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21/04/2017

La paille du destin



Quand l’image enfante les mots, quand les mots enfantent à leur tour l’image,
on peut se dire que le cycle des transformations est un cercle parfait, une roue qui brasse les atomes de vie comme une tricoteuse assemble ses mailles, avec patience, l’une après l’autre, pour créer son ouvrage. Que de temps passé à tisser l’éphémère ! Que d’heures offertes à la poussière du temps. Que de vanité dans ce parcours de vie que l’on voudrait éternel.

Ici, l’histoire semble vouloir se transformer. Cléopâtre unie à Antoine chante sous le casque d’or des vainqueurs sur fond de drapeaux, arabesques et traits aquilins. Aucun Octave dans ce chant, à peine un bémol, un rien pour contrarier l’impossible.
À leurs pieds, quelques profils se cherchent, le désir s’exprime par la quête d’un baiser. Mais derrière eux, ceux du destin, une paille dans leur bouche obverse, insufflent en silence le souffle de la tragédie. Est-il possible d’échapper à son destin ? Peut-il être des amours heureux qui ne soient pas sans attache ? L’histoire nous dira que non, à condition de connaître l’histoire et je me demande d’où vient cette faculté d’oubli qui pousse l’humanité à reproduire sans cesse les mêmes erreurs au travers de ce chapelet génétique qui forme les vagues générationnelles de l’incarnation.

Un mouflon à visage humain exprimerait-il ici le regard du sphinx ?
©Adamante Donsimoni(sacem)


 
 
 
 
















14/04/2017

Le monde se rêve



Le demi-dieu du printemps préside au dégel.
Il s’extirpe de la dimension des eaux, réalise l’arbre et la pierre, cristallise l’or d’un soleil venu réchauffer la terre, semer la vie.
Dans ce chaos de glace encore à la dérive, dans ce chaos grinçant livré à la débâcle, des visages surgis du néant expérimentent la forme, leurs traits sont déjà porteurs de l’esprit. 
Certains, paupières closes, surgis des ténèbres intestines d’un lac sont déjà en quête de sagesse.  L’oiseau noir se prépare à son envol vers la lumière.
De chaque fissure, on pressent le germe d’une connaissance prête à conquérir le monde. 
Le ciel enfin différencié de cette soupe primordiale, pris d’un insatiable désir d’expansion, a commencé son évasion vers l’infini. 
Bientôt le premier cri accueillera le souffle et le monde sera, pour l’instant, il se rêve.

©Adamante Donsimoni (sacem)







07/04/2017

Les limites

 


Comme un pont enjambe deux mondes, l’univers déploie ses formes multidimensionnelles.  Structures Gaudiennes, unijambistes, parcourant l’océan inversé des angoisses kafkaïennes ; voiles contemplant  les abysses tandis que des bras chimériques dressés vers l’indéfini de la matière noire tentent d’en attraper le temps. Créations de l’Esprit luttant contre l’inconcevable mesure, sans cesse traquée, sans cesse échappée, tandis que la lumière fusant de l’insondable nous attire comme ces papillons de nuit fascinés et impuissants. 
 
©Adamante Donsimoni(sacem)
 
 
 
 
 


 

31/03/2017

Leçon d’un mouflon à une humaine


Quel trouble, soudain ! la condition humaine me semble dérisoire. Ce regard plein de compassion renverse les valeurs. L’espèce bipède brandissant la supériorité de sa conscience face aux limites affirmées de l’animal, vanité, prétention, bêtise !
Dans ces yeux, je lis une infinie sagesse. Même l’herbe offerte à l’instant me semble mieux comprendre ce qu’est la vie. Il n’est aucun soupir pourtant, autre que celui qui s’échappe de mes poumons, aucune accusation dans ce regard débordant d’amour, juste le don total de soi.
Ma gorge se noud, je voudrais crier : comment pouvez-vous encore nous pardonner ce que l’on a fait de la planète ? Mais il ne m’échappe qu’un terrible silence, l’aveu de mon impuissance et la certitude de l’erreur effroyable de mon espèce.








