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21/12/2015

L’instant paix



L’été, la fraîcheur du matin, le bonheur à petites goulées, fenêtre grandes ouvertes.
Plaisir d’un souffle sur la peau, détente de l’esprit, expression heureuse de notre nature végétale qui s’exprime enfin dans sa nudité originelle.

Être là.  Respirer en conscience cette densité dansante que j’ai découverte pour la première fois à Meynardier, dans la Creuse, allongée sur un dolmen, sous un ciel d’un bleu absolu, après une séance de Qi Gong. Baignée dans les flux de cette matrice universelle, au centre de cette soupe primordiale de lumières d’un blanc étincelant qui virevoltaient suivant un schéma qui ne devait rien au hasard, j’ai compris, que chaque être, de quelque nature qu’il soit, est fait, prend, vit et participe de ce grand souffle de création, il en est. Au sein de ce corps infini, nous sommes liés à tout, influençons le tout, ne formons qu’une seule et unique entité.
De cette expérience qui a bouleversé ma vie, j’ai acquis la conviction que j’étais une particule de cet univers où tout se fait, se défait, se construit, disparaît selon nos pensée, nos peurs, nos espoirs.
Car nous sommes créateurs de nos rêves, car nous sommes créateurs de nos peurs et souvent nous rêvons de travers, concrétisant ainsi nos pires cauchemars. Nous pleurons le passé, craignons l’avenir, cimentant au présent notre prison de solitude et de détresse.

Nos rêves, ces rêves que nous avons la faculté de créer se situent au présent. Le passé n’est que mort, l’avenir n’est que vide, seul le présent existe. Ma force, ma capacité de créer, n’est ni derrière ni devant, elle est à l’instant où j’écris à l’instant où je pense, à l’instant que j’emporte avec moi d’instant en instant, comme un chien fidèle.
Je me dois d’avancer, fermement ancrée dans l’instant rivé au cœur.
Si je rêve, en projetant mon rêve dans le vide de l’avenir, de quoi sera-t-il fait ? Comment puis-je savoir si je serai  là demain, baignée dans la matrice de la création que demain ne contient pas encore ?
Ici, maintenant, la matrice est autour de moi, me contient, me pénètre et me crée, c’est là qu’est ma vie, c’est là que j’ai pouvoir sur elle. Certes, je peux l’imaginer, me projeter par la force de mon mental dans un demain hypothétique et abstrait, dans l’irréel, l’illusion, la béance. Il m’est impossible ainsi de concevoir car je n’ai aucun élément pour créer. Ainsi, mes pensées les plus positives, inutiles, s’envolent, se perdent, se diluent dans le rien. Il leur manque un ancrage, une matière susceptible de la concrétiser, moi.

Je pense, ma tête conçoit, trace la forme, mais  ma conception ne peut se vitaliser qu’au-dedans de moi puisant dans les sentiments qui m’animent. Ainsi, le bon comme le mauvais se nourrissent de l’instant, ainsi la guerre, ainsi la paix. Un choix individuel entre peur et amour.
L’émotion est en quelque sorte le combustible du sentiment et le sentiment le feu qui concrétise nos pensées. À chacun d’y prendre garde.

Depuis toujours je n’ai toujours bien retenu que le bonheur et quand on me demandait :
- « Quel est ton but ?  Je répondais : - « Être bien ! »  Surprise de la surprise que je provoquais.
Pour trouver la paix, (être bien) j’ai toujours fais en sorte de me tenir au centre de cet infini rassurant que je nommais Grand Père. Il a accompagné mon enfance et m’accompagne encore de sa présence, me parle sans mots, m’enseigne.
Grand Père, c’est l’horizon magique où les yeux boivent l’univers.  C’est la révélation de Meynardier, je respire au centre de son océan de lumière et partage avec le Tout la forme pensée de mes rêves en la rayonnant par le cœur. J’éclaire ainsi le rubis qui vit dans ma poitrine et sa chaleur se diffuse dans tout mon être. Je n’attends rien, je suis comblée, car cette radiance c’est l’amour, la paix indispensable à la traversée de la vie.

Adamante Donsimoni (sacem)
Jeudi 25 juin 2015

12/02/2015

Avoir chaud quand il gèle

(Extrait de mes lettres à Grand père*)



Quel temps fait-il chez vous ? Ici le froid arrive timidement, la pluie, l’humidité et le vent nous accompagnent de plus en plus souvent.

