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08/02/2021

Quelques pas furtifs dans les hautes herbes

 




   Quelques pas furtifs dans les hautes herbes. Tous mes sens aux aguets, je voyage sur une musique couleur terre. Je perçois les effluves de liberté de ce monde sauvage qui s’offre à moi. L’attrait de l’inconnu me pousse à vaincre mes craintes, je décide de continuer dans cet imbroglio où les chemins se perdent afin sans doute de mieux me retrouver… Acte ultime peut-être, je plonge dans ma racine primaire


que se cache-t-il

dans cette sombre forêt ?

qui peuple la nuit ?


un sommeil, enfui trop loin

quelques soupirs de rosée



 J’avance à la découverte dans ce tableau surgi du monde intérieur qu’un autre a offert à la contemplation. Je ne risque rien d’autre que ma vie à me fondre dans cette profusion de formes aussi étranges que mon aventure. Se perdre à sa dimension personnelle c’est se retrouver dans la palpitation universelle qui sans cesse nous appelle. J’arrive !

 


un feulement doux 

deux grands yeux phosphorescents 

le cœur qui s’emballe


ne pas céder à la peur-

              j’arrive, oui j’arrive.



Adamante Donsimoni ©sacem



L'herbier de Poésies 

03/02/2021

Romano, les lettres à Grand-père

 








 Ce n'est hélas pas une grande surprise. Depuis l'an dernier, toutes les lectures prévues ont été reportées. 
Nous ne prévoyons plus de dates, nous attendons. 
J'espère surtout que ces lieux, essentiels à notre vie culturelle, ne connaîtront pas de difficultés irrémédiables car nous en avons un besoin vital.

 

Toutes mes pensées vont à Philippe Brizon pour l'Agora, à Dominique Casays  pour les Temps du Corps, à Christian Cazaubon pour le Café Vert... Si je suis triste de ne pouvoir tenir ces lectures, je le suis plus encore pour eux qui ont dû cesser toute leurs activités vis-à-vis du public.  

 



Ce qu'est Romano ? 

En attendant que vous-même puissiez le découvrir, je laisse à un lecteur et ami, Serge de la Torre, le soin de vous en parler :

 


 

Voici un titre ! 

Une énigme, plus qu’une porte d’entrée vraiment transparente !

Et bien malin, qui de là, peut déduire ne serait-ce que l’essentiel du contenu. 

Ce livre se savoure, il se ressent autant qu’il se lit. 

« Romano » d’abord ! 

Une pirouette qui vaut la peine de la curiosité et le détour de la lecture. 

Il ancre (encre) semble-t-il un destin dans une anecdote, une dette enfantine… 

Les Lettres, ensuite… 

Certes, il est bien question tout au long du livre de missives, mais reste la question pour le lecteur de bien comprendre où s’origine ces écrits et à « qui » ils s’adressent. 

On n’est pas, avec ce recueil, forcément loin de l’œuvre diaristique, ou de l’échange épistolaire (surtout dans un sens, quoique …) mais on en déborde largement le fond : ici la quête est personnelle, et touche autant à l’expression poétique, qu’au partage d’une expérience intérieure essentielle.

La poésie retrouve, là, son essence première, celle que lui donnait les Grecs, pour qui elle se confondait avec un pouvoir « divin » et avec les origines de l’Univers.

« Romano » est de plus structuré dans sa forme, autant que dans son contenu. 

Ponctué de tankas, après chaque adressage en prose,  ceux-ci font apparaitre la quintessence de chacune des lettres. 

Elles sont, d’ailleurs relevées de quelques photos frappantes qui donnent à l’œil le temps de l’esthétique, le temps de se projeter et respirer.  

Faut-il dévoilé (si tant est que c’est possible) « qui » est ce Grand-père que le livre dévoile lentement, page après page et jusqu’à la dernière, tout en les précédant chacune ? 

Sans doute vaut-il mieux ne pas le faire.   

