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14/05/2020

Pour un arbre



Cèdre du Liban - RP 93 - Photo Adamante


Je donnerais ma vie
Pour un arbre
Pour la respiration cosmique
Pour la survie du monde
Ma survie

Je risquerais ma vie
Pour un arbre
Pour ses racines tentaculaires
Son réseau Terre
Reliant l’humanité
À la dimension céleste
Je donnerais ma vie
Parce qu’il faut la donner
L’offrir aux bras du Grand Tout
Pour que la transformation
Du plomb en or
Se fasse

Je donnerais ma vie
Pour que le monde se retrouve
Que la peur s’efface
Et que la mort reprenne
Sa dimension sacrée
De yin étincelant

Je donnerais ma vie
Pour que l’humain fleurisse
Que l’Homme enfin soit arbre
Et s’envole au-dessus de l’abîme
En protégeant la Terre
Évitant ainsi la chute qui le menace

Oui, je donnerais ma vie
Pour un souffle de Nature

Je l’ai déjà donnée
Je la donne
Chaque matin
Chaque instant de mon jour
Comblée de cette joie
Parfumée de sourires
Depuis cet instant
Où j’ai vu *
L’Océan de lumières
La grande matrice
L’intelligence créatrice
Sillonnant l’espace
Infini
Qui tisse notre ciel
Nous enveloppe
Nous écoute
Nous transforme
Et nous réalise
Selon la vibration
De nos pensées

J’ai donné ma vie
Pour cet Océan
Dont je me reconnais
Pour sa lumière
Qui est moi
Qui est toi
Qui nous berce
Qui nous crée
À chacun de nos souffles
Nous
La forêt humaine

J’ai donné ma vie
Pour un arbre
Pour la palpitation
D’un cœur ouvert
Sur l’éternité de l’Amour
Inconditionnel et sans attache.

J’ai donné ma vie
Et  aujourd’hui
Je vis
Je vis.

Adamante Donsimoni 11 mai 2020 ©sacem
  

* C’était en février 1999, sur le dolmen du site mégalithique de Meynardier, après une courte séance de Qi Gong. Allongée sous la pierre froide, sous un ciel d’hiver d’un bleu absolu criblé de lumières blanches, virevoltant dans une chorégraphie intelligente, j’ai vu ce spectacle qui a bouleversé ma vie.



Platane d'Orient planté en 1814 - Paris - photo Adamante


13/12/2019

Lettre au Platane de la cour



Photo A Donsimoni


   Dans l’hiver qui s’installe, tu as quitté tes feuilles. Sagesse du dépouillement pour conserver le précieux don de vie. Ton sang retourne aux racines, à la Terre mère, le gel n’est pas pour lui qui briserait ton bois.
   Le ciel est gris ce soir, je t’observe au travers de la fenêtre.  Bien à l’abri, au chaud, je t’ai laissé le froid pour compagnon. Une vitre nous sépare, mais bien plus encore. De longues années de vie citadine ne sont pas un atout pour un retour à la nature. Ce retour, je le rêve, car tout dans notre société consumériste nous fait aspirer à une vie plus simple, plus proche d’un avant magnifié par la douleur de constater chaque jour un peu plus la destruction du naturel. Ce rêve n’exclut pas ma conscience aigue de mon incapacité à le vivre ce retour à la nature. J’en ressens de la nostalgie, car une part de moi se sent irrémédiablement en exil. Oui, la part sauvage de mon âme palpite en te regardant.
   Mais un platane, poussé dans une cour, au milieu des immeubles, est-il encore un être sauvage ? N’est-il pas plutôt ce frère qui me ressemble, dont les grilles qui le contiennent sont encore plus visibles que les miennes ? Plus contraignantes peut-être. La terre où tu puises ta nourriture n’est-elle pas aussi meurtrie, tant le béton l’empêche de respirer librement ?
   Quelle performance humaine que d’avoir réussi à dénaturer la terre où les Hommes résident !
   Pas de soleil ces derniers jours pour réchauffer ta vieille écorce morcelée où tu racontes des histoires. J’y lis tant de messages, tant d’invitations à rêver, à raconter, à voyager.
   Les images des esprits qui t’habitent, offertes aux regards des curieux, me font penser aux fresques des  Églises, à ces livres sans mots, conçus pour impressionner les ouailles illettrées, et les terrifier pour les obliger à avancer sur le « droit » chemin.
   Mais tes images à toi ne sont pas des menaces, juste l’expression d’une vie, à demi révélée, pour ceux qui observent avec les yeux du cœur.
   Merci mon vieil ami de m’avoir ainsi ouvert les pages du livre de ta vie pour ensonger la mienne.

Adamante Donsimoni ©sacem
7 décembre 2019  Le Platane du quai Carnot à Saint Cloud,