24/03/2017

Pourquoi s’en faire ?




Le petit bonhomme du ciel, le petit bonhomme au gros nez, clope au bec façon Prévert et casquette façon Hardellet, a revêtu sa cape de lumière, sa traîne d’eau.  Super héros des nuages, il s’élance au-dessus du fleuve vers deux amoureux-pétales à peine épanouis, deux amoureux contemplatifs, si absorbés l’un par l’autre qu’ils ne voient pas le petit bonhomme. Il s’agite pourtant, se transforme. 

« Eh ! regardez-moi, regardez votre avenir ! Regardez l’enfant, l’ange, prêt à s’envoler et ce personnage nimbé d’une lumière sombre qui s’éloigne doucement sans faire de bruit pour ne pas vous déranger. » 

Mais le silence recouvre tout, comme la brume recouvre le lac de leurs yeux qui se boivent.
Après tout, à chacun son tour. Le un devient deux, le trois se dessine tandis le quatre s’efface. Chacun sait que le carré est un leurre, que seul le cercle est réel, que seul le cercle n’a pas de fin. Alors, pourquoi s’en faire ?

              ©Adamante Donsimoni (sacem)


 

10/03/2017

L'exil



L’oiseau
les ailes décharnées
plumes emportées par le vent
quêteur de tendresse
raconte une histoire
déracinée

Lointains
le pays absent
le ciel des premiers désirs d’envol
le soleil plus rouge
la terre plus vivante
les parfums plus rares
ce qui reste du passé
après la déchirure
c’est la magnificence
par dilatation du cœur
cette partie intime
pas tout à fait morte
mais à jamais perdue
hante les espaces intérieurs
c’est désormais la dimension du vide
la corde brisée
la note désaccordée
la fêlure
la voix
qui chante
l’absence
en rêvant
de la liberté.

©Adamante Donsimoni (sacem)




03/03/2017

Un rêve entre eau et ciel




Elle aurait pu rencontrer Folon, la Dame Lune noire, et s’envoler par-dessus les montagnes pour emporter nos songes un peu plus haut que d’habitude. Les rendre un peu plus libres, un peu plus détachés, comme ces ballons qui fusent vers le ciel sous le regard émerveillé des enfants qui leur confient leurs vœux. Mais la Dame n’est pas que Lune, elle est océan cravaté de trois points jaunes, personnage double, voguant entre Miro et Cocteau, entre « la Plus Belle* » et « la Bête ».
Et que lui murmure ce point, souligné d’une larme soutenue par trois poissons, qu’Elle-il porte sur l’épaule ? Un secret de marée, de soupe primordiale ? Un secret de vide tout rempli de possibles ? À moins que ce ne soit un secret d’infini que contemple son regard retiré.
Qu’est-ce donc que la vie ? Un murmure, à l’oreille des quêteurs peut-être, à peine un murmure.
Un rêve, entre l’eau et le ciel.

Adamante Donsimoni
http://le-champ-du-souffle.blogspot.fr/

« La plus belle » sculpture de J. Miro que j’ai tant admirée au Grand Palais, il y a trop longtemps et que je n’ai pas retrouvée sur le web.







24/02/2017

Le petit cheval dort



Il dort et se confond à l’herbe, au soleil.
Il dort, il rêve.
Il dort.
La terre le berce
Désir de chevauchées débridées dans des paysages où la paix arc-en-ciel ensemence la vie en joie et en couleurs.

Il rêve.
Un autre, pour le réveiller ? lui murmure à l’oreille ses envies de galops dans des paysages sans frontière. Invitation à hennir jusqu’à l’infini de la lumière.
Deux crinières flottant jusqu’au bord du ciel, ivres de libertés.
Le rêve.

De l’autre côté de leur monde, un peintre les observe.
Il s’identifie à son œuvre.
Il se rêve cheval, assoupi dans une apothéose mystique de formes et de couleurs.

