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15/03/2019

La quête du bonheur




Acrylique sur papier froissé - Adamante Donsimoni -




Dans la nuit étoilée
Au-dessus du sol battu de soleil
Les enfants se pressent
Ils quémandent la tendresse
D’un père spirituel
Un père blanc venu évangéliser les peuples d’Afrique
Représentant consacré du père éternel
Sous la protection duquel ils sont promis.

La nuit est déjà là
Un astre dans le ciel éclaire leur rêve de ce paradis
Où les premiers seront les derniers
Où s’égailleront aussi les petits-enfants pauvres
Les petits-enfants noirs
Un paradis plus lumineux que cette étoile
La croix
Accrochée au fait de la petite chapelle
Un paradis lointain pourtant
Bien trop teinté du blanc de l’inégalité
Mais comment pourraient-ils le savoir ?
Ils ont tant soif de spiritualité
Ils ont tant soif de cet amour promis
Ils ont tant à donner en retour

Cette croix qui domine toujours tout
Ils ne le comprennent pas encore
Mais ils la porteront
De prière en prière
De génuflexion en génuflexion
De pénitence en pénitence
Jusqu’à leur dernier souffle
Acceptant jusqu’à l’inacceptable
Pour le mériter ce paradis.

L’enfant de la misère
Quel que soit son pays
Quelle que soit sa couleur
Est un pénitent qui rêve de bonheur
Jusqu’à cette prise de conscience
Cet éveil
Où il parvient à s’affranchir de la croyance.

Adamante Donsimoni ©sacem

06/05/2017

La misère ordinaire

C'est un constat terrible qui nous met face à notre impuissance individuelle dans ce monde où une poignée vit de la misère du plus grand nombre.

J'ai souvenir d'un vieil homme, près de la gare d'Austerlitz, il y a déjà quelques années. Il était là, à tendre la main, en attendant que, pour les automobilistes, le feu passe au vert. À ses pieds, il portait des charentaises, dans la rue, il pleuvait. Quelle bonté sur son visage, aucune trace de rancœur, il m’avait émue. Le temps que j'ouvre mon sac pour trouver quelques pièces dans ce fourbi, le feu est passé au vert. Ça poussait derrière, l’automobiliste n’est pas patient. Je n'ai pas eu le temps de lui tendre la main, j'ai embrayé, je suis partie.
Je n'oublierai jamais, ce vieux Monsieur, il aurait pu être mon grand-père. Cette idée m’est encore insupportable. Il faut si peu pour qu’un chemin soudain diverge et vous mène à un carrefour, sous un porche, devant une grande surface, à la rue ; à la rue… brisé, violé, exclu par la société des hommes.
Cette misère est intolérable et ce n’est certes pas demain, 7 mai 2017, second tour d’une présidentielle entre peste et choléra, qu’un bulletin, quel qu’il soit dans l’urne, y changera quoi que ce soit !

De façon individuelle, si l’on ne peut donner à tout le monde, offrir ne serait-ce qu’un sourire c'est déjà partager un peu de notre humanité.
Il est des sourires inoubliables, glanés comme ça, au hasard du chemin qui vous accompagnent toute une vie.  Qui sait ce qu’ils peuvent faire ces sourires offerts à des êtres habituellement invisibles ?
Redonner confiance, éviter le gouffre, rompre la solitude, réveiller l’espoir ?
Faire bifurquer un chemin, pourquoi pas ? Que savons-nous des ressorts profonds de la vie ? De l’impact d’un peu de tendresse ?
Alors, luttant contre cette raideur qui nous pousse à baisser les yeux, à accélérer le pas pour échapper à cette confrontation douloureuse, à cette culpabilité impuissante, comme si cela était possible, je m’efforce de ralentir. Je m’oblige à croiser le regard, à sourire et découvrir au fond de ses yeux l’être qui se meurt derrière la transparence assignée par la société et peut-être ainsi réussir, l’espace d’un instant, à alléger le poids de la négation et du rejet.
C’est comme ça qu’un jour, j’ai rencontré l’homme aux pigeons.
C’est comme ça qu’un jour, j’ai rencontré Giuseppe et je prends conscience aujourd’hui, en cette veille électorale, que je ne lui ai pas donné un centime.

Mais quelle rencontre !

Adamante Donsimoni (sacem-billet d'humeur)
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03/05/2016

La bonté du masque



Roulent les flots d’un monde moussu de détergents stériles.
Vitrine d’un entre-soi de bien-pensants se penchant sur les misères du monde, se félicitant de tant de clairvoyance, se congratulant de tant de générosité.
Et pendant ce temps, le prisonnier innocent continue de croupir en sa prison plurielle, celle de tous les horizons fermés où n’arrive pas une note de ces voix justes capables de gonfler les gosiers sur la mélodie de l’ego.
Le chant de l’oiseau, incantation au lever du jour, a bien plus de force pour ouvrir la porte des geôles. Cette force-là, cette magie sans calcul, a la grâce de l’amour qui se donne par amour.

Adamante (sacem)