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05/09/2022

Jupes d’eau et de lumière

Fontaines de ballerine conçues par l'artiste Malgorzata Chodakowska en Pologne

 



Elles dansent dans la nuit qui recouvre la ville. Sur la place, ici, avant qu’elle ne soit place, dans ce qui était alors des forêts, vivaient des fées des bois. Voici venue l’ère des fées de fontaine. Vénus d’or habillées de rêves citadins, éblouissants miroirs pour conjurer l’oubli.  


déesses de la rue

jupes d’eau et de lumière-

un clapotis


Bras tendus vers le ciel sombre criblé des étoiles artificielles des immeubles, le regard en terre, ces sylphides métalliques sont l’évocation d’une nature confisquée. Que sont devenues les fées qui habitaient ici les forêts et les lacs, avant l’invasion des pelleteuses et des marteaux piqueurs ?


danseuses figées nues

cascades ruisselantes-

que de nostalgie


ici la main de l’artiste

réinvente la Nature.

 

Adamante Donsimoni ©sacem

 

Une vidéo de Malgorzata Chodakowska sur sa chaîne youTube

10/03/2022

Le Pont de Comencau

 


 

On a chanté le pont de Nantes et la Loire majestueuse, nous chanterons le pont de Comencau et l'Aveyron que domine le château de Cayla. Une enjambée singulière, dessus les eaux cascadant joyeusement vers le Tarn pour rejoindre l'Océan, que toutes les rivières et les fleuves convoitent.  
 
Un irrésistible voyage
le goût du sel, du vent
et des voiles
 
Le vieux pont immobile la regarde danser cette eau prise d'impatience. Le paysage est à rêver quand les buissons du printemps explosent le blanc de leurs fleurs, dont le parfum grimpe jusqu'aux pierres resplendissantes du château, au coucher du soleil.
 
Un petit éclat
un souvenir de l'Eden
pour l'âme en exil
 
où, sur cette terre sacrée
elle peut contempler la lumière.

 
Adamante Donsimoni

8 mars 2022 ©SACEM


D'autres textes sur l'HERBIER DE POÉSIES


14/06/2019

Un jour, j’aurai des ailes


Les angelots du cyprès observent la prairie. Le feu allume les pistils sous les grésillements des élytres.

L’été s’installe
avec profusion de pluies
- bottes en caoutchouc

Les gens passent sans rien voir, qui regarde encore les arbres ? Ils sont bien trop occupés à courir, est-ce si important ce qu’ils ont à faire ?

Sous les œillères
le regard se tient fixe
la solitude

Une petite fille s’arrête, luxe de l’enfance que de rêver. Elle observe le cyprès et, touchant du doigts quelques épines, lui dit :

Tu sais Cyprès, moi
un jour j’aurai des ailes
comme tes anges

je m’envolerai vers toi
j’espère que tu m’attendras.

©Adamante Donsimoni (sacem)


image jeanne fadosi














21/09/2018

Le chant du cygne


 

 

Ombres tournées vers la lumière par désir insensé de brûlure.  C’est le soir. Le feu, maître et roi, despote sublime et vénéré, grand ordonnateur de la consomption sacrée du végétal offert à la dessiccation, assure son règne sans partage.


Les moissons finies
les meules s’alanguissent
souvenir des grains

Jaunes, oranges et rouges s’élancent du couchant pour incendier une ultime fois la paille dressée vers le ciel par la main de l’homme. La nuit qui s’annonce recouvrira bientôt les artères  surchauffées de la Terre, mais en attendant le flamboiement des lumières bouleverse la réalité habituelle des choses. La chaleur est partout, partout le feu.

Pourpres en fusion
les couleurs crépitent
le chant du cygne.

©Adamante Donsimoni (sacem)
             sur un tableau de Claude Monet




Claude Monet, Meules, 1891, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection privée




Fin août 1890, à Giverny. Près de chez lui, dans un champ, l’artiste Monet peint de grandes meules de foin. Il s’agite soudain, hurlant des indications à sa belle-fille Blanche :
"Une autre ! Une autre !" Mais que réclame-t-il avec tant d’insistance ?  Une nouvelle toile, tout simplement. Le peintre s’est engagé dans une entreprise ambitieuse : immortaliser toutes les variations de la lumière sur les meules.
 
Liens vers les autres peintures des meules sur Artips
  https://artips.us6.list-manage.com/track/click?u=465000eb99&id=ae1beec696&e=ab5acea499 
  https://artips.us6.list-manage.com/track/click?u=465000eb99&id=9068b2ab42&e=ab5acea499
https://artips.us6.list-manage.com/track/click?u=465000eb99&id=356bffe3ad&e=ab5acea499



07/09/2018

Dérive de blanc




Léonard Tsuguharu Foujita, Femme allongée, Youki, 1923, huile sur toile, 50 x 61cm, collection particulière © Fondation Foujita / ADAGP, Paris, 2018




Dans son regard de ciel, dans cette immensité de temps sans début ni fin, une histoire à peine esquissée pour nous laisser le temps du rêve.

