Le vent se lève, s’enfle, descend vers la maison.
Les volets claquent, les carillons chinois se mettent à chanter. Les herbes se courbent, les rosiers s’agitent, la campagne tout entière ondule. Tout s’enroule, se déroule, se cabre et s’agenouille, ballet contemporain de retenues et d’explosions.
Immobile, j’accueille la chaleur de ses caresses dans le soleil du soir et, dans cette torpeur exaspérante des corps terrassés par l’attente, monte en moi une envie d’orage.
Adamante Donsimoni (sacem)
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28/05/2018
Une envie d’orage
17/05/2018
Fusion cosmique
Détail de la bannière de Mawangdui |
Fusion cosmiqueDanse des corps dans l’espace, l’Univers contient tout. Dans la vibration intemporelle, l’osmose se dit dans la lenteur, le souffle est là.L’union est un rayonnement, une fusion cosmique totale. C’est le chant des cellules ouvertes sur l’indéfini, la respiration des sphères parcourant le monde originel où l’ascension brûlante de se réaliser, arrivée à l’apex de sa trajectoire, s’accorde de redescendre pour accepter le froid.yin yang, l’eau, le feuenchaînement des sphèresle lâcher prise©Adamante Donsimoni (sacem)
26/04/2018
Le marionnettiste
Photo Carine Noushka (toutes les photos de son journal facebook dont cette série sur l'Euplecte à croupion jaune) |
Il
était une fois, l’autre côté du miroir.
Les
herbes poudrées de rose, de violet m’avaient entraînée ce jour-là, jusqu’au
ravissement. J’avais perdu tout sens commun, je découvrais l’invisible.
Un elfe d’herbier
dansait pour un oiseau noir,
leçon de charme
L’oiseau
s’était arrêté comme s’arrêtent les oiseaux quand ils sont fatigués de voler,
sur la tige d’une plante sèche. Très concentré, il regardait l’elfe d’un œil attentif.
Dialogue muet
entre la terre et le ciel,
une vibration
Ces
deux-là me semblaient complices, comme peuvent être complices ceux qui
échappent à la menace humaine, du moins pour un instant.
Un instant, un seul
et le temps s’éternise,
tout est si léger.
Le
souffle chaud du vent que l’on devine balaye les certitudes. Il ne reste plus
rien que l’imaginaire en action, les profondeurs créatrices d’un cœur ouvert
sur l’oubli de soi.
Là, derrière l’oiseau,
une silhouette d’enfant,
une apparition.
C’est
le marionnettiste des hautes herbes. Penché vers le sol, il fait danser les
elfes du grand herbier de la Terre quand les oiseaux sont tristes. Quelle
nostalgie dans l’œil de ce petit oiseau marqué de jaune sur le dos.
Sur sa livrée noire
est inscrit le doigt du Soleil,
la distinction d’un Dieu.
Tout
en lui est tendresse. Il rayonne d’un amour dont l’unique et impérieux besoin
est de se donner, sans attente, sans espoir de retour, nécessité de célébrer la
vie tout simplement. Et, pensant à
la dérive humaine de ne donner d’importance qu’à l’économie et aux marchés
financiers, en le regardant, je me demande si pour la Terre l’espoir nous est
encore permis.
L’amour d’un oiseau
le doux murmure des herbes,
un souffle, la vie.
©Adamante Donsimoni (sacem)
30/03/2018
Alep
Alep
Quand il ne reste plus rien que poussière et
murs écroulés sous la voix des bombes ; que la vie se teinte du gris de la
cendre quand elle se mêle au sang ; quand l’enjeu des puissants est trop
important pour qu’ils laissent la vie sauve à des innocents, plus mal lotis que
des rats que l’on gaze pour les éradiquer, seule la musique peut s’élever des
décombres vers le ciel.
Alep
Un ange révélé par quelques notes, écrites de
toute éternité pour emplir le vide et libérer l’âme, s’est envolé vers les
étoiles. Espoir de renouveau.
Il est des fleurs qui poussent sur le granit.
Alep
Sous l’œil du photographe.
Un vieil homme solitaire, impuissant, pris de
musique dans son univers dévasté, témoigne au monde entier la folie et
l’espoir.