Moi, je goûte la douceur d’avoir chaud dedans lorsque du dehors les éléments nous chassent.
J’ai toujours aimé me calfeutrer dans la tiédeur d’un refuge, lorsque la température extérieure se faisait hostile. Le tout, bien entendu, est d’être au bon endroit et d’avoir la chance de posséder le refuge.
Vous me connaissez, Grand père, j’ai mal pour ceux qui meurent de froid. J’aimerais que chacun ait la possibilité de connaître la joie d’avoir chaud, pelotonné au fond de sa demeure, fut-elle modeste, lorsque l’hiver arrive.
Avoir chaud quand il gèle est un luxe qui se refuse aux plus démunis. Avec la faim, il n’est pas d’injustice plus grande au monde. Le premier des droits de l’homme devrait être de ne jamais avoir froid, de ne plus jamais avoir faim, car la nourriture est chaleur.
Il faut goûter en conscience le bonheur de la chaleur d’un foyer pour comprendre la cruauté de son absence. Ce soir, je me repais de ce bonheur, des souvenirs qu’il génère.
Que de feux de bois brûlent dans ma mémoire, que d’heures, égrenées par la pendule ancestrale de mes souvenirs, continuent à rythmer mes impressions de la morte-saison bien au chaud.

Je n’ai plus envie de partir.
Ici, dans cette campagne creusoise, je crois retrouver le joyau de l’enfance, caché dans les prémices du froid. Chaleur d’une flamme, d’une soupe chaude, de bras qui se referment sur vous lorsque le sommeil vous emporte et que l’on est petit, tout petit.
L’entendez-vous Grand-père, l’escalier qui grince ?

L’enfant ne cesse de sommeiller en moi, je n’ai même pas besoin de fermer les yeux, j’y suis. Il fait bon vivre, papa et maman ne sont pas loin, rien de mal ne peut arriver.
Voyez-vous Grand-père, l’enfance n’est pas derrière nous, elle est au-dedans de nous, elle jouxte notre vie d’adulte.
C’est une grossière erreur de la croire derrière. Faut-il avoir abandonné le rêve pour en arriver à cette extrémité!
En vérité, abandonner le rêve c’est abandonner le réel. Je rêve donc je suis, car je me rêve depuis ma naissance jusqu’à ma mort !
Le rêve guide mes pas vers mon devenir, c’est ainsi, le reste n’est que mensonge.
Rien ne peut m’empêcher à chaque instant d’avoir l’âge de tous mes âges.
Je suis et serai une éternelle enfant, une éternelle adolescente, une éternelle vieille, le tout à la fois, inestimable cadeau de la vie.
Et je lui dis merci ! Il n’est pas toujours facile de voyager en elle, de se heurter à ce qui nous apparaît être ses contradictions et de conserver un semblant d’équilibre.

Mon cerveau est un funambule, il travaille sans filet au-dessus du gouffre des idées antagonistes.
La  sentez-vous la rupture Grand-père ? Le sentez-vous le point à ne pas dépasser pour ne pas plonger irrémédiablement sans espoir de retour ?

Je vis, cela ressemble une grande partie de poker.
Je joue, je remets tout en jeu. Le gain est éphémère, c’est là son principal attrait : jamais rien d’acquis, toujours tout à conquérir ; toujours veiller à secouer la torpeur qui parfois frappe par lassitude, par oubli du mouvement.

Mais vous le savez, vous, Grand-père, l’idée de la mort est une invention humaine, une absurdité, tout juste un épouvantail pour effrayer ceux qui ont rogné leurs ailes et tremblent devant l’inconnu.

Je vous connais Grand père, de quoi pourrais-je avoir peur ?

Adamante ©SACEM

*Mes lettres à Grand père sont des promenades épistolaires empruntant à la poésie chinoise, magnifiquement servie par des Maîtres comme Li Po ou Wang Wei, la narration de l’instant qui se donne à vivre et des réflexions qui l’accompagnent, en témoignant d’expériences du quotidien, toujours reliées à une certaine recherche spirituelle dépourvue de toute implication religieuse.
Ce choix de concevoir cette œuvre sous la forme de lettres me semblait correspondre parfaitement pour converser avec un personnage virtuel, apparenté à un confident, un sage, un témoin discret de mes questionnements.