Les pins du mont Lu s’éloignent dans la brume tissée par les
doigts des sages. Haleine de Li Bai* sur le sentier fleuri. Le brouillard boit
mes craintes. Je me rends à l’espace, dépose armes et désirs, vouloir et
frustration au pied de la montagne. L’immensité m’avale c’est doux comme une
lèvre aimée d’un amour de lumière, et l’oubli… L’oubli rayonnant de présence.
Plénitude infinie, et toujours cette sensation de descente en soi par la magie
de la beauté. Sans vertige, s’enfoncer dans ses tréfonds, ne pressentir aucune
limite, glisser, glisser, glisser comme on s’abandonne au plaisir. Ici l’infini touche l’éternité, les
brumes intérieures fusionnent avec les brumes de l’espace, c’est la paix.
Au cœur de l’étoile, dont chaque branche est un chemin vers
l’autre, un geste de partage, irradiation de l’essentiel, pénètre l’univers.
Ne
suis-je pas sans cesse au centre de ce cœur où mon sang prend sa source ?
©Adamante Donsimoni (sacem)
16 novembre 2016
*Le Mont Lu : terre des lettres, mont
des poèmes, qui domine la province de Jiangxi en Chine.