Alep
Monsieur Anis, c’est vous, le symbole de la
lumière du monde.
Adamante Donsimoni (sacem)
"Il y a des hommes, des rêves, et des objets plus forts que la guerre, et Mohammed Mahiedine Anis, sa collection de voitures anciennes, sa pipe et son phonographe, en font partie", écrit Joseph Eid, photographe à Beyrouth, en reportage en Syrie.
22/03/2018
Des chaussures pour mémoire
Doris Salcedo Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago - Détail -
Chaussures exposées dans une galerie d’art, façon organdi et papier de soie.
Un flot de silence s’élève, brise l’anonymat,Le cri minéral de l’absence rebondit sur le blanc des murs.
Sur la pointe, comme les chaussons d’une étoile.Sur la pointe, comme pour se hisser vers les lumières de la nuit, immense.Sur la pointe, pour ne pas oublier et offrir au regard un soupçon de grâce bordé d’épines,Des escarpins se racontent.Combien de Cendrillons ont perdu leurs souliers ?Combien de Cendrillons ont perdu leur visage, lacéré, un jour si différent des autres et qui n’aurait pas dû ?Combien de Cendrillons pour combien de souliers ?Combien de souliers pour savoir qui ? Pour briser l’attente, insupportable ?La terre a bu le sang,La terre boit toujours le sang.La terre, comme toutes les mères dans la nature lèche les plaies de ses petits,Quand le cœur se brise en un dernier hoquet et que le corps vaincu s’effondre,Digue rompue, avec le sang la vie s’enfuit.Comme il est lourd le ciel, du premier au dernier rayon du soleil, sur la terre en deuil.Ici sur la pointe, combien de souliers ?Ailleurs sur la terre ou bien dedans, combien de Cendrillons ?
©Adamante Donsimoni (sacem)
Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.
Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.
Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.
Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique. Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”
13/03/2018
T’es qui ?
Partout sur la toile, on peut lire
cette question :
« T’es
qui toi qui passe par ici, qui repassera par là ? » *
C’est vrai ça, un clic et c’est bon
pour une prochaine rencontre : Databoumboum !
« T’es qui ? » voilà la
question qui te met en face de ton néant intérieur.
« T’es
mal hein ? Tu sais pas t’es qui ! Tu voudrais bien le
savoir ! T’es rien ! »
Allez, clique ici, on va t’apprendre à
le devenir.
Si c’était vrai… Alors, tu cliques,
c’est parti, on t’entartine une logorrhée qui dure des pages, tant que ton
poisson s’asphyxie. Enfin tout en bas, très très très en bas, on te demande un
dernier clic, voilà le prix. Ouf !
Aïe !
Un conseil : tu passes ou tu te
couches. Ruffin ne peut rien pour
toi en la circonstance, mais tu lui balances un like, il l’a bien mérité et tu
partages, c’est encore mieux.
Ce que c’est que l’imprégnation tout
de même !
Ce matin, je me réveille, j’appelle un
sourire pour saluer le jour et voilà qu’il s’en présente un, dents pointues,
yeux de flèches et qui me dit : « T’es qui ? »
Avant le café ! Le trouble. Les neurones encore
embrumés, je réfléchis.
C’est alors que mon Être intérieur,
indépendantiste de la première heure me murmure à l’oreille du cœur :
« Retiens bien ce que je te dis,
ça pourra aussi te servir d’épitaphe quand on balancera tes cendres à la mer,
quand on te demandera « t’es qui », répond :
Je suis une
metteuse sur planches, écrivassière, peinturlurette,
théâcontresse et chantonneuse,
zenrénissime
qigonguesse à 3 barettes,
bref,
touchtouchtout, bonareu chez les franchouillards.
Bonareu pas grave,
sur tous les chemins de traverse, j’engrange.
J’ai touchtouchtouté
toute ma vie et touchtouchtourai jusqu’à la fin.
Je ne suis que de
passage, je ne suis rien que de passage. »
*
chanté
©Adamante Donsimoni(sacem)
08/03/2018
EXPIATION
Richard Dadd, Le coup de maître du bûcheron-magicien |
Expiation
Au pays des
fées, des elfes et des gnomes quelques élémentaux jouent du clairon. Est-ce en
l’honneur de l’arbre abattu, invisible, ou pour saluer les retardataires venus
célébrer sa mort ?
