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31/03/2017

Leçon d’un mouflon à une humaine


Quel trouble, soudain ! la condition humaine me semble dérisoire. Ce regard plein de compassion renverse les valeurs. L’espèce bipède brandissant la supériorité de sa conscience face aux limites affirmées de l’animal, vanité, prétention, bêtise !
Dans ces yeux, je lis une infinie sagesse. Même l’herbe offerte à l’instant me semble mieux comprendre ce qu’est la vie. Il n’est aucun soupir pourtant, autre que celui qui s’échappe de mes poumons, aucune accusation dans ce regard débordant d’amour, juste le don total de soi.
Ma gorge se noud, je voudrais crier : comment pouvez-vous encore nous pardonner ce que l’on a fait de la planète ? Mais il ne m’échappe qu’un terrible silence, l’aveu de mon impuissance et la certitude de l’erreur effroyable de mon espèce.








24/03/2017

Pourquoi s’en faire ?




Le petit bonhomme du ciel, le petit bonhomme au gros nez, clope au bec façon Prévert et casquette façon Hardellet, a revêtu sa cape de lumière, sa traîne d’eau.  Super héros des nuages, il s’élance au-dessus du fleuve vers deux amoureux-pétales à peine épanouis, deux amoureux contemplatifs, si absorbés l’un par l’autre qu’ils ne voient pas le petit bonhomme. Il s’agite pourtant, se transforme. 

« Eh ! regardez-moi, regardez votre avenir ! Regardez l’enfant, l’ange, prêt à s’envoler et ce personnage nimbé d’une lumière sombre qui s’éloigne doucement sans faire de bruit pour ne pas vous déranger. » 

Mais le silence recouvre tout, comme la brume recouvre le lac de leurs yeux qui se boivent.
Après tout, à chacun son tour. Le un devient deux, le trois se dessine tandis le quatre s’efface. Chacun sait que le carré est un leurre, que seul le cercle est réel, que seul le cercle n’a pas de fin. Alors, pourquoi s’en faire ?

              ©Adamante Donsimoni (sacem)


 

10/03/2017

L'exil



L’oiseau
les ailes décharnées
plumes emportées par le vent
quêteur de tendresse
raconte une histoire
déracinée

Lointains
le pays absent
le ciel des premiers désirs d’envol
le soleil plus rouge
la terre plus vivante
les parfums plus rares
ce qui reste du passé
après la déchirure
c’est la magnificence
par dilatation du cœur
cette partie intime
pas tout à fait morte
mais à jamais perdue
hante les espaces intérieurs
c’est désormais la dimension du vide
la corde brisée
la note désaccordée
la fêlure
la voix
qui chante
l’absence
en rêvant
de la liberté.

©Adamante Donsimoni (sacem)




03/03/2017

Un rêve entre eau et ciel




Elle aurait pu rencontrer Folon, la Dame Lune noire, et s’envoler par-dessus les montagnes pour emporter nos songes un peu plus haut que d’habitude. Les rendre un peu plus libres, un peu plus détachés, comme ces ballons qui fusent vers le ciel sous le regard émerveillé des enfants qui leur confient leurs vœux. Mais la Dame n’est pas que Lune, elle est océan cravaté de trois points jaunes, personnage double, voguant entre Miro et Cocteau, entre « la Plus Belle* » et « la Bête ».
Et que lui murmure ce point, souligné d’une larme soutenue par trois poissons, qu’Elle-il porte sur l’épaule ? Un secret de marée, de soupe primordiale ? Un secret de vide tout rempli de possibles ? À moins que ce ne soit un secret d’infini que contemple son regard retiré.
Qu’est-ce donc que la vie ? Un murmure, à l’oreille des quêteurs peut-être, à peine un murmure.
Un rêve, entre l’eau et le ciel.

Adamante Donsimoni
http://le-champ-du-souffle.blogspot.fr/

« La plus belle » sculpture de J. Miro que j’ai tant admirée au Grand Palais, il y a trop longtemps et que je n’ai pas retrouvée sur le web.