À la tombée du soir mangé de nuages, quelques ombres tremblantes se noient dans l’étang.
Des branches fantomatiques semblent surgir de ses eaux bouillonnantes et glacées qui phagocytent les dernières lueurs du jour. Des monstres sommeillent dans leur lit d’algues et de vase. Dès la nuit, ils s’éveillent et, revêtus de brume, disposent leurs filets d’angoisse et de terreurs dans la profondeur des eaux troubles. Sous la clarté lunaire, on voit les berges se couvrir de linceuls, un frisson d’épouvante court sur les herbes. Ici une autre vie, sans chaleur et sans pulsation, est à l’affût. On prend la fuite, il n’est pas l’heure, on s’empresse de retrouver lumières artificielles et bruits qui rassurent. On tire le voile, on parle haut, tellement heureux d’être encore vivant.
©Adamante (sacem)
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14/10/2016
08/10/2016
Étincelle d’espoir
L’homme, à l’entrée de la grotte,
terrifié par la lumière, dispute. L’inconnu est indésirable, la différence
exclusion. Ce qui est doit être ce que l’on connaît, ce que l’on croit connaître,
ce que l’on dit être, ce que l’on érige en vérité indiscutable. La réflexion,
l’analyse, la compassion n’ont nulle place ici, le gouffre les avale, les
digère, les anéantit. Vérité du cloaque où l’humain patauge empêtré de
croyances et de certitudes. Face à ses dogmes, la liberté est un blasphème.
Scientifiques ou religieuses, que
de certitudes s’effondrent avec le temps, avec l’émergence de nouveaux regards,
de nouvelles voix. « Le premier qui dit la vérité doit être
exécuté… » Oui, la parole a un prix, celui du courage. Il en faut pour
vaincre l’immobilisme. On est si bien parmi les ombres de sa caverne, on les
connaît, on les a domestiquées, on ne veut pas s’en trouver de nouvelles. Sur
ce chemin de l’humain, qui va de la naissance à la mort, qu’il est doux de
penser qu’une quelconque sécurité existe. La seule certitude est qu’une telle
chose est un leurre. On pourra toujours cliver notre monde en espèces, en
couleurs, en sexes afin de se donner l’illusion de dominer, tout au moins une
partie, on ne pourra empêcher que la nature, qui préside à toutes destinées,
est seule maîtresse à bord et qu’elle seule domine.
Ce qu’elle crée est Un, ce que
nous sommes est un Un qui exprime, par choix ou par réponse à une nécessité
d’équilibre de l’espèce, une possibilité parmi toutes les possibilités qui lui
sont offertes en naissant. La différence est inconnue du noyau, il contient
tout. La forme n’est juste qu’une question d’hormones.
Marcheront-ils un jour vers la
lumière ces humains aux yeux voilés ?
Répondront-ils un jour à ce désir
de retrouver l’étincelle qui brille en eux ? En prendront-ils le risque ?
Car, enseignement du Popol Vuh, qu’il me plaît de penser juste : les
Hommes garderaient au fond des yeux l’instant où ils étaient des dieux.
©Adamante (sacem)
22/12/2015
Le feu les ombres
Première flambée au sein d’une caverne, l’homme découvre le gigantisme des ombres,
elles accompagnent la lumière, griffent le granit avec les esquisses de leurs
chimères. Chaleur, terreurs, rêves, les yeux grignotent la nuit, l’apprivoisent
en dehors de la lune.
Ah, si le feu parlait, racontait son épopée depuis le
premier éclair qui enflamma la forêt !
De toute évidence il parle car il nous habite, révèle ce que
nous avons d’inscrit en nous. On le sent palpiter dans les cellules de nos
mémoires, les gènes des premiers ancêtres. Mouvement ascendant, il nous anime.
Premier feu, premier cri, l’air dans les poumons, brûlure, apprentissage de la
sécheresse jetés hors la première caverne dans le monde aveuglant de la
lumière. Et déjà l’ombre se dessine en plein midi sous le soleil, nous suit ou
nous précède, s’allonge, se tasse, se déforme, nous fait rêver ou nous
inquiète. Soumise, elle se prête à tous nos fantasmes, tour à tour rassurante,
inquiétante, elle révèle nos peurs, nos terreurs et cette fascination qui
accompagne.
Le feu consume faute de pouvoir aimer en tendresse, il
dévore. Au-dedans la détresse, la solitude, l’espoir parti en fumée.
Déréliction des cendres abandonnées aux vents, mouillées de rosée au matin, à
peine un voile grisâtre bientôt avalé par les herbes.
Le feu, changeant, mouvant, à notre image, conçoit les
formes et les détruit, se livre puis se reprend, s’efface, aussi insaisissable
qu’un mythe, aussi fulgurant qu’une vie.
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