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04/02/2024

La petite fleur d’or

 

Dessin Françoise Isabel


La petite fleur d’or



Comme il me semblait gris, le temps, ce matin-là, en cette période de basculement du monde. 

L’humain, dépassé par ses découvertes, s’était insensiblement séparé de lui-même. Craintif de perdre son intelligence face à l’inéluctable disparition qui le menaçait, il avait cherché comment la conserver de façon artificielle. 

Grisé de ses succès, émerveillé de ses résultats, il avait fini par ériger une prison algorithmique aux murs transparents où il pouvait visionner les images de son conservatoire de la vie. 

On pouvait désormais voir une foule de smartphones dressés vers le ciel pour capturer les images d’un feu d’artifice que personne ne regardait plus qu’au travers de l’objectif. Le monde était devenu glaucomateux, il avançait comme ces chevaux de labour, toujours présents dans la grande bibliothèque des datas centers, avec des œillères. 

Ce matin-là, comme vaincue par tant d’inanité, je me sentais anéantie. 

Pourtant, sans que je le cherche, cette lumière illusoire de l’espace extérieur que dévorait le monde m’avait ramenée en moi-même. Je m’étais laissée glisser dans les ombres où se cachait ma propre nitescence ; j’avais débouché dans un espace où enfin je pouvais me détendre, me laisser bercer en confiance, sans plus penser à rien, comme un enfant encore relié à la source des sources. 

C’est à ce moment que j’avais vu l’image, une petite fleur aussi dorée que le soleil. Elle s’était inscrite sur mon écran et, de cet espace où je me tenais, je l’avais regardée avec les yeux du cœur. Là, j’avais compris que rien, absolument rien, ne pourrait jamais contraindre la lumière.


un petit soleil

enchâssé dans le béton-

éclat invincible.



Adamante Donsimoni - 31 janvier 2024 

©sacem-musicstard




 

21/01/2024

Les mâchoires du froid

Photo Laurence B - Prise au Canada

 


En ce jour blanc, rien pour écorcher le silence. Il s’insinue partout, jusque dans mes pensées. Je me rappelle l’enfance quand, le nez collé au carreau, je contemplais l’éternité accompagner la lente descente des flocons. Quel étrange ballet. Encore aujourd’hui, il n’est pas un souffle de vent. Qu’est-ce qui pousse chacun d’eux à dévier ainsi sa route ? Tous semblent vouloir retarder le moment crucial du contact avec le sol. Est-ce l’amour du vol ou la prescience  d’une fin prochaine ? Une éphémère, peut-être, pourrait donner la réponse, mais il fait bien trop froid pour un si frêle insecte. 

Après ma longue promenade, avant que tout le ciel ne déverse une nouvelle fois son trop-plein de papillons glacés, je me suis installée près du feu, avec pantoufles, plaid et fauteuil afin de raviver mes extrémités gelées. C’est à peine si mon pied remue à rythmer le souvenir du craquement de mes pas dans la neige,  deux temps, peu de mesures et pas de da capo. Décidément, le jour est placé sous l’égide de l’immobile. 

Non loin de la maison, j’ai croisé un archange empêtré dans les broussailles, prisonnier de la glace, figé en plein élan. Qu’était-il venu faire ici ?  Je l’ai regardé longuement. Plantée face à lui, j’ai oublié le temps. À chaque instant je m’attendais à le voir s’envoler tant il semblait mettre d’efforts à s’extirper de sa prison de cristal. Mais il est resté là, téméraire et pourtant vaincu. 


Patience du ciel

et illusion du temps -  

les mâchoires du froid



Adamante Donsimoni 

©musicstart-sacem

18 janvier 2024


D'autres poésies sur l'Herbier de poésies Page 227

Je vous invite aussi à regarder mon précédent poste "LA QUÊTE DE L'AMOUR"





19/01/2024

La quête de l’amour


Une rose creusoise


   

         J’aime à croire que nous sommes tous des chevaliers, des chevalières, de tous âges, de toutes cultures, de tous horizons, que la vie a envoyés sur Terre en quête de l’Amour. Non pas que celui-ci nous manque ou nous ait été ôté, plutôt qu’il a été masqué par l’ignorance de qui nous sommes face aux aléas de notre incarnation.


    Ainsi sommes-nous amenés à faire preuve de ténacité, de confiance, pour découvrir, boueux au sortir de l’ornière, écorchés aux épines du sentier, que cet amour, c’est en nous qu’il se cache. 


