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26/05/2017

Un conte de perles d’eau


Apparitions aquatiques sur le bord de l’évier. Un conte de perles d’eau.
Une femme élancée, sorte de rémanence d’une cité interdite, glisse doucement vers l’oubli ; tant oubliée déjà et pourtant si présente. Seule avec les fantômes à peine esquissés de sa solitude, un doigt sur le menton, elle semble méditer. Elle passe. Elle ne fait que passer, elle ne sait que passer.
Dans les plis de sa robe, quelques ébauches de silhouettes hésitent à se montrer, la crainte les contraint bien plus que la lumière, mais elles l’ignorent.
- « Tu ne seras point.»
Il en faut du courage pour bousculer un tel précepte ! C’est écrit si profondément en soi. Comment s’en départir sans perdre ses repères et risquer de se dissoudre dans un néant supposé pire que la prison dont on connaît chaque mur ?
Le profil d’un Moaï, dans la certitude de sa solidité, domine ces chimères. Le poids est sa puissance. Il méprise la force de l’eau, cette patience qui un jour le couchera irrémédiablement.
Ici, tout n’est que silence. Rien pour troubler la paix d’ombre de l’horizon incertain vers lequel les herbes, bercées par le courant, s’inclinent.
Tout se dessine dans l’instant, l’instant qui n’en finit pas d’être et de se transformer.
 
 
 
 
 
Image ©Adamante
 
 

19/12/2016

Emporte-moi


Le manège m’emporte. Tourne, tourne la musique. Je tourne, tourne avec elle. Mes pieds touchent à peine le sol, plus de poids. Je suis avalée par le typhon du ciel. Je quitte les soucis du monde, mon corps s’oublie dans le mouvement. Plus de misère, plus de guerre, plus de viols, plus d’exactions dans le sang, plus d’ennui, plus cette sensation d’impuissance.
Dans le monde, un pays sur deux pratique la torture…
Tourne, tourne la musique. Je tourne, tourne et je vis.
Caresse de la voix portée par les accords, caresse essentielle, salvatrice. Le bleu nuit du ciel m’avale, j’ai quitté la terre. Je tourne comme l’enfant aspiré par l’appel des sphères.
Cette voix… Elle m’emporte si loin.
Qu’elle m’emporte et que je retrouve ce que j’aime, sans forme, mais si vivant, sans forme mais si prégnant.
Mes larmes baignent le feu de ce cœur qui n’a pas réussi à se dessécher.
Emporte-moi au pays de l’oubli, dans l’unique bonheur de tourner parce que tout tourne et que cela est essentiel.
À cet instant, je ne veux rien d’autre que l’oubli.


©Adamante Donsimoni (sacem)
En écoutant Take this waltz de Léonard Cohen