Le retirement
le profond des abysses
un cri d’absence

La femme nuages, peut-être une chimère, nous livre par ses yeux la parole sans tain du silence. Impossible de s’exfiltrer, tout est poids dans cette légèreté.

Une colombe
l’esprit insaisissable
dérive de blanc

©AdamanteDonsimoni (sacem)


30/03/2018

Alep


Alep
Quand il ne reste plus rien que poussière et murs écroulés sous la voix des bombes ; que la vie se teinte du gris de la cendre quand elle se mêle au sang ; quand l’enjeu des puissants est trop important pour qu’ils laissent la vie sauve à des innocents, plus mal lotis que des rats que l’on gaze pour les éradiquer, seule la musique peut s’élever des décombres vers le ciel.
 
Alep
Un ange révélé par quelques notes, écrites de toute éternité pour emplir le vide et libérer l’âme, s’est envolé vers les étoiles. Espoir de renouveau. 
Il est des fleurs qui poussent sur le granit.
 
Alep
Sous l’œil du photographe.
Un vieil homme solitaire, impuissant, pris de musique dans son univers dévasté, témoigne au monde entier la folie et l’espoir.
 
Alep
Monsieur Anis, c’est vous, le symbole de la lumière du monde.
 
 
Adamante Donsimoni (sacem)
 
 
"Il y a des hommes, des rêves, et des objets plus forts que la guerre, et Mohammed Mahiedine Anis, sa collection de voitures anciennes, sa pipe et son phonographe, en font partie", écrit Joseph Eid, photographe à Beyrouth, en reportage en Syrie. 
 
 
 
 
 
 
 

27/11/2017

Poussière de silence


Poussière de silence
Vibration des sphères
Quelque part dans la nuit
La vie se pense
 
Regard vers les étoiles
Perdue d’immensité
La Terre-mère observe
La vie exsangue
 
Poussière de silence
Le hasard se construit
En formes et couleurs
Ciel grand offert
 
Poussière de silence
Les mots sont indurés
Dans les pierres immobiles
Le cœur bien lourd
 
Poussière de silence
En moi
Plus rien
Le vide
Illuminé
 
 
©Adamante Donsimoni (sacem)
 
 
 
August Strindberg, Célestographie XIII, 1893-1894, photogramme, 12 x 9 cm, 
Bibliothèque nationale de Suède, Stockholm
 
 
 
 
 

29/09/2017

Tonitruance divine


Il surgit au-dessus des eaux, formidable, puissant.
Sa bouche grande ouverte lance un cri inaudible qui pourtant réveille les formes.
Il dégouline avec superbe sur des lambeaux de robe, plus versatiles que les nuages.
C’est la fourmilière de l’indéfini qui grouille là. Partout les eaux se cherchent pour se réinventer.
Parfaite éclaboussure d’un masque de Bali peu amène, une sorte de mouton Miro-ien, en appui sur sa queue lui fait face. À son côté, un genre de moaï au nez bleu observe l’esquisse d’un Modigliani à perruque blonde, perdu dans les plis de sa robe.
Tout ici est aux aguets pour saisir la tonitruance divine.

Mais à bien y regarder, si la bouche devient visage, ce génie des eaux, ce cétacé ubuesque évadé des grands fonds, n’est peut-être rien d’autre après tout que Ma Dalton, le colt à la main, dans sa robe bleue ouistiti, assise sur un masque Vénitien et regardant passer un mouton en gondole.

À la vision du peintre s’ajoute mon délire, j’en conclue donc, me référant à la sagesse chinoise, que « tout dépend du point de vue où l’on se place et de l’idée que l’on s’en fait ».

Adamante Donsimoni (sacem)



Sur une œuvre de MarHak 

 

22/09/2017

Le prince des nuages

 
Le prince des nuages, sur son cheval-bouc guerroie. Le dragon à tête bleue vient d’avaler la belle Fleur d’automne aux cheveux roux dont le prince est amoureux. Diamant vert, le chat fidèle de la demoiselle reste pétrifié au pied du coq à tête et ventre rouge qui chante la victoire du sérial-dragon. Ce premier avalé est sans aucun doute victime du syndrome de Stockholm.
Un chevalier de la lune, sorte d’ange gardien insoumis, poursuit le prince :  « ton combat est vain jeune inconscient, le dragon bleu ne rend jamais rien, comme le système capitaliste, il peut tout avaler sans être jamais malade et il va t’avaler à ton tour si tu persistes dans ta folie. Vois cette Mélisande aux longs cheveux verts qui m’accompagne. Oublie ta belle, viens la rejoindre. ».
Le drame est noué. Que fera le prince ? Et toi, lecteur, que ferais-tu ?

