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13/09/2022

L’amour sans attente

 En écoutant tout ce qui se dit et s’écrit sur la toile ou dans les livres, je me fais la réflexion que bien trop souvent la complexification sert à se perdre plutôt qu’à se trouver. La simplicité étant sans aucun doute aussi la chose la plus difficile à atteindre, il se peut que ce soit à cause d’elle que tout cela s’embrouille comme pelote de laine entre les griffes d’un chat. 

Nous souffrons, nous nous débattons entre accusation et culpabilité, entre désir de se parfaire et frustration de ne pas y arriver, de louper la marche de « l’éveil ». Comme cela est lourd, réducteur ! Ce que je crois c’est que sur notre chemin de vie, nous recherchons à combler un manque. Tagore dans son offrande lyrique le disait : 

« C’est l’angoisse de la séparation qui s’épand par tout le monde et donne naissance à des formes sans nombre dans le ciel infini. » 

Séparation, chagrin et peine infinie, oui, c’est le manque qui nous accompagne depuis notre premier souffle, lorsque quittant le milieu du liquide amniotique, nous expérimentons la brûlure de l’air. Depuis cet instant de transition brutale, consciemment ou inconsciemment, nous partons en quête de l’unité perdue tout d’abord à l’extérieur de nous puis, épuisés par nos vaines recherches, progressivement nous prenons conscience que nous devons la chercher en nous, que c’est en nous que réside la réponse à notre attente, en nous que nous attend cet « Immobile de cœur », ainsi que le désignaient les anciens Égyptiens.

L’Immobile de cœur, Dieu, le Grand Esprit, l’Âme originelle, la Source… il est pléthore de noms pour désigner cet éclat qui nous habite.  Toujours est-il que cet éclat est l’incarnation de la paix et de la vacuité, l’intense vibration de l’énergie de l’Amour sans attente.

Je choisis le mot attente plutôt que celui communément utilisé d’attache car il me semble mieux exprimer ce qu’il entend : un amour qui se donne en toute liberté sans nécessité de réciprocité. Ceci n’exclut pas, bien au contraire, l’idée qu’il soit sans attache. Qui n’attend pas ne réclame ni ne crée aucune attache et s’en trouve libre lui-même. Et parce que l’amour est là un état d’être plutôt qu’un sentiment lié à une émotion, il dépasse la particularité pour vibrer dans l’universalité, il englobe et baigne sans restriction. 

En nous donc est ce mystère, ce havre dans lequel nous pouvons nous réfugier pour accueillir, conscientiser et embrasser, sans juger, sans rejeter, avec bienveillance et respect les moindres faits positifs ou négatifs de notre quotidien, nos idées « marche arrière », nos culpabilités, nos rancœurs... 

Le reflet de nous-mêmes dans ce miroir du cœur est un reflet lumineux et sans tache. 

Il me semble donc indispensable de « rassurer l’enfant malade » plutôt que de le punir, et de lui offrir ainsi la possibilité de s’apaiser, c’est à cette condition que nous pouvons obtenir d’avoir l’esprit libre, de connaître le repos et la paix. Car l’Immobile de cœur qui réside en nous, c’est la vie qui palpite à chaque instant, la perfection primordiale, et je le redis, ainsi que je le disais dans mon livre Romano, les lettres à Grand-père* : 

 

« Ce qu’il y a de plus beau dans la vie, c’est la vie. »

 

Adamante Donsimoni ©sacem

Mes petites pensées du quotidien.


Cette pensée est la base de mon enseignement au travers des ateliers que j'anime, ce retour à soi, au respect de soi, à la confiance.

 * Ce livre est toujours disponible auprès de moi.

 

21/12/2015

L’instant paix



L’été, la fraîcheur du matin, le bonheur à petites goulées, fenêtre grandes ouvertes.
Plaisir d’un souffle sur la peau, détente de l’esprit, expression heureuse de notre nature végétale qui s’exprime enfin dans sa nudité originelle.

