La barque vient d’accoster. J’avance un pas hésitant sur le lit de roseaux me séparant des eaux du lac. Étrange île flottante si éloignée de la terre ferme. Ici on vit sur un plancher humide et pernicieux qui vous ronge les articulations et vous vieillit avant l’âge
lac Titicaca
le monde étrange des eaux-
impression d’ailleurs
Quelques cabanes tressées de roseaux, et sur le pas de la porte, quelques femmes flanquées de nourrissons proposent, avec un sourire édenté, quelques maigres souvenirs nés de leurs mains aux doigts déjà déformés. Ici les enfants vont à l’école en barque. Une autre île, éloignée, un voyage dans un dédale de canaux, tous semblables
avant le soleil
l’aîné attrape les rames
la journée commence
à la tombée de la nuit
le soir les ramènera
Je quitte le souvenir, ici la cabane est plantée en terre, et deux silhouettes, ombres d’une autre misère, serpe en main, s’affairent à couper la tige ligneuse. L’humide est son terrain et du corps en souffrance, racine favorable aux reins, elle en élimine l’eau. Qu’elle soit médecine, toiture en devenir, balai, fourrage, canne à pêche pour les plus gros… il semble qu’il faille, sous toutes les latitudes, payer à la plante son dû en tour de reins
en aller-retour
cadence du mouvement-
que la terre est basse
Adamante Donsimoni - ©sacem - 26 novembre 2022
sur une œuvre de Jason Bowyer :
La coupe des roseaux, hiver - © Copyright 2010-2022 Jason Bowyer NEAC RP PS
Rudesse des travaux et cadeaux de la plante, rarement l'un sans l'autre, au fil des évolutions et des traditions... Ainsi va notre monde... Bonne semaine !
RépondreSupprimerMerci ABC, belle semaine à toi aussi.
Supprimerje ne suis jamais allée au bord du lac Titicaca mais j'en ai eu des échos par des amies et tes femmes flanquées de nourrissons m'évoque les peintures si colorées et stylisées mais impossible de retrouver le nom de ce peintre connu des années 1970-80. Gestes éreintants du travail jadis et maintenant.
RépondreSupprimerUn bien beau texte qui n'oublie pas la réflexion
Merci beaucoup Jeanne. J'ai quelques images en tête, mais pas plus que toi je n'arrive pas à trouver le nom du peintre.
SupprimerCadence du mouvement après l'avoir apprivoisé, malgré la rudesse, il génère de la beauté. Mais ici les roseaux servent avant tout de protection première.
RépondreSupprimerMerci pour ce beau texte.
Merci, Balaline, nous partageons de bien belles choses au travers de nos écrits.
SupprimerBonjour Adamante , oh quelle description "Quelques femmes flanquées de nourrissons proposent, avec un sourire édenté, quelques maigres souvenirs nés de leurs mains aux doigts déjà déformés." voila qui laisse songeur et apeuré à a fois ne un mot : suspense !
RépondreSupprimerBonjour Jerry, merci de ce commentaire. En effet ces femmes m'ont beaucoup marquée, il émanait d'elle une beauté qui était celle de la vie, tissée d'amour et de rudesse.
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