Intermède à la lecture de « L’axe du loup » de
Sylvain Tesson à son arrivée près de Golmud –Tibet- 27/10/2015
« Sans sortir de chez lui, le sage connaît les
Hommes » (Lao Tseu), l’idée nous renvoie au « Connais-toi
toi-même » (Socrate) ou encore au « Nous sommes tous frères »
(Jésus) , car ce qu’est l’autre, développé à des degrés divers, est en nous. Le
bon, le mauvais -considération suggestive en vertu de ce qui nous arrange ou
nous dérange- sont là, comme yin
en yang, yang en yin. Tout dépend sans doute de l’état d’avancée de la roue de
notre vie sur le sol de notre progression vers ce que nous appelons :
l’éveil. Cette petite lumière, tout d’abord fugace, puis clignotante tend à
s’allumer de plus en plus souvent et à le rester de plus en plus longtemps dans
la durée. Ainsi l’Homme qui marche et peine s’aiguise en son ensemble par le
biais de sa solitude et de ses muscles en souffrance pour vérifier ce que le
sage –un marcheur repenti ?- vérifie sans quitter sa demeure.
Ajoutons à cela, le liseur qui participe à l’épreuve, de
façon statique et kinesthésique, pour tirer bénéfice de la découverte et de
l’avancée du pérégrin.
Comment ne pas sourire en pensant à la vie ? À ce grand
jeu phénoménal qui nous pousse tous à la recherche de ce Dahu* : Qui
suis-je ?
Adamante ©sacem
*le Dahu ou Dahut, animal
de légende de nos provinces françaises, aux pattes plus longues d’un côté que
de l’autre (d’où son mauvais équilibre) fut chassé dans les bois pentus, (l’animal
ne pouvant de par sa conformité se déplacer sur sol plat) durant les mois d’hiver
de préférence. Cette chasse au Dahu était propre aux communautés rurales aux
fins de rire d’un naïf et d’alimenter les veillées. En quelque sorte une parodie
d’initiation, teintée de moquerie, pour les nigauds.
Le Dahu se chassait en
battue. Les rabatteurs (organisateurs de la chasse) cognaient avec leurs bâtons
sur les arbres d’un bois en pente et le naïf, posté en contrebas, faisait le
gué en tenant un sac de toile ouvert pour capturer l’animal. On pouvait lui
enseigner un chant qui « renversait » l’animal, le forçant à tomber
dans le sac. Enfin le naïf était abandonné au beau milieu de la nuit et de
nulle part, condamné à rentrer seul chez lui, en pleine nuit. De quoi alimenter
en rires les soirées autour d’un feu.
Ajoutons à cela que, même
si ce n’était pas le but recherché, la moquerie bien souvent pouvait s’avérer
cruelle.