Être là.  Respirer en conscience cette densité dansante que j’ai découverte pour la première fois à Meynardier, dans la Creuse, allongée sur un dolmen, sous un ciel d’un bleu absolu, après une séance de Qi Gong. Baignée dans les flux de cette matrice universelle, au centre de cette soupe primordiale de lumières d’un blanc étincelant qui virevoltaient suivant un schéma qui ne devait rien au hasard, j’ai compris, que chaque être, de quelque nature qu’il soit, est fait, prend, vit et participe de ce grand souffle de création, il en est. Au sein de ce corps infini, nous sommes liés à tout, influençons le tout, ne formons qu’une seule et unique entité.
De cette expérience qui a bouleversé ma vie, j’ai acquis la conviction que j’étais une particule de cet univers où tout se fait, se défait, se construit, disparaît selon nos pensée, nos peurs, nos espoirs.
Car nous sommes créateurs de nos rêves, car nous sommes créateurs de nos peurs et souvent nous rêvons de travers, concrétisant ainsi nos pires cauchemars. Nous pleurons le passé, craignons l’avenir, cimentant au présent notre prison de solitude et de détresse.

Nos rêves, ces rêves que nous avons la faculté de créer se situent au présent. Le passé n’est que mort, l’avenir n’est que vide, seul le présent existe. Ma force, ma capacité de créer, n’est ni derrière ni devant, elle est à l’instant où j’écris à l’instant où je pense, à l’instant que j’emporte avec moi d’instant en instant, comme un chien fidèle.
Je me dois d’avancer, fermement ancrée dans l’instant rivé au cœur.
Si je rêve, en projetant mon rêve dans le vide de l’avenir, de quoi sera-t-il fait ? Comment puis-je savoir si je serai  là demain, baignée dans la matrice de la création que demain ne contient pas encore ?
Ici, maintenant, la matrice est autour de moi, me contient, me pénètre et me crée, c’est là qu’est ma vie, c’est là que j’ai pouvoir sur elle. Certes, je peux l’imaginer, me projeter par la force de mon mental dans un demain hypothétique et abstrait, dans l’irréel, l’illusion, la béance. Il m’est impossible ainsi de concevoir car je n’ai aucun élément pour créer. Ainsi, mes pensées les plus positives, inutiles, s’envolent, se perdent, se diluent dans le rien. Il leur manque un ancrage, une matière susceptible de la concrétiser, moi.

Je pense, ma tête conçoit, trace la forme, mais  ma conception ne peut se vitaliser qu’au-dedans de moi puisant dans les sentiments qui m’animent. Ainsi, le bon comme le mauvais se nourrissent de l’instant, ainsi la guerre, ainsi la paix. Un choix individuel entre peur et amour.
L’émotion est en quelque sorte le combustible du sentiment et le sentiment le feu qui concrétise nos pensées. À chacun d’y prendre garde.

Depuis toujours je n’ai toujours bien retenu que le bonheur et quand on me demandait :
- « Quel est ton but ?  Je répondais : - « Être bien ! »  Surprise de la surprise que je provoquais.
Pour trouver la paix, (être bien) j’ai toujours fais en sorte de me tenir au centre de cet infini rassurant que je nommais Grand Père. Il a accompagné mon enfance et m’accompagne encore de sa présence, me parle sans mots, m’enseigne.
Grand Père, c’est l’horizon magique où les yeux boivent l’univers.  C’est la révélation de Meynardier, je respire au centre de son océan de lumière et partage avec le Tout la forme pensée de mes rêves en la rayonnant par le cœur. J’éclaire ainsi le rubis qui vit dans ma poitrine et sa chaleur se diffuse dans tout mon être. Je n’attends rien, je suis comblée, car cette radiance c’est l’amour, la paix indispensable à la traversée de la vie.