Un imbroglio
de ramures innerve le paysage de Dadd. Mémoire vascularisée. Il y a là une
menace. Des flèches se dressent vers l’horizon interdit, les marguerites
poussent sur la pierre et des boulets de marrons jonchent le sol. Le bûcheron
lève sa hache sur le vide. Expiation !
L’arbre qu’il
veut abattre, n’est-ce pas ce petit vieux rabougri à la barbe blanche, assis au
sol, le regard dur et qui lui fait face ?
L’abattras-tu ? semblent lui demander ceux qui sont autour et qui
l’observent, en seras-tu capable ? Ils sont tellement nombreux à hanter le
paysage. Il va le faire. Il va le faire, grincent des monstres sans cou, tête
tassée dessus leur tronc. Fantômes tronqués, écrasés comme autant de souvenirs
enfouis. Il va le faire, il doit le faire !
L’immense
bûcheron refait et refait son geste dans sa tête envahie de troubles qui
dégoulinent sur la toile comme pour marquer à jamais l’acte expiatoire du
peintre.
Au pays des
contes d’Orient ou d’Occident, la mort est toujours présente. Shéhérazade lui
échappe nuit après nuit, ailleurs on fait danser les méchantes belles-mères sur
des plaques chauffées à blanc pour les punir et, toujours, on mange les petits
enfants.
Adamante Donsimoni (sacem)
Sur une toile de Richard Dadd, Le coup de maître du bûcheron-magicien,
1855-1864,
huile sur toile, 54 x 39 cm, Tate Britain, Londres
huile sur toile, 54 x 39 cm, Tate Britain, Londres
Portrait de Richard Dadd, vers 1856
Le peintre, Richard Dadd, débute sa carrière artistique tout à fait normalement. Mais après un voyage en Orient, il sombre peu à peu dans la folie.Au point de devenir complètement incontrôlable : victime de pulsions meurtrières, il assassine son propre père !Dadd est donc immédiatement enfermé dans un asile. À cette époque, ce type de lieu ressemble davantage à une prison où les "fous" n’ont pas vraiment de soins.Il a cependant l'autorisation de continuer à peindre. C’est là où, pendant près d’une dizaine d’années, il va notamment travailler à cette toile énigmatique…Le peintre Effrayé par l'idée même du vide, passe et repasse des dizaines de couches de peinture pour chaque petite figure sortie de son imagination. Résultat : à certains endroits, la peinture est quasiment en relief !Sa production en tant que "peintre aliéné" est connue du public de l’époque. La presse salue son talent extraordinaire, et l'Art Journal, ironiquement, lui reconnaît une "capacité à l’imagination indemne" ! De son côté, depuis sa cellule, Dadd continuera à créer jusqu’à la fin de ses jours.
Source ARTIPS
Détail de l'œuvre
03/03/2018
À ma mère
Le temps s’enfuit
et les années s’entassent
mais pas ton souvenir
tu serais bien vieille, aujourd’hui
pour ton anniversaire
Adamante Donsimoni (sacem)
et les années s’entassent
mais pas ton souvenir
tu serais bien vieille, aujourd’hui
pour ton anniversaire
Adamante Donsimoni (sacem)
01/03/2018
C’était la Dame bleue
Tout
est bleu, la terre, l’eau, le ciel et mon regard. Non, ce n’est pas du flou qui
fait vibrer l’espace. Il y a là un appel à l’unification
L’air
épouse l’eau,
la
brume d’éternité
apaise
l’âme
L’horizon
ne dit plus son nom, tout ce bleu le dévore. C’est alors qu’une silhouette m’apparaît. Elle descend de
mon regard pour se poser, comme un oiseau, sur cette écume de rêves. Je me
souviens…
C’était
la Dame bleue,
elle
m’invitait à la suivre
mais
il faisait trop froid
Au
bord de la plage, si loin de ce rendez-vous manqué, enveloppée de bleus, je
m’abandonne.
