Première flambée au sein d’une caverne, l’homme découvre le gigantisme des ombres,
elles accompagnent la lumière, griffent le granit avec les esquisses de leurs
chimères. Chaleur, terreurs, rêves, les yeux grignotent la nuit, l’apprivoisent
en dehors de la lune.
Ah, si le feu parlait, racontait son épopée depuis le
premier éclair qui enflamma la forêt !
De toute évidence il parle car il nous habite, révèle ce que
nous avons d’inscrit en nous. On le sent palpiter dans les cellules de nos
mémoires, les gènes des premiers ancêtres. Mouvement ascendant, il nous anime.
Premier feu, premier cri, l’air dans les poumons, brûlure, apprentissage de la
sécheresse jetés hors la première caverne dans le monde aveuglant de la
lumière. Et déjà l’ombre se dessine en plein midi sous le soleil, nous suit ou
nous précède, s’allonge, se tasse, se déforme, nous fait rêver ou nous
inquiète. Soumise, elle se prête à tous nos fantasmes, tour à tour rassurante,
inquiétante, elle révèle nos peurs, nos terreurs et cette fascination qui
accompagne.
Le feu consume faute de pouvoir aimer en tendresse, il
dévore. Au-dedans la détresse, la solitude, l’espoir parti en fumée.
Déréliction des cendres abandonnées aux vents, mouillées de rosée au matin, à
peine un voile grisâtre bientôt avalé par les herbes.
Le feu, changeant, mouvant, à notre image, conçoit les
formes et les détruit, se livre puis se reprend, s’efface, aussi insaisissable
qu’un mythe, aussi fulgurant qu’une vie.
Comme toujours, tes mots nous ouvrent de nouvelles portes.
RépondreSupprimerMerci pour ce feu et ces ombres, Adamante.
Passe une douce journée.