« Dé-finir », ne devrait-il pas étymologiquement conduire hors des limites, plutôt qu’à cerner la réponse impossible de mots supplémentaires.  

Elle n’en mérite pas moins que le lecteur se laisse gagner par cette question et qu’il plonge à la suite de l’auteure en quête de ce « Grand-père » qui nous concerne chacun, afin de nous ouvrir à des vécus possibles et fort sincèrement partagés dans les divers textes. 

Il y a dans ce livre, des passages d’une bien  fine sensibilité, d’une humanité profonde et d’une sagesse vécue sans, pourtant, aucune prétention à rien conduire, ou rien indiquer à quiconque. 

Une quête décrite, oui, un vrai chemin d’expériences (reçues et/ou ressenties) en termes de qualités et d’images, à diverses grandes heures d’une vie qui se vit comme simple, actuelle et engagée : un cri de révolte parfois nourri de la confrontation à l’absurde ou à l’injuste. 

Un livre où la poésie se conjugue en vers comme en prose, où la musique et la polysémie des mots sont portées par un cœur ouvert, en dialogue avec la Vie qui l’anime et l’entoure.  

Serge de la Torre




Vous pouvez commander le livre auprès de moi  
-dédicacé-
via le formulaire de contact
ou encore sur les sites habituels (FNAC, Amazon...)

 


 





L’oiseau messager

 

C'est lui, juillet 2019, devant la maison à 2 pas de moi. Un très jeune rouge-gorge.
Merci l'oiseau.


Je n'avais pas encore témoigné publiquement de certaines expériences, il est un moment pour le faire, c'est maintenant.

 

   Aujourd’hui j’ai envie de vous raconter une histoire que j’ai réellement vécue, une anecdote diraient certains, celle de l’oiseau messager, un jeune rouge-gorge pour être précise.

   Un matin d’été, j’étais assise sur les marches, devant la maison, je n’avais pas le moral. Soudain il est apparu, il s’est approché de moi, si près que j’aurais pu le toucher. Il me regardait de son petit œil vif, si confiant que j’en oubliais mon tracas du jour, une affaire qui me faisait soucis, et qui depuis s’est réglée sans heurt. Il semblait me dire : « Aie confiance, je suis là ». Alors mon esprit troublé s’apaisa, mon cœur s’ouvrit.

   Adieu tourment, je lui ai souri, je lui ai parlé, je l’ai remercié de me rendre ma joie. Lorsqu’il s’est envolé, il m’a abandonné une plume. Je l’ai ramassée, et le jour-même, je l’ai incluse dans un petit tableau qui est resté à la campagne, sur une étagère du séjour. 

   Durant trois jours je l’ai vu dans le jardin. Il m’accompagnait quand je sortais, il n’était jamais très loin, il m’observait. 

   Le lendemain, dans l’après-midi alors que je prenais le frais, assise sur le banc, sous les forsythias, il est même venu piquer un ver de terre entre mes pieds. Ce jeune rouge-gorge téméraire m’était vraiment très sympathique. Je l’imaginais déjà installé à demeure dans ce petit territoire de campagne qui me tient à cœur. 

   Le troisième jour, au matin, comme à mon habitude j’étais assise en bout de la table devant mon café, juste en face de la porte d’entrée grande ouverte, il est venu. Je pouvais voir jusqu’au fond de mon petit domaine au travers de la seconde porte grillagée de vert dissuadant nos chats de sortir et les autres de rentrer. 

   Il a battu des ailes quelques instants à la manière d’un Colibri devant cette grille qui nous séparait. Il me fixait tout en voletant sur place, comme s’il voulait me dire quelque chose. Quel étonnement de voir ce si petit oiseau se comporter ainsi, j’en étais bouleversée. Je le sais à présent, il était venu me faire ses adieux.  Ce fut la dernière fois que je le vis. 

   Très souvent je pense à lui, je me demande ce qu’il est devenu. 

 Lorsque je me remémore cette histoire, je me dis qu’il m’a transmis un message essentiel que je pourrais traduire par : « Aie confiance, tu n’es jamais seule ». 