©AdamanteDonsimoni (sacem)
28/02/2018
Le merveilleux et les voyages dans l’imaginaire
Un
ami, sur la toile, avait publié une réflexion ayant pour thème :
« Qui écrit
en moi, quand j’écris, et pour qui ? »
« Se préoccupe-t-on du
destinataire dans sa pratique artistique ? »
Je
n'ai guère le goût de l'introspection, mais en le lisant il m'est venu plein
d'idées. Je les lui ai livrées un peu décousues, telles qu'elles me sont
venues. C’est le lot des commentaires. Puis j’ai approfondi. J’ai cherché comment je pourrais
expliciter mon vécu au travers des arts, avec la dimension énergétique.
En
se situant au-delà de l'esthétisme, je dirais que les images, les formes, les
couleurs (ou leur absence) sont en quelque sorte les mots du peintre, un geste
de lui vers la toile et lui revenant. Geste qui ira ensuite vers le spectateur de son œuvre. Son œuvre est un
message au-delà des mots, l'expression de sa part d'humanité exprimée sans
qu'il en soit obligatoirement conscient. « Porte-voix » en effet, au
même titre que l'auteur, « d'une humanité en recherche ».
L'auteur,
le peintre, mais on peut ouvrir aussi à l'interprète, va puiser à la source de
son être pour exprimer au monde : Je suis. Ce disant, c'est à lui qu'il crie
être, à cette immensité qui l’habite, qu’il pressent être lui, mystère qui tout
à la fois l’attire et lui fait peur ou tout au moins le trouble. Sans cette
reconnaissance de ce lui-même, aucune paix ne pourra jamais l'habiter.
Intuitivement,
il sait trouver dans l'art, car l’art nécessite de lâcher prise, la clef qui pourrait
bien ouvrir ce sésame porteur de cette joie, seule en capacité de le faire
libre.
Il
sait qu'en face de lui, les lecteurs, les spectateurs, ces innombrables
"lui-même" ressentent aussi ce manque. Alors en peignant, en
écrivant, en interprétant, patiemment il construit le pont qui lui permettra le
partage.
L’art
et le merveilleux, une symbiose créatrice
L’Art
nourricier, l’art eau de la vie, l’art catharsis, cela ne se peut que sur la
base d'une bonne technique. Il est indispensable d'apprendre à marcher avant de
courir.
« Dans tous les arts, la connaissance de la technique peut quelquefois étouffer l’étincelle de l’inspiration chez un artiste médiocre ; mais la même technique, entre les mains d’un maître, attise au contraire cette étincelle et en tire des flammes dévorantes. » Josef Jasser (citation tirée du livre « Être acteur » de Michael Chekhov, le livre de chevet que je conseille aux comédiens).
Celui-là
crée qui développe sa flamme, il touche à la dimension du merveilleux qu'il
sait intuitivement exister en lui.
"Le merveilleux continue aujourd'hui, malgré les complets vestons et les robes de grande couture, malgré les progrès mécaniques ; il est présent dans l'homme embrigadé à l'usine ou au bureau, revêtu de l'uniforme le plus monotone ; il est le mystère des nuits, non qu'il soit fait d'obscurité, mais parce qu'il est lumière dans la nuit. Il est suffisamment présent pour nous attirer, en toutes occasions, à l'appel de son nom et pour qu'à l'audition de certains poèmes nous sentions un trouble étrange et ayons l'impérieux besoin de nous dépouiller du vieil homme dont le poids continue à peser sur nous tous." Pierre Mabille « Le merveilleux »
Oui,
le merveilleux nous fait voyager dans l’imaginaire, la visualisation
l’accompagne et quand on sait que l’esprit peut tout pour nous, on sait alors que
l’on a tout pouvoir sur sa vie.
Notre pensée a une force, une force immense qu’il est préférable de
diriger dans la bonne direction pour ne pas en souffrir au quotidien par ce que
j’appelle les « pensées marche arrière ». Ces pensées qui grignotent
à chaque instant notre confiance et nous réduisent à l’état de victime.
Vous
comprendrez alors pourquoi, depuis toujours, dans les ateliers que j’anime, je
propose systématiquement ces voyages qui permettent, au travers de notre abandon,
de vivre les retrouvailles avec notre enfant intérieur, ce qui nous permet, en
conscience, de devenir vraiment créateur de notre vie et de donner corps à nos
rêves.
©Adamante
Donsimoni(sacem)
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