Chimborazo
Les herbes rases
Le vent.
Je bifurque pour m’éloigner du chemin
Je quitte le flot incessant des paroles
Que la raréfaction de l’air ne peut juguler.
Je fuis
Le bruit
La cécité
L’étouffant mépris collectif de
L’instant présent
Je fuis les émanations stériles de moteur grippé
De cette colonne humaine grimpant vers le refuge
Avant le sommet
Comment peut-on ignorer l’appel de ce Dieu
Minéral, puissamment dressé vers les cieux ?
Assise à même le sol
Sur la caillasse peu amène du volcan
Je me relâche et souris.
La paix, enfin !
J’accueille la parole des pierres
Le chant de l’immensité qui m’entoure
Et surtout
Je m’emplis du silence porteur
De cette vacuité
Vibrant bien au-delà de l’amour.
J’ai tout oublié.
Un souffle puissant et doux me traverse, et
De mes cellules dilatées
S’élève un chant
Rauque, langue de roches
Colonne tellurique, spontanée
Que mon cœur unifie et ma gorge libère.
Je me fonds dans cette communion
Je me laisse m’y dissoudre.
Et voilà
Tant d’années plus tard
Qu’aujourd’hui elle m’emplit encore.
Ici, au plus profond de moi
Unie au Chimborazo
Je suis à ma juste place.
Adamante Donsimoni
août 2022 ©sacem
Chimborazo : volcan de l'Équateur au Sud de Quito - sommet le plus haut des Andes -
Un magnifique instant de plénitude ! J'ai relu plusieurs fois, cheminant lentement avec toi...
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