Adamante Donsimoni (sacem)
Jeudi 25 juin 2015

31/12/2014

Absence et illusion


Nous sommes des êtres d’habitude, même si l’on s’en défend, même si l’on fait tout pour échapper à ce piège de l’espèce semblable à celui qui nous pousse à nous reproduire. Il y a là une programmation inflexible, et arracher quelque excroissance de ce cancer n’atteint pas la racine indurée au plus profond de nos gènes. On a beau masquer la réalité, un jour, elle nous rattrape, et ce croche-pied du temps parcouru nous met, avec la violence d’une chute sur des graviers acérés, face à la cohorte d’absences qui a jalonné notre chemin. Nous voilà pris dans l’invisible filet, car on ne parcourt pas le temps, on l’accumule sur nos années d’errances au travers des illusions que nous chérissons pour masquer cette réalité : la mort fait partie de la vie.
Comme une forêt qui s’éclaircit en même temps qu’elle se renouvelle, la colonie générationnelle se raréfie, ici et là, un vide, un temps, puis le vide disparaît, un autre arbre se plante et croît, tout change, du moins en apparence.

En marchant dans le village ce matin, j’ai croisé ces maisons fermées où, il y a peu, la vie palpitait encore. De moins en moins fort certes, comme hésitante à rester ou partir, terrée derrière ces murs conçus pour se protéger, se cacher et finalement disparaître un matin dans la pudeur du terrier, comme pour s’excuser de quitter ce monde avant d’être tombé dans l’oubli, comme ceux de la maison d’en face que les murs ont depuis longtemps digérés et qui ne laissent plus qu’une interrogation.
Le temps vient rapidement à bout de tout et de la mémoire. La presque ruine ne livre plus que mystère. Sa toiture crevée par la croissance d’un saule, sa porte ouverte sur un quotidien abandonné à la poussière et aux araignées, sa vigne au bois dormant qui en condamne désormais l’accès, ne disent plus qui vécut ici, heureux ou malheureux. La question reste sans réponse. Et la nuit, cette bouche béante d’ombre inspire terreur.
Ce que l’on ne comprend pas est menace et l’instinct qui préside encore à nos réactions nous somme de fuir, de nous éloigner au plus vite, avant que ce que l’on sent déjà nous grignoter, ne nous dévore totalement.

Dans ce bout du village, parmi toutes ces absences définitives ou partielles, il ne reste plus qu’une seule maison vivante. Pourtant celle-là non plus, même en plein jour, n’incite pas à s’arrêter. Il y a en elle quelque chose du sarcophage. Il isole et phagocyte doucement ceux qui l’habitent.

Ici, dans ce pays creusois, le granit a servi à construire la demeure des vivants et des morts, épaisseur inviolable dressée contre l’adversité, barrière minérale dont aucune porte ne s’ouvre sur la liberté.
Illusion, illusion.

La maison près du lavoir, vide elle aussi, fantomatique les nuits de pleine lune, dominait jusqu’à présent une vaste pelouse fleurie et bien entretenue. Elle m’apparaît dans ma vision dévorée par les broussailles où quelques marguerites blanches, rescapées, se dressent en bouquets, comme pour témoigner des restes d’un présent pas tout à fait vaincu. J’envisage en cueillir quand j’aperçois sa propriétaire guerroyant contre les herbes. Vaine tentative au regard de son âge, acte pathétique de ne pas abandonner sa maîtrise sur les éléments. Toute une vie à dompter la terre ne peut se réduire au fauteuil quand la fatigue s’insinue dans la chair. Elle se redresse, m’aperçoit, soupire et décide d’une trêve. Elle m’invite à la suivre. Depuis le décès de son mari, elle habite avec sa sœur, la maison d’à côté. Nous entrons. La pièce à vivre est d’une froideur inhabituelle, elle suinte l’abandon et transpire l’absence. Abandonnée ici la lutte répétitive pour l’hygiène contre la crasse. De grosses taches maculent le sol fait de larges dalles de granit jointées, propre aux maisons anciennes. De la vaisselle sale traîne dans l’évier. Nulle trace de la sœur, le grillon du foyer semble avoir déserté les lieux. Je regarde alentour, quelques chaises vides, un fauteuil désemparé, je comprends. L’absence, encore !
Je suis restée trop longtemps partie, ce que je connaissais n’existe plus, effacé, digéré. Rien ne ressemble plus à rien, pas même la disposition des lieux. Je sais, ce n’est qu’un rêve, mais il me place face à l’inconcevable construit de ces innombrables absences cumulées, je regarde un livre aux lignes non pas raturées mais effacées. Paragraphes troués de blancs qui ne demandent qu’à jaunir ou accueillir des mots nouveaux pour que les phrases perdurent sur leur support de papier, jusqu’à ce que lui-même s’efface, s’effrite ou se dissolve.