    Rien, mis à part le doute et la peur, ne peut nous en priver car nous en sommes l’incarnation. Alors, héros accomplis de la quête, le regard brillant, nous pouvons avancer au travers de toutes les ténèbres avec au coeur cette lumière inextinguible seule capable d’illuminer le monde sur son passage.


    Je crois que, gâté ou misérable, c’est là l’unique quête de chacun d’entre nous. Il n’est pas de plus noble mission que de révéler sa propre lumière pour enflammer, réveiller celle qui se cache en l’autre car, en dépit de notre cécité, elle est Une et indivisible, elle n’est autre que l’Amour.


    Quant aux ténèbres, elles ne sont pas là pour nous perdre mais pour nous inciter à nous retrouver ; elles ne sont pas là pour détruire la lumière mais pour la mettre en gloire.


    À toute chose son contraire pour que, l’équilibre atteint, le centre s’illumine.

 

Adamante Donsimoni 

Pantin 28 décembre 2023 

©sacem-musicstart


 

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On nous refuse l'entrée par la porte, nous entrerons par la fenêtre, mais nous entrerons.

 

 


 


18/12/2023

La crèche

 

 

 

C’est en soi-même que l’on construit la crèche pour accueillir l’enfant sacré.

Quand s’ouvre la porte du cœur, le souffle se libère et le ciel s’illumine.

C’est là la force du symbole, il ne révèle jamais que ce qui est en nous.


Adamante Donsimoni - le 12 décembre 2023 

©musicstart-sacem


09/10/2023

J'ai fini de me taire


Je ne me tairai plus

Je revendiquerai ma folie

Ma soif de lumière

Et mon désir de paix


Je révèlerai ma force d’âme

À moi-même

Et au monde


Je dévoilerai qui je suis

Ma nudité première

Ancrée dans cette vie

En forme, en vibration


Le temps n’est plus à s’effacer

À se laisser effacer

À se voiler

À fuir sa propre réalité

« Je suis ce que je suis »

Je suis

Ce moi profond, le Soi

Révélé à moi-même et

Désormais assumé


NON !


Je ne me tairai plus

Je réaliserai ma vie

Libre de la peur

Il n’y a rien à perdre à se réaliser

Et plus aucune gomme 

Jamais

Ne pourra effacer

Qui je suis

Dans la lumière.


Adamante Donsimoni 

©sacem-musicstart

9 octobre 2023


 

09/05/2023

Soirée au salon de musique





    Dès l’arrivée nous comprenons, en acquittant notre droit d’entrée, que nous sommes bien plus qu’un public venu écouter un concert. 

    La vieille et belle bâtisse nous enveloppe de sourires. La bienvenue se dit là dans la vibration du lieu. Passée la porte, c’est la joie, nous devenons des convives de marque, nous pénétrons un univers parallèle où le passé nous accueille, débarrassé de la poussière et des codes surannés accompagnant notre imaginaire des salons d’autrefois. 

Ici, c’est l’âme de la musique qui nous embrasse, le plaisir des notes offertes à des jardins intérieurs assoiffés d’écoute. 

    Après avoir bu les meilleurs millésimes, dont l’interprétation vous met les larmes aux yeux, millésimes offerts ce soir par le piano et la flûte, quand le cœur se dilate, comme il est bon de goûter ces intermèdes de silence durant lesquels tout s’apaise afin de nous offrir de poursuivre le voyage vers d’autres émotions, d’autres plages de couleurs. 

L’âme a besoin de musique pour ne pas se dessécher, pour retrouver sa toute puissance originelle. 

    Le dernier silence qui précède l’ovation flotte dans le salon comme un parfum de gardénia, ce qui pourrait n’être qu’une fin est de fait un commencement. Nous avons grandi, nous avons acquis cette plénitude de l’Être, cette profondeur qui nous rend meilleurs, et que nous porterons comme un secret induré dans la chair. Je n’en doute pas, nos cellules ont besoin de cette nourriture qui est du domaine de l’air, du prégnant.         Quelle merveille que ce que nous sommes ! 

    Après cette dilatation, nous sommes invités à quitter l’étage, à nous enfoncer, marche à marche, dans les effluves appétissantes émanant de la cuisine. L’hôtesse, encore une fois s’est dépassée. Le plaisir plus prosaïque de la table nous attend. Le jeu des échanges reprend, on se congratule, on tente de mettre des mots sur l’indicible, on félicite les artistes. On évacue peut-être ainsi ce qui pourrait bien être un trop plein de Divin. 