Adamante Donsimoni (sacem)




Dessin Jamadrou       jama.e-monsite.com

09/09/2017

Des perles de pluie sur les herbes


Des perles de lumière sur les herbes 


En cette fin d’été parfumée d’automne, la pluie a maquillé les herbes. L’instant est unique, je suis sous le charme. Tout s’efface qui n’est pas lumière. Je voyage dans une pantoufle de verre* aux pays magique du strass. Je n’attends aucun prince. Et j’ai tout, absolument tout ce dont je peux rêver. Dans cette dimension, les richesses matérielles n’ont aucun sens.
Le diamant, conçu aux feux de la terre, masque sa lumière, le sage ne se répand pas.
Mais les herbes, par leurs racines, connaissent le grand dessous des choses, elles en témoignent. Je découvre la richesse de l’instant qui se donne dans cette symphonie du prisme que le vent balaie emportant avec lui une part de cet éclat d’éternité. J’ai déjà prélevé ma part. À l’éternité du diamant convoité par les Hommes je préfère celle de ce moment fugace et sans fin qui vit désormais aux tréfonds de mes espaces intérieurs.
La Terre connaît trop bien la convoitise humaine, qui porte la lumière doit la protéger des regards avides.
Voici l’enseignement des herbes ce matin et rien ne m’est plus précieux.

Adamante Donsimoni (sacem)
http://le-champ-du-souffle.blogspot.fr/

               *et non pas vair, par choix délibéré.


07/07/2017

La rencontre



Après un long voyage à travers la campagne, en ce temps reculé inscrit dans nos mémoires, un voyageur fait une halte. Appuyé sur son bâton, il s’arrête, embrasse du regard la chaumière où un vieillard accoudé à la porte l’observe.
Ses pauvres pieds meurtris
implorent un peu de repos
un si long chemin…
Mais à cet instant, rien ne presse.  Le monde paysan a ses rituels. On s’observe, on se jauge. L’arrivant le sait, il laisse au vieillard le temps de se faire une idée.
Il sait qu’en échange des nouvelles des pays voisins, le vieux lui offrira le gîte pour la nuit, dans la paille de l’appentis qui jouxte la pauvre demeure et, pourquoi pas, un bout de pain, peut-être même une tranche de lard.
Un geste de salut
un raclement de gorge
un pas vers l’autre
En attendant, deux mondes se rencontrent.
À l’étranger de prouver sa bonne foi, ne pas brusquer le contact, tisser une relation de confiance sans hâte ni précipitation.
Le dos fatigué
peut attendre la paille
si convoitée
L’essentiel se joue dans une sorte d’étirement du temps, comme un bâillement de détente.
Si la rencontre a lieu, le sédentaire accueillera le vagabond. Il fera ce soir moisson de nouvelles qui le maintiendront éveillé durant ses longues soirées de solitude, bien longtemps après que le voyageur aura disparu, avalé par le silence de la forêt.
Rembrandt (Rembrandt van Rijn) (Pays-Bas, Leiden 1606-1669 Amsterdam)  

30/06/2017

Allée des pas perdus…



 
Allée des pas perdus… ça pour l’être ils le sont ! L’esprit un peu rêveur on baguenaude sans voir dans un entre deux sans durée où le regard se berce de nature.  Vertu des grands espaces,

les pieds sont ici,
et la tête est ailleurs
on ne sait plus trop

Mais, ici ou là, quelle importance ! Comblé de ce rien qu’est l’instant, on se donne aux doigts de la brise pour ressentir la vie, respirer, s’imprégner du paradis qui frémit, là, juste sous votre peau.  Et puis soudain,

au pied d’un hêtre,
couché entre deux racines,
un nouveau-né

allongé dans la mousse
il tète encore sa mère

Cette apparition c’est l’offrande de la Terre pour fêter le prodige de votre abandon. L’arbre complice vous a ensorcelé. L’enfant du hêtre s’offre et pénètre votre immobilité de sa palpitation végétale.  Alors résonne en vous ce bruit de succion intemporel qui vous accompagne depuis la nuit des temps, à chacun de vos pas.

               ©Adamante Donsimoni (sacem)

image Françoise Isabel






09/06/2017

Akènes et fleurs de pommiers



Akènes et fleurs de pommiers
danse le printemps danse
akènes et fleurs de pommiers
si loin déjà

Sur une branche d’acacia, l’homme se rêve
sur une branche d’acacia
quelques pétales sont tombés

L’été dénude le printemps
adieu la robe d’épousée
envie de feu
envie de flamme
envie de fruits
voici la ronde des pistils
et les promesses avortées jonchent le sol
la Terre se fend
la Terre se ride
sourire meurtri
sa robe déchirée

Akènes et fleurs de pommiers
la vie gémit
l’homme se tait

Akènes et fleurs de pommiers
l’espoir gelé
se change en larmes
larmes de ciel
larmes de sang sacrificielles
 
Akènes et fleurs de pommiers
dernier soupir du printemps
dernier souffle rendu
et pas un cri
dans un trou de poussière
la folie couve
et c’est la mort

Akènes et fleurs de pommiers
voici le chant de la dernière abeille.

©Adamante Donsimoni (sacem)

Image Jamadrou