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06/01/2017

Dernière représentation


Dernière représentation
au jardin
les herbes s’agenouillent
craquèlement de rouille
les feuilles
striptease des pommiers
un esprit solitaire
prend un dernier bain de soleil
méditation d’humus
une porte va se refermer
abandon d’aujourd’hui
distance vers demain
hier n’est plus
le magicien du temps
touche et transforme tout
l’instant n’a aucune mémoire.

©Adamante Donsimoni (sacem)








 

27/12/2016

Mes vœux pour 2017






HI K'ANG

Le chevalier est étranger à notre monde;
Spontanément il se nourrit de nuées roses,
Son corps libre de liens révèle un dieu caché,
Et sa parole atteste un génie recueilli.

Dans la foule, il combat les opinions communes;
Il cherche la montagne, ami des solitaires.
Les plumes du phénix se brisent quelquefois;
mais qui pourrait dompter une âme de dragon ?

Yen Yen-tche (384-456 dynastie Song)
Anthologie de la poésie chinoise classique.  Gallimard


Se nourrir de nuées roses est une aptitude des immortels (taoïsme)
 

19/12/2016

Emporte-moi


Le manège m’emporte. Tourne, tourne la musique. Je tourne, tourne avec elle. Mes pieds touchent à peine le sol, plus de poids. Je suis avalée par le typhon du ciel. Je quitte les soucis du monde, mon corps s’oublie dans le mouvement. Plus de misère, plus de guerre, plus de viols, plus d’exactions dans le sang, plus d’ennui, plus cette sensation d’impuissance.
Dans le monde, un pays sur deux pratique la torture…
Tourne, tourne la musique. Je tourne, tourne et je vis.
Caresse de la voix portée par les accords, caresse essentielle, salvatrice. Le bleu nuit du ciel m’avale, j’ai quitté la terre. Je tourne comme l’enfant aspiré par l’appel des sphères.
Cette voix… Elle m’emporte si loin.
Qu’elle m’emporte et que je retrouve ce que j’aime, sans forme, mais si vivant, sans forme mais si prégnant.
Mes larmes baignent le feu de ce cœur qui n’a pas réussi à se dessécher.
Emporte-moi au pays de l’oubli, dans l’unique bonheur de tourner parce que tout tourne et que cela est essentiel.
À cet instant, je ne veux rien d’autre que l’oubli.


©Adamante Donsimoni (sacem)
En écoutant Take this waltz de Léonard Cohen









16/12/2016

La maison abandonnée



Les arbres se sont invités sur la terrasse. Le toit laisse passer la pluie. Il n’est plus aucun rire pour égayer les murs, la maison n’a plus rien à protéger.

Les oiseaux de nuit
y ont trouvé refuge
dans le silence

Il fut un temps où le jardin fleurissait de la main de l’homme. Les arbres, spectateurs muets, gardent le souvenir de fêtes estivales où naquirent des histoires d’amour.

Gravés dans le bois
quelques lettres et un cœur
disent le passé

Le vent a brisé les vitres, regard morne des fenêtres éteintes. L’abandon a taché les murs blancs, autrefois resplendissants sous le soleil.

Comme un souffle éteint
l’âme rongée de peine
la maison gémit

Tout revient à la Terre et les pierres patientes attendent ce retour. 


©Adamante (sacem)