Le murmure d’un avion lointain, quelques craquements accompagnent ma soirée, rien
n’est jamais immobile.
Dans leur vie de béton et de fer, les murs s’expriment,
seraient-ils fatigués
de cette grande immobilité qui les contraint, pour des
siècles parfois à se dresser, solides, afin de protéger la vie qu’ils
hébergent? Est-ce une plainte ou un simple étirement indispensable à leur
maîtrise de la position verticale qui leur est impartie ?
Le tic-tac de l’horloge, régulier, imperturbable, ignore
jusqu’à la présence de la pile qui l’anime. Comme si rien d’autre n’existait,
il bat son rythme, indifférent à tous murmures, à tout craquement. Il est
soumis à cette hypnose implacable du son répétitif qui le mène jusqu’à
l’épuisement où soudain, d’une seconde à l’autre, le silence l’efface et reprend ses droits.
Pour l’heure, la nuit embrume les derniers bruits, quelques
sons confus crèvent la bulle de retrait dans laquelle je m’enfonce doucement.
Je vogue vers les rivages des rêves éveillés, des abandons d’avant sommeil. Je
glisse vers ces berges où l’être sans âge s’éveille tandis que le mental se
replis, vaincu par la fatigue d’un corps marqué insensiblement chaque jour par
l’accumulation des jours.
Qui des deux veille à cet instant ?
Je suis au point
ultime où toutes mes expressions de vie se confondent, parfaite complétude, voie
du milieu, équilibre sublime.
Délicieuse ambiguïté de cet instant où, en oubliant jusqu’à
soi-même, on se retrouve.
Il n’est pas d’heure plus précieuse que cette heure
avant sommeil.
Brusquement, le vent contrarié par je ne sais quel obstacle
se met à gémir sur la terrasse. Sa plainte s’insinue au sein de ma torpeur. Il
m’appelle, je le reçois.
Nous avons tant de souvenirs tous deux, tant de jeux
partagés. Je nous revois : il me pousse, j’ouvre les bras lui offrant plus
de prise, j’ai beau lui résister, j’avance
et j’adore ça. Soudain je le provoque, je me retourne, je lui fais face, il m’attrape,
il m’étouffe alors je me détourne et je me mets à rire.
Le vent c’est le
bonheur.
Ce père invisible qui a bercé mon enfance est toujours le bienvenu. Je
suis fille du vent, je l’aime de caresse en tempête, de souffle en rugissement.
Je ne crains rien de lui, il est ma force, il m’habite. Il est partie de mon
être.
Pendant que je goûte le vent, la joie de sa présence, je
sais que dans le monde il en est qui meurent, il en est qui naissent, d’autres
qui hésitent à la porte de ces deux mondes.
Lorsque viendra le tour de mon passage dans l’autre vie,
sans doute il sera là pour m’emporter le vent, vers cet horizon où je suis
attendue. J’imagine que grâce à lui je partirai sans crainte.
Mon corps s’appesantit, mes yeux se ferment.
Irrésistiblement
je plonge dans le sommeil.
Qu’importe le réveil, l’infini est là qui m’accueille.
©Adamante (texte déposé SACEM)
Dors bien Adamante... bercée par les bruits de ton coeur, demain t'attend..... amitiés, jill
RépondreSupprimerC'est bon de se faire loir, aujourd'hui la pluie incite à se réfugier au fond de la tannière, un temps à ne pas mettre une patte dehors.
SupprimerUn moment bien agréable...
RépondreSupprimerBon sommeil.
Si je le pouvais, j'hibernerais.
Passe une douce journée.
Hiberner ! il m'arrive moi aussi d'en avoir envie, vivre cet extrème ralenti qui permet de traverser sans heurt les périodes les plus difficiles et de se réveiller en plein soleil, régénéré et joyeux. Belle journée à toi.
SupprimerC'est un moment de délice que tu as su si bien rendre. Ce moment entre deux, encore consciente mais pas vraiment. Un moment fait pour goûter ce passage.
RépondreSupprimerAvec ce temps du jour, j'irais bien sous la couette.
Amitiés
Je vois que tu connais bien ce passage si particulier qui nous livre ensuite au monde du rêve. Ici il pleut aujourd'hui, mais le soleil brille au-dessus des nuages, y penser aide à affronter les gouttes lorsque l'on doit sortir. Amitié Pimprenelle.
SupprimerC'est magnifique , un beau texte
RépondreSupprimerA bientôt
Merci beaucoup pour ces quelques mots. À bientôt.
Supprimerune bonne nuit malgré le vent le vent moi il m'énerve
RépondreSupprimerC'est le propre du vent que de monter, d'agiter, on peut y être très sensible, mais il peut être aussi douceur et calme, paix. Belle fin de journée.
SupprimerTon texte, Adamante, me rappelle une jolie chanson d'Anne Sylvestre, La fille du Vent, mais je ne suis pas sûre du titre ?
RépondreSupprimerIl y a une phrase dans ton texte que je ressens beaucoup: " Délicieuse ambiguïté de cet instant où en s'oubliant soi-même, on se retrouve "...Mais une fois tombée dans le sommeil, peut-on se retrouver ? C'est pour moi un mystère !
Amitiés
Blanche
Bonjour Blanche,
SupprimerC'est juste à cet instant si bref d'avant sommeil que l'on peut se retrouver dans cette état de conscience exacerbée, mais après... le mystère reste entier de ce voyage de l'esprit au pays du sommeil. Mais tant qu'il y a du mystère n'y a-t-il pas de l'espoir ?
Un beau texte où souffle le vent très doux de la sagesse.
RépondreSupprimerencore plus beau avec le soleil d'aujourd'hui
RépondreSupprimerun très beau texte
RépondreSupprimerComme c'est beau de lire ce que tu écris Adamante même si je me passerais du vent
RépondreSupprimercar il refroidit tellement l'hiver.
Bonne journée et à bientôt..
Le meilleur moment pour s'appartenir pleinement ...
RépondreSupprimerLOIC