 C’est vrai, lorsque nous prenons conscience de la dimension profonde du cœur, nous ne sommes jamais seuls.


Adamante Donsimoni ©sacem





Acrylique sur papier froissé et la plume du jeune rouge-gorge

31/01/2021

Regardez, il danse !

 

Photo Adamante - près de Chantemille -Creuse-




Je l’ai croisé un jour d’été. Elfe ou Farfadet ? Il m’est apparu au travers du feuillage l’arbre en forme d’arc-en-ciel. En le voyant ainsi incliné, je me suis dit : il danse


que salue-t-il donc

l’esprit discret du feuillage

le printemps qui vient ?


Tout s’efface et s’enfuit, les vieux arbres ne sont pas éternels. Les ans ont marqué son écorce comme les rides le visage


que raconte-t-il

l’esprit qui vit dans l’arbre ?

le rien, sans mot


Si le vent porte longtemps la voix des enchanteurs, un pincement discret, cicatrice d’un passé heureux si vite disparu, serre le cœur quand on les écoute. Nous avons tant de points communs


l’esprit de l’arbre

chante sa chanson muette

au vent qui passe


il s’incline doucement

la terre et le ciel scintillent.

  

Adamante Donsimoni © Sacem


24/01/2021

Tableau champêtre

 

Photo Nathalie Guillon-Manaud© -scène d'hiver en creuse-





Quand l’herbe se raréfie, que le givre craque sous les sabots, le foin s’invite au pré. L’image est idyllique.


quelques bêlements-

succulence d’herbe sèche

la joie du troupeau


Les arbres se floutent. Cette petite coquetterie masque l’absence des feuilles. Quelle joie que de marcher dans cette campagne tissée d’éternité. 


Jean-François Millet

aurait aimé la Creuse,

la douceur du lieu


Les brebis sereines regroupées autour de la mangeoire, quel tableau ! Tandis que les unes, l’œil mi-clos de plaisir, mastiquent ce foin à la fois nourriture et litière, d’autres repues s’y reposent. Quelques curieuses fixent l’objectif venu dérober leur image


épaisse toison

manteau gainé de suint

défaite du froid.


Adamante Donsimoni ©sacem

21 janvier 2021


L'Herbier de Poésies Page 169

19/01/2021

Solitude

 


Première neige - Adamante Donsimoni





Craque la neige…

À chaque pas

Le souvenir

Un rire

Une parole

Quelques mots

D’enfance

 

Un oiseau chante :

« Souviens-toi ! »

  

Oui

Je me souviens

Bien plus encore, l’oiseau

Je vis l’absence en compagnie

Il est là

Frissons de joie glacée

N’est-ce pas son pas 

Qui fait écho au mien ?

C’est lui

Chantent les arbres rutilants

Reflets argents

Sous le ciel gris


Accroche cœur de lumière

Sur mon cœur orphelin

Sur l’horizon 

Il est inscrit


Bientôt nous serons réunis

Déjà ensemble

Sur ce chemin d’hiver

Tant de fois parcouru.


©Adamante Donsimoni (sacem)

13 janvier 2021




"la tendresse" huile/toile 46x38 - 2010 Adamante








01/01/2021

Vœux et Dragon du Soleil

 





   J’ai croisé le dragon du Soleil, celui qui garde la lumière d’or en son cœur. Le soleil est sa raison d’être, la lumière son sacerdoce. 

   Dans les brumes matinales, et bien que dissimulé par les volutes laiteuses montant à l’assaut de l’océan du ciel, il m’est apparu, couronné d’un faisceau de rayons blancs. Un clin d’œil de la nature à mon âme rêveuse, sans doute. Tout en lui exprimait la prestance et la noblesse, l’humilité et la sagesse, ce qui est l’apanage des grands. 

  Un œuf de lumière sous chaque patte avant, il veillait. Quelle divine couveuse ! Esprit de l’espace infini, grand ordonnateur de la pensée humaine, c’est ainsi que je m’en souviens. 

