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10/12/2016

Bien sûr je rêve

Chevaucher le nuage, juste avant l’orage, partir, s’envoler vers l’infini du ciel comme si la terre  m’abandonnait à l’espace, petit point bleu lumineux dans les profondeurs du noir de la nuit étoilée.
Bien sûr je rêve.
En ouvrant les yeux sur les ombres des murs entre lesquels je m’abandonne au sommeil, livrée sans défense à tous les possibles du risque, je sais être en songe et la conséquence d’un rêve. Un rêve qu’un autre, dans une autre dimension peut-être est en train de parcourir.
L’horloge biologique nous oblige à nous abandonner au sommeil. Est-ce pour cela que la nature en son infinie sagacité a créé la nuit pour nous y plonger dès les paupières closes ?
Je n’attends pas de réponse. Il est en moi une profondeur qui ressemble à la nuit dans laquelle je tends à m’enfoncer pour trouver cette joie si paisible à laquelle j’aspire depuis le premier cri. L’abandon m’est devenu une seconde nature, ou peut-être la première, ma nature originelle, celle oubliée une fois la première goulée d’air avalée.
La musique parfois nous convie à ce voyage et des voix nous y projettent. La palpitation des baffles, quand la membrane se gonfle et m’envoie ses vibrations au centre de la poitrine, me mets en un état second. Je reçois de toutes les fibres de mon corps et mes poumons font de moi une chambre d’écho. La voix de la quatrième saison de Léonard Cohen m’envahit jusqu’à ces profondeurs qu’il vient juste de rejoindre. Avec elle j’oublie tout ce qui n’est pas abandon. Je plonge dans cette douceur d’ombre prégnante parcourue d’ondes, c’est l’amour.
La contrebasse rythme ma descente. Les nuages me portent jusqu’aux profondeurs stellaires épanouies tout au fond de moi.

Tout au fond
l’infini
la vie
silence et paix
le vent
libre
le vent et moi
voguant sur les nuages. 


©Adamante Donsimoni (sacem)









09/12/2016

Laine de mouton, bulles de savon


Il souffle un vent stellaire et l’écharpe du garçon, laine de mouton, cherche à s’envoler vers les éclats d’encre du ciel où s’écrit son histoire.
J’observe derrière eux. Dans leurs pupilles invisibles, je devine des lumières, des reflets de rêves, de mon rêve, du rêve du Grand Rêveur qui joue à nous guider sur son gigantesque échiquier galactique. Est-ce pour nous enseigner la différence et le bonheur de l’accueil ?  Est-ce pour nous faire toucher du cœur les vertus du silence qui sait et nous dit tout ? Mais comme il est difficile d’apprivoiser le silence.
Les paroles du renard, bulles de savon, éclatent dans l’infini de nos questionnements. L’histoire semble-t-il se raconte bien au-delà des mots.
Laine de mouton, bulles de savon… Il souffle un vent stellaire et l’écharpe du garçon s’envole vers la voie lactée.


©Adamante Donsimoni (sacem)





 


07/12/2016

J'ai déjà rendu l'âme



Je le sais, mon monde bascule. Il y a dans l’air comme une brume, une ombre piquée de lumières, l’épaisseur d’une porte déjà franchie. Le ciel s’ouvre et ma racine terrienne se détend, s’apaise dans la vacuité qui prend source dans ma poitrine. Je me demande où est mon corps dans cette perception infinie. C’est important, c’est essentiel et cela efface tout ce qui est anodin, ce qui ponctue une journée par exemple, ces gestes répétés que l’on fait sans y faire attention, ces gestes qui soudain s’amplifient jusqu’à la dimension divine. Une dimension sans dieu où je suis  à la foi forme et indéfinie. Deux mondes en fusion orgasmique qui effacent tout de l’un et de l’autre pour me laisser dans cet entre-deux vibratoire où la joie me donne envie de pleurer. J’aime cette sensation de faiblesse qui est dilution, confiance et force absolue. Je suis à ce point dans l’abandon que rien ne pourrait m’atteindre ou me détruire, j’ai déjà rendu l’âme. Perception d’une palpitation de la chair irriguée d’un sang neuf et conscient de sa chaleur, parcourue de frissons offerts à la froidure et aux morsures des saisons qui s’enchaînent avec la régularité d’un métronome détaché des attaches qui font le mouvement. Je ne sais si j’avance, si je suis en suspens. Je touche en même temps le fond du gouffre et l’apex du ciel. Dans ma poitrine, je vis la dilatation, j’en connais le centre et le rayonnement jusqu’aux confins d’un monde qui se rétracte au même instant. C’est à la fois une immense et minuscule respiration. Tout est là, poussière qui ne demande qu’à prendre forme et se plait à attendre. Je me coule dans cette attente, ici j’ai tout, en tristesse et en joie mêlées. Je n’ai besoin de rien, je sais en moi un monde près à surgir et cela me suffit.

©Adamante Donsimoni (sacem)
11 novembre 2016 

02/12/2016

l'apothéose des folies



 
Mise en scène des herbes sous le soleil. Décors d’ombres tissé de feuilles. Évidence de la lumière sous les projecteurs de l’été où quelques écouvillons d’artifice étincellent pour séduire les roses.
La terre, l’air ne sont que crissements, stridulations, stridences. Le vent, chef d’orchestre, dirige la symphonie des amours, tout est ivresse. Sous sa baguette, la vie s'exalte. C’est l’apothéose des folies, tout paraît éternel. Le monde s’embrase, le feu aspire au ciel, il jaillit, s’étire, pourtant au sein de même de son impétuosité, les braises de l’instant enfantent déjà les cendres du souvenir.

©Adamante Donsimoni (sacem)