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16/01/2025

Pinarello

 

    Ce matin-là, sur la plage, le silence interprétait le chant ininterrompu des vagues, et sur la portée, comme autant de croches, le bruissement de mes pas sous les eucalyptus dégageait un parfum sensuel dans lequel le corps vibrait comme une corde sous l’archet.

    La cabane de bois, phare du rivage de l’été, était fermée.   

    Le sable se gorgeait de soleil, libre de la foule des touristes encore prisonnière du béton et de la grisaille. 

    La paix, la vie s’exprimaient dans la simplicité des souffles croisés de la terre et de l’eau. Le vent musardait au travers des touffes d’herbes sèches, tiges souffreteuses et odorantes accrochées aux monticules arides flanquant les abords du rivage.

    Les pieds brûlants, le regard posé sur le lointain, ma jeunesse libérait la voile de ses rêves d’indépendance sur l’horizon indéfini, entre le bleu du ciel et celui de la mer, à la conjonction brumeuse de l’air et de l’eau. 

    Abandonnée aux éléments, par la moindre des cellules de mon corps, je vivais la fête de la dilatation de mon Être.


Adamante Donsimoni

Plage de Pinarello ou Pinarellu ( haute Corse)

3 novembre 2021 

©sacem

Pour le Nid des mots A.B.C.

8 commentaires:

  1. Je m'y vois sur cette plage, même si celle à laquelle je pense était sicilienne... Ma jeunesse m'avait permis un périple un peu chaotique, un peu bohème, hors des sentiers battus et bien souvent en camping sauvage... L'immensité bleue du ciel comme de la mer, l'étendue déserte des plages isolées, m'offraient un grand espace de liberté, j'y posais mes pieds nus sur le sable, y marquant mes premières empreintes de très jeune adulte en devenir !
    Merci pour ces beaux souvenirs en partage !

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    1. Merci, Annick, j'ai tout de suite pensé à ce texte pour me glisser dans le Nid des mots, un beau souvenir en effet. C'est loin déjà.

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  2. J'ai toujours préféré la plage à autres lieux ;-) belle journée Adamante... jill

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    1. Je l'aime surtout lorsqu'il y a peu de monde, quand la mer nous parle et nous raconte un peu de notre propre vie.

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  3. Comme j'ai apprécié me promener sur cette plage en ta compagnie. C'est rafraichissant.
    Merci Adamante
    Bien amicalement
    :)

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    1. Un vent du large qui vivifie, cela se vit aussi au travers de l'écriture. Merci, Martine.

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  4. Hum, la Corse ! que de merveilleux souvenirs fait-elle remonter !
    Côte sauvage, criques dorées, bleu si bleu de la mer et du ciel, la jeunesse en bandoulière, le rêve devenu réalité !

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    1. Dans "La classe morte", Kantor faisait porter à ses comédiens leur jeunesse (leur enfance) sur leur dos, ce qui arrive lorsque l'on a oublié ses rêves...Mais grandir, vieillir avec sa jeunesse en bandoullière, c'est encore insuffler à ses rêves toute cette vie qui ne demande qu'à s'exprimer. Une très belle image.

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