   Il me semblait rêver la naissance d’un avenir rayonnant. Je crus percevoir le chemin que dessinaient ses pensées, un sentier sinueux longeant tranquillement nos abîmes humains, la voie d’une avancée sans crainte animée de la certitude qui habite les justes. 

   J’ai compris que demain ne pouvait appartenir à la vitesse mais au discernement, à la paix dans le sac à dos, à la marche lente et régulière des faiseurs de rien qui accompagnent le temps dans sa dimension d’instant éternel. 

 « Je reçois et j’accueille, alors ce qui est plomb se transforme en or. » 

   Ai-je rêvé ces mots lorsqu’il posa son regard sur moi ? 

   Que de douceur, que de tendresse il y avait dans ce regard. Je ne sais combien de temps dura cet échange, je m’étais oubliée. Lorsque je repris mes esprits, mes troubles m’avaient quitté, plus aucune peur, plus aucun regret, je venais de naître. 

   J’aimerais aujourd’hui, suivant son enseignement, œuvrer pour un monde harmonieux d’ombre sans ténèbres et de lumière sans brûlure. 

Cela est possible, je le sais, il ne faut pas désespérer.


Adamante Donsimoni © sacem

21/12/2020

Le violoniste absent

 

Marc Chagall | Autour d'elle 1945 - Huile sur toile 131 x 109,5 cm 
Inscriptions :S.D.B.DR. : Chagall / Marc 1945 Don de l'artiste, 1953. - D.R. -

D'autres œuvres du peintre ICI 


Ce tableau a été peint après la mort de son épouse qui était aussi son modèle.

 

 

Le violoniste absent


 

Le violoniste est absent

Mais quelque part

Peut-être

Perdu dans le bleu

Dans une maison

Sous globe éclairé lune

J’entends pleurer l’archet

Des notes s’envolent 

Par deux 

Couple amoureux


Elle 

Porte un long voile blanc

Il s’élève 

Vers les buissons du ciel

Arc-en-ciel délavé 

Larmes de neige

Le froid

Nouvelle demeure

De l’Aimée


Lui

Porte le bleu

Bleu solitude

Bleu cœur orphelin

Sa bouche s’ouvre vers le ciel

Cri atone

Déchirant la nuit

Bleue

Comme son âme blessée


Là-haut

Au-dessus des Hommes

Un oiseau porte flamme

Jaune

Comme la lune

Comme l’étoile

Aux piques acérées

De l’exclusion et des pogroms


Deux notes

Sur la partition de l’amour

Inséparables 

Séparés


La toile est un porte peine

Illustré couleur de larmes 

Les brosses 

Devant le chevalet

Attendent le prochain sanglot.


Chaque jour est un jour d’adieu.


Adamante Donsimoni ©sacem

Samedi 19 décembre 2020 

 

 Et si vous aimez la musique contemporaine CLIC 


L'HERBIER DE POÉSIES

 

07/12/2020

Bleu, bleu, bleu, le ciel de Mir

 

oiseaux-et-insectes-c-successio-miro-adagp-paris-2018
photo-the-albertina-museum-vienne-the-batliner-collection.DR



Bleu le ciel de Miro. Ses nuages s’enchantent, s’élucubrent facétieux, dans les nuées de son imaginaire. 


Le cri d’un oiseau

jaillit. La boite à malice

vient juste d’ouvrir


Nous voilà en maraude dans l’espace où un oiseau femelle débride sa libido dans les nuages. Tête en capilotade, les faux bourdons se précipitent vers cette reine énamourée.


folie de nature

le printemps s’habille en bleu

quelle débandade !


Fantasmes et chimères, fantaisies in vitro s’ébattent. L’amour a des images à vous chambouler le réel, - si tant est que vous le connaissiez -.


ce que vous croiyez

est parti en biberine*

loi des origines.


Adamante Donsimoni (©sacem)



*Partir en vrille, en déconfiture