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Richard Dadd, Le coup de maître du bûcheron-magicien |
Expiation
Au pays des
fées, des elfes et des gnomes quelques élémentaux jouent du clairon. Est-ce en
l’honneur de l’arbre abattu, invisible, ou pour saluer les retardataires venus
célébrer sa mort ?
Un imbroglio
de ramures innerve le paysage de Dadd. Mémoire vascularisée. Il y a là une
menace. Des flèches se dressent vers l’horizon interdit, les marguerites
poussent sur la pierre et des boulets de marrons jonchent le sol. Le bûcheron
lève sa hache sur le vide. Expiation !
L’arbre qu’il
veut abattre, n’est-ce pas ce petit vieux rabougri à la barbe blanche, assis au
sol, le regard dur et qui lui fait face ?
L’abattras-tu ? semblent lui demander ceux qui sont autour et qui
l’observent, en seras-tu capable ? Ils sont tellement nombreux à hanter le
paysage. Il va le faire. Il va le faire, grincent des monstres sans cou, tête
tassée dessus leur tronc. Fantômes tronqués, écrasés comme autant de souvenirs
enfouis. Il va le faire, il doit le faire !
L’immense
bûcheron refait et refait son geste dans sa tête envahie de troubles qui
dégoulinent sur la toile comme pour marquer à jamais l’acte expiatoire du
peintre.
Au pays des
contes d’Orient ou d’Occident, la mort est toujours présente. Shéhérazade lui
échappe nuit après nuit, ailleurs on fait danser les méchantes belles-mères sur
des plaques chauffées à blanc pour les punir et, toujours, on mange les petits
enfants.
Adamante Donsimoni (sacem)
Sur une toile de Richard Dadd, Le coup de maître du bûcheron-magicien,
1855-1864,
huile sur toile, 54 x 39 cm, Tate Britain, Londres
huile sur toile, 54 x 39 cm, Tate Britain, Londres
Portrait de Richard Dadd, vers 1856
Le peintre, Richard Dadd, débute sa carrière artistique tout à fait normalement. Mais après un voyage en Orient, il sombre peu à peu dans la folie.Au point de devenir complètement incontrôlable : victime de pulsions meurtrières, il assassine son propre père !Dadd est donc immédiatement enfermé dans un asile. À cette époque, ce type de lieu ressemble davantage à une prison où les "fous" n’ont pas vraiment de soins.Il a cependant l'autorisation de continuer à peindre. C’est là où, pendant près d’une dizaine d’années, il va notamment travailler à cette toile énigmatique…Le peintre Effrayé par l'idée même du vide, passe et repasse des dizaines de couches de peinture pour chaque petite figure sortie de son imagination. Résultat : à certains endroits, la peinture est quasiment en relief !Sa production en tant que "peintre aliéné" est connue du public de l’époque. La presse salue son talent extraordinaire, et l'Art Journal, ironiquement, lui reconnaît une "capacité à l’imagination indemne" ! De son côté, depuis sa cellule, Dadd continuera à créer jusqu’à la fin de ses jours.
Source ARTIPS
Détail de l'œuvre
Tu as mis des mots magnifiques sur cette toile qui ne m'inspirait pas vraiment.
RépondreSupprimerMerci pour le partage, Adamante.
Passe une douce journée.
Même ressenti que Quichottine.
RépondreSupprimerCette toile si sombre que j'avais du mal à bien distinguer ses éléments. Un artiste que je ne connaissais pas du tout. Merci Aamante pour la découverte et ton superbe partage
:)