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10/03/2022

Le Pont de Comencau

 


 

On a chanté le pont de Nantes et la Loire majestueuse, nous chanterons le pont de Comencau et l'Aveyron que domine le château de Cayla. Une enjambée singulière, dessus les eaux cascadant joyeusement vers le Tarn pour rejoindre l'Océan, que toutes les rivières et les fleuves convoitent.  
 
Un irrésistible voyage
le goût du sel, du vent
et des voiles
 
Le vieux pont immobile la regarde danser cette eau prise d'impatience. Le paysage est à rêver quand les buissons du printemps explosent le blanc de leurs fleurs, dont le parfum grimpe jusqu'aux pierres resplendissantes du château, au coucher du soleil.
 
Un petit éclat
un souvenir de l'Eden
pour l'âme en exil
 
où, sur cette terre sacrée
elle peut contempler la lumière.

 
Adamante Donsimoni

8 mars 2022 ©SACEM


D'autres textes sur l'HERBIER DE POÉSIES


30/01/2022

 

Photo ABC

 

 

L’attente de la forêt


Ils se sont pris les branches dans l’automne les feuillus de la forêt. Plus une feuille pour échanger avec le vent

un secret de sève
une nouvelle du lointain-
reste le silence


Les feuilles désormais tapissent le sol et marquent chacun de mes pas de leur haleine froissée d’humidité

un parfum d’humus
s’élève du tapis sombre-
tout est nostalgie


Le vent se faufile entre les bras dénudés qui semblent implorer le ciel, et sa voix déchire la canopée de ses gémissements sifflants. Le costumier de l’hiver n’aime pas la couleur, il habille les sous-bois de gris et de marrons.

l’heure n’est plus aux chants
et l’espace rétrécit
invite au sommeil


Il se pourrait que demain, le blanc recouvre tout. Il me semble qu’ici tout aspire à cet intermède lumineux pour masquer un temps la tristesse, et accrocher du rêve des pieds à la cime des arbres, où une arche se dessine pour accueillir la magie. Je le pressens, le vent aussi espère la neige, il aime la faire danser

son souffle amoureux
sur la Belle immaculée
et tout s’illumine.

 

Adamante Donsimoni - 28 janvier 2022 - ©sacem
 
 

                            Arthur Rubinstein - Chopin Ballade No. 1 in G minor, Op. 23


 
Nemanja Radulovic & Double Sens - Les Quatre Saisons - Hiver - A.Vivaldi

 
 
 
 

24/11/2021

 


Image Françoise Isabel

Boules en folie



Du ciel, un angelot observe l’agitation de la terre, le bébé joufflu des nuages, auréolé de blanc, doigt levé, compte les points


dans le bleu Chagall

une lune un peu perdue

toque à la fenêtre


En bas, une petite boule aux joues rouges poursuit sa mère en pouffant, elles glissent sur le grand toboggan du ciel qui file vers la mer. Une autre auparavant a basculé dans le vide, elle a perdu la course


là un grand fourbi

accueille les malchanceux-

le vent a soufflé


Depuis la nuit des temps, le jeu se continue. L’un poursuit l’autre et je me demande s’ils arrivent à se rattraper ou à rattraper quoi que ce soit. 


le plaisir du jeu

c’est sans doute ça le but

l’amour et la joie.


Adamante Donsimoni ©sacem





27/02/2020

Terre la Terre



Encre, brou de noix, acrylique sur toile libre (31x31)

       blog de Jean Cabanne : En passant le pont                                




Terre la Terre


Un rideau de pluie ferme l’horizon. Entre ciel et sol, l’eau exprime sa densité poisseuse et nourricière.

À l’origine
un Océan liquide-
la germination

Le bois se prend du désir de croître ou de se décomposer, au nom de la vie en germe dans la mort.

La transformation
toujours et partout s’exprime-
que de souvenirs

La terre humide, matrice de l’expression des formes, telle un caméléon expérimentant les couleurs, joue à créer, comme un enfant joyeux

Sur un brin de riz
toujours prêt à ascendre
se lit le chemin

l’humanité s’incline
vers l’unique maîtresse

La Terre.