    Mais, quand au moment du départ, la voix du piano nous invite à regagner l’étage où se trouve notre hôtesse, nous voici quelques-uns à poursuivre le rêve. Une toute jeune fille, un peu troublée par l’assistance, une débutante virtuose, fait danser ses mains sur le clavier. 

    Soudain, un froid glacial me parcourt. Il me semble avoir remonté le temps, tout semble identique mais je sais, cela est illusion, sous un même aspect, tout est différent.     La maison vibre des sons d’un passé, ils rayonnent à cet instant de ses pierres, l’Esprit du lieu s’exprime. Appuyée contre le chambranle de la porte je suis témoin d’une scène remontant du fond des âges qu’une brèche du temps m’invite à partager. 

    Malgré le froid, malgré le trouble, ce que je vis là est un grand moment d’amour de la vie, la vie dont nous savons si peu de choses, et qui contient tant de merveilles et de mystères. 

    Quand la nuit accompagne mon retour, seule dans ma voiture, je sais poursuivre mon voyage avec le goût d’être d’un monde où chaque instant est une ode à l’accueil et au partage. 

    C’est si simple le bonheur. 


Adamante Donsimoni -©musicstart-sacem -  30 avril 2023 

16/04/2023

Fusion-croix

 





Fusion-croix

 

 

Une cavalière nue avance, fière sur son cheval. Une aura de légende rayonne de cette armure féminine qu’est la peau veloutée d’une pêche gorgée de soleil.

Bondissant au-delà des obstacles, l’écuyère et sa monture franchissent les impossibles dont le chemin des femmes est pavé.  

La Dame n’est pas en quête de liberté, elle en est le symbole.

Je la regarde. Je contemple ce feu nourrit du désespoir et de l’espoir mêlés, annulés dans cette fusion réduisant toute rive. 

Il n’est qu’un seul lieu où puisse fleurir la liberté, au juste milieu de tout antagonismes, au centre même de ce point de jonction où se lèvent et rayonnent, libres, les souffles de la vie.


tout au fond de soi

quand la peur s’en est allée

la paix est victoire


le symbole d’une croix

interpelle le quêteur.


Adamante Donsimoni  - 16 avril 2023  (©Musicstart -sacem-)

 

* Cette cavalière d'Arnaud Bouchet, m'a fait penser à  lady Godivat, belle épouse de Léofric (968-1057), comte de Mercie et seigneur de Coventry qui devînt une légende cent ans après sa mort. 

Cette héroïne a traversé, nue sur son cheval, la ville de  Coventry pour obtenir de son époux de baisser les impôts du peuple. 

 

Plus de détails sur la légende et pour admirer le tableau de John Collier (1898) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Godiva

 

Un autre tableau que je vous partage ici :

Lady GODIVA Par Jules Lefebvre — [1][2], Domaine public
https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1659836


 

D'autres textes sur la P. 226 de L'HERBIER DE POÉSIES 





09/04/2023

OPHÉLIE

 


Ophélie


J’ai marché, quittant la ville et son présent pour le parc tant aimé. 

J’ai traversé des horizons ensorcelés jaillissant d’une sculpture de pierre, arrivant en un lieu où le temps, l’âge et l’espace furent soudain abolis.

Il a suffi d’un rayon de soleil, d’un sourire du printemps chevauchant le souffle d’une algue verte balancée de vent, pour que mon âme s’abandonne et que je fasse le voyage.

Une vasque m’a accueillie, rayonnante devant son rideau de lierre. Le doux chant d’Ophélie, se baignant avec les oiseaux, m’arrivait comme une cascade, en éclats lumineux de fraîcheur.  Sa longue chevelure entraînée par les eaux vertes débordant de la vasque tissait un écran irréel derrière lequel une statue drapée de mousse, figée d’éternité, semblait attendre un improbable miracle


elle était si jeune

la petite porteuse d’eau –

Ophélie dormait


le chemin se joue du temps

la romance est éternelle


Adamante Donsimoni - 8 avril 2023 ©musicstart (sacem)




D'autres textes sur l'image ICI
 

La solitude est illusoire

 

Nous ne sommes jamais seuls, 
nous sommes tous reliés, 
il nous suffit d'ouvrir notre cœur
d'accueillir, pour le sentir.

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