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06/05/2017

La misère ordinaire

C'est un constat terrible qui nous met face à notre impuissance individuelle dans ce monde où une poignée vit de la misère du plus grand nombre.

J'ai souvenir d'un vieil homme, près de la gare d'Austerlitz, il y a déjà quelques années. Il était là, à tendre la main, en attendant que, pour les automobilistes, le feu passe au vert. À ses pieds, il portait des charentaises, dans la rue, il pleuvait. Quelle bonté sur son visage, aucune trace de rancœur, il m’avait émue. Le temps que j'ouvre mon sac pour trouver quelques pièces dans ce fourbi, le feu est passé au vert. Ça poussait derrière, l’automobiliste n’est pas patient. Je n'ai pas eu le temps de lui tendre la main, j'ai embrayé, je suis partie.
Je n'oublierai jamais, ce vieux Monsieur, il aurait pu être mon grand-père. Cette idée m’est encore insupportable. Il faut si peu pour qu’un chemin soudain diverge et vous mène à un carrefour, sous un porche, devant une grande surface, à la rue ; à la rue… brisé, violé, exclu par la société des hommes.
Cette misère est intolérable et ce n’est certes pas demain, 7 mai 2017, second tour d’une présidentielle entre peste et choléra, qu’un bulletin, quel qu’il soit dans l’urne, y changera quoi que ce soit !

De façon individuelle, si l’on ne peut donner à tout le monde, offrir ne serait-ce qu’un sourire c'est déjà partager un peu de notre humanité.
Il est des sourires inoubliables, glanés comme ça, au hasard du chemin qui vous accompagnent toute une vie.  Qui sait ce qu’ils peuvent faire ces sourires offerts à des êtres habituellement invisibles ?
Redonner confiance, éviter le gouffre, rompre la solitude, réveiller l’espoir ?
Faire bifurquer un chemin, pourquoi pas ? Que savons-nous des ressorts profonds de la vie ? De l’impact d’un peu de tendresse ?
Alors, luttant contre cette raideur qui nous pousse à baisser les yeux, à accélérer le pas pour échapper à cette confrontation douloureuse, à cette culpabilité impuissante, comme si cela était possible, je m’efforce de ralentir. Je m’oblige à croiser le regard, à sourire et découvrir au fond de ses yeux l’être qui se meurt derrière la transparence assignée par la société et peut-être ainsi réussir, l’espace d’un instant, à alléger le poids de la négation et du rejet.
C’est comme ça qu’un jour, j’ai rencontré l’homme aux pigeons.
C’est comme ça qu’un jour, j’ai rencontré Giuseppe et je prends conscience aujourd’hui, en cette veille électorale, que je ne lui ai pas donné un centime.

Mais quelle rencontre !

Adamante Donsimoni (sacem-billet d'humeur)
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16/05/2014

Comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !



Comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !
Il suffit de si peu, un mot, une phrase, un échange pour nous extraire de notre solitude et nous combler.

Il arrive parfois que l’on soit aimé sans y trouver de joie, tel un voyageur étranger sur la route du manque. Il n’est pas de bonheur partiel, cette composante solitaire et stérile n’est qu’illusion. Il nous faut aimer pour apprécier l’amour, aimer pour qu’il s’enflamme et devienne appelant.
L’amour seul peut nous ouvrir aux autres, aux animaux, aux plantes, aux choses mêmes. Il est étincelle si infiniment petite, si masquée aux regards qu’elle en est immense.
Voit-on l’immensité ?  Pas plus que l’infiniment petit. À peine les discerne-t-on.

Souvent pourtant l’amour appelle et sans savoir pourquoi, nous voilà tout émus, comblés, même aux pires moments. Nous voilà aimants d’un amour sans but. Nous voilà brûlants, irradiants. Étrange complétude venue de nulle part à nos yeux aveugles.
Et puis nous comprenons que l’amour se donne, qu’il ne se prend pas.
Cet amour, je le vis comme un élan irrésistible de nos espaces intérieurs vers l’infini de l’espace, un élan pacifiant.

Aimer, comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !

S’ouvrir pour tout donner sans chercher de retour, voilà le vrai bonheur.
Et c’est là, dans cet espace de spiritualité totale, que s’inscrivent les luttes qui défendent la vie.

Ce que je sais, c’est qu’après l’avoir goûté cet amour, notre vie en est bouleversée, elle devient cheminement vers lui qui efface, balaye tous les manques et nous emplit au-delà de nous-mêmes.
Sur ce chemin, nous ne sommes pas seuls.

Quand se présente une traversée du désert, cet horizon de vide où l’on se sent inutile, taraudé par le manque, un mot parfois, même anodin, peut soudainement nous éclairer, nous faire aimants, nous sentir aimés.

J’imagine cette multitude d’étincelles qu’est l’humanité irradiant au même instant, que serait le monde ?
N’est-ce pas à chacun de nous de le créer ce monde, en s’éveillant, simplement en s’éveillant, nu de toute crainte de perdre ?

Que serait le monde abandonnant toute volonté de pouvoir à la volonté d’être ? Aimant, offert aux quatre vents, ouvert, uni à l’immensité cosmique.

Aimer, comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !

Adamante (déposé sacem)