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18/02/2024

Virgule du temps

Photo F.X.C

 


La pluie n’avait pas cessé de tomber, et le sol rendait son eau jusqu’à inonder les abords de la rivière. Quelques arbres s’étaient couchés. Sécheresses puis pluies avaient eu raison de leur résistance. Leurs racines offraient à présent le spectacle de leurs arabesques dansant au-dessus des eaux où elles se reflétaient. 

Les végétaux transcendent le visage de la mort par la beauté. Un petit passereau était venu inscrire un instant son image dans cet entremêlement de racines échevelées. C’était la vie qui s’inscrivait là, offrant à mon regard le tableau dépouillé de l’acceptation, une œuvre d’art dramatiquement belle 


instant de repos

avant le prochain envol -

virgule du temps




Adamante Donsimoni ©musicstart-sacem

12 février 2024



L'HERBIER DE POÉSIES PAGE 229



 

26/04/2018

Le marionnettiste


 Photo Carine Noushka (toutes les photos de son journal facebook dont cette série sur l'Euplecte à croupion jaune)

 
Il était une fois, l’autre côté du miroir.
Les herbes poudrées de rose, de violet m’avaient entraînée ce jour-là, jusqu’au ravissement. J’avais perdu tout sens commun, je découvrais l’invisible.

Un elfe d’herbier
dansait pour un oiseau noir,
leçon de charme

L’oiseau s’était arrêté comme s’arrêtent les oiseaux quand ils sont fatigués de voler, sur la tige d’une plante sèche. Très concentré, il regardait l’elfe d’un œil attentif.

Dialogue muet
entre la terre et le ciel,
une vibration

Ces deux-là me semblaient complices, comme peuvent être complices ceux qui échappent à la menace humaine, du moins pour un instant.

Un instant, un seul
et le temps s’éternise,
tout est si léger.

Le souffle chaud du vent que l’on devine balaye les certitudes. Il ne reste plus rien que l’imaginaire en action, les profondeurs créatrices d’un cœur ouvert sur l’oubli de soi.

Là, derrière l’oiseau,
une silhouette d’enfant,
une apparition.

C’est le marionnettiste des hautes herbes. Penché vers le sol, il fait danser les elfes du grand herbier de la Terre quand les oiseaux sont tristes. Quelle nostalgie dans l’œil de ce petit oiseau marqué de jaune sur le dos.

Sur sa livrée noire
est inscrit le doigt du Soleil,
la distinction d’un Dieu.

Tout en lui est tendresse. Il rayonne d’un amour dont l’unique et impérieux besoin est de se donner, sans attente, sans espoir de retour, nécessité de célébrer la vie tout simplement.  Et, pensant à la dérive humaine de ne donner d’importance qu’à l’économie et aux marchés financiers, en le regardant, je me demande si pour la Terre l’espoir nous est encore permis.

L’amour d’un oiseau
le doux murmure des herbes,
un souffle, la vie.


©Adamante Donsimoni (sacem) 

14/04/2017

Le monde se rêve



Le demi-dieu du printemps préside au dégel.
Il s’extirpe de la dimension des eaux, réalise l’arbre et la pierre, cristallise l’or d’un soleil venu réchauffer la terre, semer la vie.
Dans ce chaos de glace encore à la dérive, dans ce chaos grinçant livré à la débâcle, des visages surgis du néant expérimentent la forme, leurs traits sont déjà porteurs de l’esprit. 
Certains, paupières closes, surgis des ténèbres intestines d’un lac sont déjà en quête de sagesse.  L’oiseau noir se prépare à son envol vers la lumière.
De chaque fissure, on pressent le germe d’une connaissance prête à conquérir le monde. 
Le ciel enfin différencié de cette soupe primordiale, pris d’un insatiable désir d’expansion, a commencé son évasion vers l’infini. 
Bientôt le premier cri accueillera le souffle et le monde sera, pour l’instant, il se rêve.

©Adamante Donsimoni (sacem)







10/03/2017

L'exil



L’oiseau
les ailes décharnées
plumes emportées par le vent
quêteur de tendresse
raconte une histoire
déracinée

Lointains
le pays absent
le ciel des premiers désirs d’envol
le soleil plus rouge
la terre plus vivante
les parfums plus rares
ce qui reste du passé
après la déchirure
c’est la magnificence
par dilatation du cœur
cette partie intime
pas tout à fait morte
mais à jamais perdue
hante les espaces intérieurs
c’est désormais la dimension du vide
la corde brisée
la note désaccordée
la fêlure
la voix
qui chante
l’absence
en rêvant
de la liberté.

©Adamante Donsimoni (sacem)




03/05/2016

La bonté du masque



Roulent les flots d’un monde moussu de détergents stériles.
Vitrine d’un entre-soi de bien-pensants se penchant sur les misères du monde, se félicitant de tant de clairvoyance, se congratulant de tant de générosité.
Et pendant ce temps, le prisonnier innocent continue de croupir en sa prison plurielle, celle de tous les horizons fermés où n’arrive pas une note de ces voix justes capables de gonfler les gosiers sur la mélodie de l’ego.
Le chant de l’oiseau, incantation au lever du jour, a bien plus de force pour ouvrir la porte des geôles. Cette force-là, cette magie sans calcul, a la grâce de l’amour qui se donne par amour.

Adamante (sacem)