Je perçois de plus en plus clairement mon existence non comme un chemin qui avance, mais plutôt comme un axe sur lequel se sont agglutinées des expériences, des rencontres, un axe immobile, sorte de disque dur où toutes mes données de vie sont inscrites. Elles m’ont façonnée et me portent, ne reste qu’une seule inconnue, s’effaceront-elles lorsque le destin chronophage m’aura effacée à mon tour de cette aire où se jouent les destinées ?

Pantin le 29 décembre 2014


Note : après ce rêve, j’ai immédiatement téléphoné pour prendre des nouvelles, ce n’était qu’un rêve, la sœur était toujours là. Mais dans le même temps, une très grande amie à moi, Sœur Véronique nous quittait et je ne l’ai appris que le 31 décembre.
Aujourd’hui je veux lui offrir à mon tour ces mots de Saint Bonnaventure qu'elle m'avait adressés un 18 janvier 2004 et qui sont toujours là, sur mon bureau, près de sa photo  :
« À cette source de vie et de lumière, accours donc, qui que tu sois. »

Adamante


16/05/2014

Comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !



Comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !
Il suffit de si peu, un mot, une phrase, un échange pour nous extraire de notre solitude et nous combler.

Il arrive parfois que l’on soit aimé sans y trouver de joie, tel un voyageur étranger sur la route du manque. Il n’est pas de bonheur partiel, cette composante solitaire et stérile n’est qu’illusion. Il nous faut aimer pour apprécier l’amour, aimer pour qu’il s’enflamme et devienne appelant.
L’amour seul peut nous ouvrir aux autres, aux animaux, aux plantes, aux choses mêmes. Il est étincelle si infiniment petite, si masquée aux regards qu’elle en est immense.
Voit-on l’immensité ?  Pas plus que l’infiniment petit. À peine les discerne-t-on.

Souvent pourtant l’amour appelle et sans savoir pourquoi, nous voilà tout émus, comblés, même aux pires moments. Nous voilà aimants d’un amour sans but. Nous voilà brûlants, irradiants. Étrange complétude venue de nulle part à nos yeux aveugles.
Et puis nous comprenons que l’amour se donne, qu’il ne se prend pas.
Cet amour, je le vis comme un élan irrésistible de nos espaces intérieurs vers l’infini de l’espace, un élan pacifiant.

Aimer, comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !

S’ouvrir pour tout donner sans chercher de retour, voilà le vrai bonheur.
Et c’est là, dans cet espace de spiritualité totale, que s’inscrivent les luttes qui défendent la vie.

Ce que je sais, c’est qu’après l’avoir goûté cet amour, notre vie en est bouleversée, elle devient cheminement vers lui qui efface, balaye tous les manques et nous emplit au-delà de nous-mêmes.
Sur ce chemin, nous ne sommes pas seuls.

Quand se présente une traversée du désert, cet horizon de vide où l’on se sent inutile, taraudé par le manque, un mot parfois, même anodin, peut soudainement nous éclairer, nous faire aimants, nous sentir aimés.

J’imagine cette multitude d’étincelles qu’est l’humanité irradiant au même instant, que serait le monde ?
N’est-ce pas à chacun de nous de le créer ce monde, en s’éveillant, simplement en s’éveillant, nu de toute crainte de perdre ?

Que serait le monde abandonnant toute volonté de pouvoir à la volonté d’être ? Aimant, offert aux quatre vents, ouvert, uni à l’immensité cosmique.

Aimer, comme il est nécessaire d’aimer pour être heureux !

Adamante (déposé sacem)