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21/02/2019

« Navrance » et vanité


Un âne sans bonnet, il est sur la tête du peintre. Vanité de la possession masculine dans un milieu où, sur les murs des beaux-arts, je me souviens, fleurissaient des formules poilues :

« zob + zob = zob »

« Navrance » d’un milieu dopé à la testostérone pour qui la femme est à immortaliser nue sur une toile et à baiser le soir entre  chansons paillardes et vinasse. Qu’importe l’incongruité du lieu où on la représente, on peut la voir en tenue d’Ève incarnant la tentation, assise sur une pelouse entourée d’hommes portant costume et haut de forme.
Vanité !

Le monde de ces hommes a réduit la femme à se soumettre, celle qui tente de s’en libérer devient une Camille sublime happée par la folie.

Entre sublime et déchirure, la stupidité des codes. En photographie par exemple, le vintage vaut de l’or, la découverte post-mortem d’une œuvre ne vaut que pour le regard.
Vanité !

Que voit cette femme observant ce mari ridicule brossant un âne sur son pubis ?
Penchée vers lui elle semble étonnée. Apparaissant telle une observatrice extérieure, son expression pourrait laisser à penser qu’elle est en passe d’éclater de rire.
« Pauvre fou ! »  la pensée traverse la toile.

Et comment le voit-elle cet amant, bâtant l’âne pour le réduire à une monture ?
Le tableau ne le dit pas. Soyons libres d’imaginer. Mais est-ce bien nécessaire ?
           
Dans la vie et dans l’art, de Shéhérazade à ces ânes, le piège de l’espèce se referme sur l’errance bipède où, malgré l’évolution, quelque part encore, une formule lézarde les murs :

« zob+zob = zob »


Adamante Donsimoni (sacem©)


Une œuvre de Pierre Subleyras, d'après le Bât, conte de Jean de la Fontaine