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Balaline |
Les genêts ! Ils habillent toutes mes campagnes et quelques souvenirs d’enfant. Les anciens du terroir, les « mangeux d’terre » comme les nommait Gaston Coûté, les appelaient les balais. L’utile me paraît ici ignorer l’agréable car, mis à part un sorcier de Poudlard, nul ne rêve devant un balai. Mais soyons pragmatique, le pratique avant tout pour faire feu de tout bois.
Si les tiges ligneuses pouvaient, liées au bout d’un manche, chasser la poussière du sol de leurs maisons, les anciens rêvaient-ils devant cette explosion de fleurs d’or au printemps, venue chasser le vieil hiver et accueillir la saison des amours ?
Apportait-on un bouquet de balais à sa belle pour lui faire la cour, sans qu’elle puisse penser qu’après la fleur viendrait la corvée du ménage ? Une élégante façon détournée de mettre la servitude dans un vase.
Je me demande si ces petits becs jaunes, vibrant de joie et de soleil, ne sont pas l’exacte représentation du déroulé de la vie humaine.
En premier lieu, dès la fin des frimas, la pousse des verts tendres puis l’illumination des jaunes bourdonnant d’abeilles. Enfin la rigueur plus sombre des tiges, encore souples mais dénudées, vouées à œuvrer jusqu’à l’usure finale, mais encore bonnes à allumer le feu.
Voilà donc une modeste plante qui nous fait passer du rêve à la désillusion, de l’élan à la courbature.
une vie bien remplie
au-delà de toute attente –
poussière du beau
un amour qui vous attache
aux ornières du chemin
Adamante Donsimoni ©musicstart (sacem)
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