre
la beauté de cet océan pourtant trompeur. Non ce n’est pas ici l’augure d’une
immensité ruisselante de soleil. L’eau se cache partout dans les hauteurs, elle
se révèle par l’absence de transparence et cette couleur violine née de la
lumière fusant au travers d’innombrables particules de vapeurs humides. Les
bruits eux-mêmes sont étouffés. Un chien aboie, un enfant pleure, la porte
métallique du portail claque en se refermant tandis qu’une mobylette, sans doute
dressée sur la roue arrière, s’époumone à rêver de vitesse en trimbalant son
bagage humain. Rêve-t-elle de le jeter, comme on se débarrasse d’une mouche
d’un geste machinal ou, comme un chien libérant son résidu de gamelle, au beau
milieu du trottoir ?
Je
ne cherche pas à savoir. L’idée d’un café s’impose, m’extrait de ma torpeur et
fait se diriger mes pas vers la cuisine. Un peu plus alerte, les papilles
frémissant déjà de ce petit plaisir quotidien, je salue le jour par le chant de
l’eau dans la bouilloire.
Jeudi 21 juin 2018
Aucune
luminosité à travers les persiennes de la chambre ce matin. Le ciel chargé de
masses menaçantes n’incite pas sortir et pourtant, il le faudra bien, j’ai
rendez-vous. Je me hâte. Une radio éructe un rap tonitruant au passage d’une
voiture puis le calme revient, ce n’était rien d’autre qu’une petite vomissure
de la rue, une révolte en décibels pour vider le malaise, rien qu’une petite
impuissance.
Les
arbres se réveillent, ils frémissent et chantent leur chanson d’arbre. C’est la
chorale du vent qui accompagne le grand ménage céleste. Nimbus et cumulonimbus
s’enfuient. Ils iront un peu plus loin décharger leur trop plein, vomir eux
aussi leur excès climatique. Moi,
dès à présent, je peux sortir sans parapluie.
Vendredi 22 juin 2018
Petit
soleil dans la fraîcheur du matin, le jour sourit et s’amuse à dessiner de
longs doigts blancs sur le bleu tendre du ciel. Un grand troupeau de moutons
chemine doucement sur les plaines de l’azur, peut-être guidé par un Petit
Prince devenu berger, qui sait ? Tout est douceur, je ferme les yeux,
j’oublie tout, plantée dans mon salon, à rêver de rien. Mais mon chat lui n’oublie pas, il a
faim, il miaule, dressé sur ses pattes arrière il m’implore en joignant ses
pattes avant de façon répétitive.
Je
te laisse Petit Prince des nuages, c’est l’heure de la gamelle et tu le sais,
un chat, ça n’attend pas.
©Adamante
Donsimoni (sacem)
J'ai beaucoup aimé te lire là-bas et te relire ici me ravit.
RépondreSupprimerMerci pour ce petit prince des nuages que tu as délaissé. Tu as raison, un chat n'attend pas.
Passe une douce journée.
Merci Quichottine, tes visites sont toujours un rayon de soleil sur ce blog.
SupprimerJe venais te remercier pour la chanson dont tu m'as donné le lien... elle est plus que magnifique. Une chanson à écouter absolument.
RépondreSupprimer"la vie c'est quoi"
C'était mon bonheur du matin.
Merci infiniment.
Passe une douce journée.