©AdamanteDonsimoni (sacem)





25/01/2019

L’homme des étoiles





Je rentrais tard ce soir-là, mains dans les poches, je marchais vite pour me réchauffer tout en pensant au parfum de la soupe qui m’attendait. Soudain, en levant les yeux, je l’aperçus.

Marchant dans le ciel
comme une ombre entre les astres
il m’observait

J’oubliais le froid, la soupe. Le nez en l’air, je restais là, subjuguée comme un chien de chasse à l’arrêt. Qui pouvait être cet inconnu des nuages ? Le petit gardien d’étoiles du livre qui berça mon enfance ?

Tout ridé, barbu
comme il paraissait vieux 
-l’enfance est loin

Le temps de penser au temps, l’homme des étoiles avait disparu. Elles me l’avaient repris.

Le froid revenu
je goûtais l’instant présent
quel bonheur de vivre !

Adamante Donsimoni (©sacem)








07/07/2017

La rencontre



Après un long voyage à travers la campagne, en ce temps reculé inscrit dans nos mémoires, un voyageur fait une halte. Appuyé sur son bâton, il s’arrête, embrasse du regard la chaumière où un vieillard accoudé à la porte l’observe.
Ses pauvres pieds meurtris
implorent un peu de repos
un si long chemin…
Mais à cet instant, rien ne presse.  Le monde paysan a ses rituels. On s’observe, on se jauge. L’arrivant le sait, il laisse au vieillard le temps de se faire une idée.
Il sait qu’en échange des nouvelles des pays voisins, le vieux lui offrira le gîte pour la nuit, dans la paille de l’appentis qui jouxte la pauvre demeure et, pourquoi pas, un bout de pain, peut-être même une tranche de lard.
Un geste de salut
un raclement de gorge
un pas vers l’autre
En attendant, deux mondes se rencontrent.
À l’étranger de prouver sa bonne foi, ne pas brusquer le contact, tisser une relation de confiance sans hâte ni précipitation.
Le dos fatigué
peut attendre la paille
si convoitée
L’essentiel se joue dans une sorte d’étirement du temps, comme un bâillement de détente.
Si la rencontre a lieu, le sédentaire accueillera le vagabond. Il fera ce soir moisson de nouvelles qui le maintiendront éveillé durant ses longues soirées de solitude, bien longtemps après que le voyageur aura disparu, avalé par le silence de la forêt.
Rembrandt (Rembrandt van Rijn) (Pays-Bas, Leiden 1606-1669 Amsterdam)  

10/02/2017

L’enseignement de la mer

 

Le trait s’envole, fait rouler les vagues par la force et le talent d’un maître.
Hugo n’est pas loin qui tempête la page. L’obscur exprime  ici, si proche du rivage, le fond des gouffres.
Nous plongeons dans les abysses d’une âme tourmentée de houle, grinçante à force de s’adapter. Le voilier épouse la vague, apprivoise les vents, gémit et, en petit soldat fidèle à la vie, avance.

La difficulté
de chacun de nos destins ?
accepter les changements

se reconnaître de l’eau
maîtriser la liberté

Rien jamais, en nul lieu, ne reste figé. La mer est un enseignement qui s’offre dans l’accueil au regard des voyageurs intemporels. Ce qui s’agite ici s’agite en moi. Ce qui souffre et se plaint, ce qui lutte et se donne, c’est un cœur sans attache, ouvert sur l’inconnu.

            ©Adamante Donsimoni (sacem)



 








26/01/2017

Le cercle des spirites disparus




Leurs mains unies sur la table, appelant l’esprit caché dans le bois, ils se concentrent. La nuit vibre alentour et l’instant se fait lourd. L’heure est au spiritisme.

L’esprit a frappé
il transmet les images
d’un château hanté

La table gémit, la table se secoue, l’esprit, qui est bien là, frappe et frappe encore. Un délicieux frisson les traverse. Les voici qui tricotent une sorte de chapelet arboricole teinté des forces des ténèbres, c’est bon comme une nuit sans lune.

L’au-delà rugit
et brusquement, tout cesse
la sidération.

©Adamante Donsimoni (sacem)
 







une œuvre de Victor Hugo (BNF)