Rêveur rêvé engendré par le rêve.

Quelques lignes se déforment. Prémisses d’angles interrompant la courbe, évasion.
Il faut sortir du cadre !
    Il faut sortir du cadre !
        Il faut vivre la transcendance.

Les pigments explosent, irradient la feuille.
Les dimensions s’imbriquent.
S’évader !
Ne plus entendre ces grondements annonciateurs de ténèbres.
L’éclat, il faut l’éclat.
Mais bientôt, un autre éclat. La main vaincue déposera la brosse.
Ce sera le grand silence du sang versé.

Et là, sur le papier, couché, toujours rêvant, le petit cheval dort.
Je le regarde. Quelle lumière ! C’est doux comme un regard d’enfant émerveillé.
Mais, couché sur le flanc, son image m’évoque alors un tout autre sommeil.

Dehors le vent souffle sur ma nuit blanche sa vaine tentative de me masquer les grondements d’un monde au bord de la rupture.
Rejouerons-nous encore cette partition de cauchemar si souvent interprétée jusqu'à l’écœurement ?

Le petit cheval dort et se confond à l’herbe…
Mon cœur à la fois lourd et ouvert s’incline ; j’accueille.
Ma seule puissance est l’abandon, la vacuité de l’amour dans le non agir.

Le petit cheval dort.
Paix arc-en-ciel de la lumière.

©Adamante Donsimoni (sacem)
23 février 2017
D'après une aquarelle de Franz Marc 


  Franz Marc "Chevaux rêvant" 1913 - Aquarelle sur papier
 






20/02/2017

L'abandon à la vie


Descendre en une longue expiration vers cette plage de repos où l’esprit se détend par l’accueil de l’oubli. Douceur d’une zone plus sombre, la caverne intérieure où respire la paix. C’est là qu’est la liberté, c’est là qu’est la maison, le cocon sans limites, l’espace sans vertige, l’endroit précis de l’être redevenu ailé. Je ne connais nul endroit plus vaste ni plus enveloppant, ce cœur au cœur du cœur fait palpiter la vie. Ici le flux de la puissance originelle pulse, à la fois invincible et alangui. Plus rien n’a d’importance que cet abandon qui est vie, ce lieu où plus aucun désir ne s’allume et où l’on retrouve enfin le port d’attache, au centre de nos espaces intérieurs.

©Adamante Donsimoni (sacem)
14 février 2017 




17/02/2017

Femmes, interdites




Le pavillon des fleurs - Adamante



Tous ces reflets de femmes, au regard d’infini, regard perdu sur l’impermanence, sont le reflet de la Déesse mère, le grand reflet primordial, yin absolu. Le vide noir, prolifique qui contient et exprime les mystères en formes rouge sang pour que soit le mouvement ascendant, la vie.
Regards insondables sur la vanité des sociétés humaines. Pas de larmes, ni de cris, juste la certitude qu’au final le monde retourne à la grand matrice, à la puissance de cette force que l’on ne peut toucher que par le lâcher prise et l’ouverture du cœur.

Les femmes, qu’elles soient femmes fleurs, papillons de jour, quand on les emprisonne en cages dorées, réservées aux choses savantes de l’amour par des dignitaires raffinés, des mille et une nuits ou des pavillons chinois ;
Qu’elles soient égéries parfaites des gammes de parfum, des gemmes de la pub ou reines dans le secteur cuisine ou couches-culottes ;
Qu’elles soient femmes papillons de nuit, noircies de voiles impudiques pour museler la joie et l’harmonie des formes et que l’on croise depuis peu, cachées dès l’âge nubile, au hasard des grandes surfaces;  au bout du chemin la mort par la négation de la Déesse, négation de la capacité d’être. La mort infligée par la honte, la culpabilité et le bannissement des libertés, femmes, interdites.




 P.S. Selon certaines études menées sur le placenta, il semblerait que ce soit l’homme qui soit né avec quelque chose en moins…« Ô !  vade retro satanas ! »