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26/02/2014

Entre veille et sommeil


Le murmure d’un avion lointain, quelques craquements accompagnent ma soirée, rien n’est jamais immobile.
Dans leur vie de béton et de fer, les murs s’expriment, seraient-ils fatigués
de cette grande immobilité qui les contraint, pour des siècles parfois à se dresser, solides, afin de protéger la vie qu’ils hébergent? Est-ce une plainte ou un simple étirement indispensable à leur maîtrise de la position verticale qui leur est impartie ?

Le tic-tac de l’horloge, régulier, imperturbable, ignore jusqu’à la présence de la pile qui l’anime. Comme si rien d’autre n’existait, il bat son rythme, indifférent à tous murmures, à tout craquement. Il est soumis à cette hypnose implacable du son répétitif qui le mène jusqu’à l’épuisement où soudain, d’une seconde à l’autre,  le silence l’efface et reprend ses droits.
Pour l’heure, la nuit embrume les derniers bruits, quelques sons confus crèvent la bulle de retrait dans laquelle je m’enfonce doucement. Je vogue vers les rivages des rêves éveillés, des abandons d’avant sommeil. Je glisse vers ces berges où l’être sans âge s’éveille tandis que le mental se replis, vaincu par la fatigue d’un corps marqué insensiblement chaque jour par l’accumulation des jours. 
Qui des deux veille à cet instant ? 
Je suis au point ultime où toutes mes expressions de vie se confondent, parfaite complétude, voie du milieu, équilibre sublime.
Délicieuse ambiguïté de cet instant où, en oubliant jusqu’à soi-même, on se retrouve. 

Il n’est pas d’heure plus précieuse que cette heure avant sommeil.

Brusquement, le vent contrarié par je ne sais quel obstacle se met à gémir sur la terrasse. Sa plainte s’insinue au sein de ma torpeur. Il m’appelle, je le reçois. 

Nous avons tant de souvenirs tous deux, tant de jeux partagés. Je nous revois : il me pousse, j’ouvre les bras lui offrant plus de prise,  j’ai beau lui résister, j’avance et j’adore ça. Soudain je le provoque, je me retourne, je lui fais face, il m’attrape, il m’étouffe alors je me détourne et je me mets à rire. 
Le vent c’est le bonheur. 
Ce père invisible qui a bercé mon enfance est toujours le bienvenu. Je suis fille du vent, je l’aime de caresse en tempête, de souffle en rugissement. Je ne crains rien de lui, il est ma force, il m’habite. Il est partie de mon être.

Pendant que je goûte le vent, la joie de sa présence, je sais que dans le monde il en est qui meurent, il en est qui naissent, d’autres qui hésitent à la porte de ces deux mondes.
Lorsque viendra le tour de mon passage dans l’autre vie, sans doute il sera là pour m’emporter le vent, vers cet horizon où je suis attendue. J’imagine que grâce à lui je partirai sans crainte.

Mon corps s’appesantit, mes yeux se ferment. 

Irrésistiblement je plonge dans le sommeil. 

Qu’importe le réveil, l’infini est là qui m’accueille.

©Adamante (texte déposé SACEM)