La barque vient d’accoster. J’avance un pas hésitant sur le lit de roseaux me séparant des eaux du lac. Étrange île flottante si éloignée de la terre ferme. Ici on vit sur un plancher humide et pernicieux qui vous ronge les articulations et vous vieillit avant l’âge
lac Titicaca
le monde étrange des eaux-
impression d’ailleurs
Quelques cabanes tressées de roseaux, et sur le pas de la porte, quelques femmes flanquées de nourrissons proposent, avec un sourire édenté, quelques maigres souvenirs nés de leurs mains aux doigts déjà déformés. Ici les enfants vont à l’école en barque. Une autre île, éloignée, un voyage dans un dédale de canaux, tous semblables
avant le soleil
l’aîné attrape les rames
la journée commence
à la tombée de la nuit
le soir les ramènera
Je quitte le souvenir, ici la cabane est plantée en terre, et deux silhouettes, ombres d’une autre misère, serpe en main, s’affairent à couper la tige ligneuse. L’humide est son terrain et du corps en souffrance, racine favorable aux reins, elle en élimine l’eau. Qu’elle soit médecine, toiture en devenir, balai, fourrage, canne à pêche pour les plus gros… il semble qu’il faille, sous toutes les latitudes, payer à la plante son dû en tour de reins
en aller-retour
cadence du mouvement-
que la terre est basse
Adamante Donsimoni - ©sacem - 26 novembre 2022
sur une œuvre de Jason Bowyer :
La coupe des roseaux, hiver - © Copyright 2010-2022 Jason Bowyer NEAC RP PS