Après
un long voyage à travers la campagne, en ce temps reculé inscrit dans nos
mémoires, un voyageur fait une halte. Appuyé sur son bâton, il s’arrête, embrasse
du regard la chaumière où un vieillard accoudé à la porte l’observe.
Ses pauvres pieds meurtris
implorent un peu de repos
un si long chemin…
Mais
à cet instant, rien ne presse. Le
monde paysan a ses rituels. On s’observe, on se jauge. L’arrivant le sait, il
laisse au vieillard le temps de se faire une idée.
Il
sait qu’en échange des nouvelles des pays voisins, le vieux lui offrira le gîte
pour la nuit, dans la paille de l’appentis qui jouxte la pauvre demeure et,
pourquoi pas, un bout de pain, peut-être même une tranche de lard.
Un geste de salut
un raclement de gorge
un pas vers l’autre
En
attendant, deux mondes se rencontrent.
À
l’étranger de prouver sa bonne foi, ne pas brusquer le contact, tisser une
relation de confiance sans hâte ni précipitation.
Le dos fatigué
peut attendre la paille
si convoitée
L’essentiel
se joue dans une sorte d’étirement du temps, comme un bâillement de détente.
Si
la rencontre a lieu, le sédentaire accueillera le vagabond. Il fera ce soir
moisson de nouvelles qui le maintiendront éveillé durant ses longues soirées de
solitude, bien longtemps après que le voyageur aura disparu, avalé par le
silence de la forêt.
Rembrandt (Rembrandt van Rijn) (Pays-Bas, Leiden 1606-1669 Amsterdam) |
La méfiance est de mise pour cet ermite... mais une fois en confiance, les deux vont savourer leur tête à tête ;-) merci Adamante, au plaisir, JB
RépondreSupprimerse rencontrer
RépondreSupprimersans se contrer
c'est aller pas à pas à la rencontre, c'est doucement s'apprivoiser pour apprendre à se connaître
"Et créer des liens pas à pas
Pour commencer à s'attacher"
Oui, "l’essentiel se joue dans une sorte d’étirement du temps"
J'aime cette rencontre.
RépondreSupprimerIl faut le temps de la confiance...
Tout l'enjeu d'une rencontre entre deux êtres sur le fil et peut-être une même pensée : "ne plus être étranger l'un pour l'autre". Mais rien n'est sûr. Lequel des deux fera le premier pas. Ce texte nous invite à continuer l'histoire. Quelle profondeur!
RépondreSupprimerIl suffisait parfois d'un regard, d'une attitude, de la première parole échangée pour que " l'étranger " repose enfin ses pas.
RépondreSupprimerBelle sagesse paysanne!