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29/06/2020

Tout est parfait, Toujours

Le bain du soleil - Adamante -


Après tous ces jours de forte chaleur
Nuages et brumes masquent le soleil
Pourquoi se plaindre ?
Le feu a besoin de l’ombre
Les corps d’un retour au repos
À l’abandon
À soi
On s’oublie tellement
Dans l’agitation physique et mentale
Ce matin
Le ciel a tiré le voile
C’est ainsi 
Tout est parfait
Toujours 
Tout est enveloppé de la fraîcheur
Si nécessaire à la vie
La moindre de mes cellules chante
La caresse de l’eau en suspens dans l’air
Je frisonne dans les bras de l’unique
De la mère essentielle
Et les oiseaux la fêtent
Ils ne cessent de piailler en se poursuivant
C’est le réveil, le jeu, l’insouciance 
Tout est parfait
Toujours 
Mon cœur baigne
Et sur l’eau du lac de mes profondeurs
Flotte un sourire qui est mien
Je m’y ressource
Je retrouve la paix
La douceur de l’amour
À l’extérieur
La vie joue sa partition
Souvent désaccordée
Mais tout à cet instant
Invite au retour à soi
À l’accueil
Les bruits se font de plus en plus infimes
Lorsque je me retire ainsi en conscience 
Tout est parfait
Toujours 
Face à moi
La fenêtre dégoutte
En un rythme erratique
Suivant le métronome de la pesanteur
La vie est à l’écoute
C’est l’appel de la Terre
Les arbres épanouissent leurs feuillages
Vibrants de pluie
Accueillir l’eau c’est connaître le feu
Quelle symphonie vibratoire
Dans leurs frondaisons 
Tout est parfait
Toujours 
Mon corps se balance
Roseau fragile
Il suit la pulsation
De mes rivières intérieures
Rythme chamanique
Sous les impulsions du tambour de mon cœur
Alors
De la cellule où repose la Belle endormie
Qui un jour investit mon corps
Pour venir faire l’expérience de la Terre
Monte une mélodie
Et je me laisse prendre
Et je me laisse bercer
Ma voix s’envole
Roule
Un chant sans mots
Un chant de grotte souterraine
Un chant d’ombre attirée par la lumière
Le chant de l’eau primordiale 
Oui
Tout est parfait
Toujours. 
Adamante Donsimoni ©sacem


13/07/2018

Les larmes du jardinier



Illustrations Adamante



Un matin, il y a de ça fort longtemps, un jardinier avait brûlé les herbes de son vieux jardin, il avait décidé de le refaire, plus beau, plus harmonieux, afin d’y finir ses jours.  Il ne restait plus que de la cendre sur la terre.
Satisfait de son travail, il s’était mis à réfléchir devant cette étendue vierge et prometteuse.
Quel aspect aurait donc le nouveau jardin qu’il allait planter là ? Il ferma les yeux et se mit à rêver.
Il échafauda des plans, modifiant à l’envi dans son rêve, le parcours d’une allée, l’emplacement d’une tonnelle où goûter l’ombre l’été, celui d’un bassin où nageraient des poissons plus merveilleux les uns que les autres et où viendraient boire les oiseaux…
Il souriait, s’imaginant se promener dans ce parc enchanteur et changeant sans cesse la disposition des plans pour atteindre la perfection.

Mais pendant qu’il rêvait, pendant qu’il faisait et défaisait ses plans, les ronces, toujours promptes à envahir les espaces abandonnés, proliférèrent tant et tant qu’on ne vit plus un seul espace de terre vierge.

Un jour, en sortant de son rêve, car il faut bien que les rêves aient une fin, le jardinier découvrit son jardin mangé par les ronces et les mauvaises herbes.
Éploré devant un tel malheur, il se mit à gémir, il avait fait tout ce travail pour rien, pour avoir pire qu’avant. Il avait détruit un beau jardin et l’avait offert en cadeau aux ronces.

Il découvrit son jardin mangé par les ronces

Alors il se mit à le regretter son vieux jardin imparfait. S’il n’avait pas été pris de cette folie de détruire, il aurait pu maintenant se reposer à l’ombre des forsythias, il aurait pu écouter chanter les oiseaux dans un décor enchanteur et profiter de ce lieu pour y reposer sa vieillesse… Car il avait beaucoup vieilli. Les rêves, ça prend du temps si l’on n’y prend garde.
Ses larmes se mirent à couler, à couler et plus elles coulaient, plus son vieux jardin lui paraissait plus beau et plus il en avait de regret. Il fut pris de désespoir devant tant de beautés perdues, ses larmes nourrissaient ses larmes, elles étaient intarissables. Elles ruisselaient sur la terre et plus elles ruisselaient plus le roncier assoiffé proliférait. L’espace qu’il occupait devint impraticable, c’était une forêt plus impénétrable que celle qui entourait le château de la Belle au bois dormant. 
De ruisseau, ses larmes devinrent un fleuve, le fleuve à son tour devint une mer, une mer salée comme les larmes et le jardinier désespéré, affaibli, un soir de pleine lune, fut emporté par une vague.

Ses larmes se mirent à couler, à couler...

Jamais personne ne le revit, il s’était sans doute noyé dans son chagrin. 

Voilà pourquoi, quand on raconte son histoire, comme je vous la raconte maintenant, à la veillée, à l’heure où les ombres dansent menaçantes sur les murs, on conseille à ceux qui écoutent et qui rêvent de toujours garder un œil ouvert.

Que ce conte vous fasse un heureux jour.

©Adamante Donsimoni (SACEM -  SACD)