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05/12/2022

Les roseaux


    La barque vient d’accoster. J’avance un pas hésitant sur le lit de roseaux me séparant des eaux du lac. Étrange île flottante si éloignée de la terre ferme. Ici on vit sur un plancher humide et pernicieux qui vous ronge les articulations et vous vieillit avant l’âge  


lac Titicaca

le monde étrange des eaux-

impression d’ailleurs


    Quelques cabanes tressées de roseaux, et sur le pas de la porte, quelques femmes flanquées de nourrissons proposent, avec un sourire édenté, quelques maigres souvenirs nés de leurs mains aux doigts déjà déformés. Ici les enfants vont à l’école en barque. Une autre île, éloignée, un voyage dans un dédale de canaux, tous semblables


avant le soleil 

l’aîné attrape les rames 

la journée commence


à la tombée de la nuit

le soir les ramènera


    Je quitte le souvenir, ici la cabane est plantée en terre, et deux silhouettes, ombres d’une autre misère, serpe en main, s’affairent à couper la tige ligneuse. L’humide est son terrain et du corps en souffrance, racine favorable aux reins, elle en élimine l’eau. Qu’elle soit médecine, toiture en devenir, balai, fourrage, canne à pêche pour les plus gros… il semble qu’il faille, sous toutes les latitudes, payer à la plante son dû en tour de reins  


en aller-retour

cadence du mouvement-

que la terre est basse 



Adamante Donsimoni - ©sacem - 26 novembre 2022 

sur une œuvre de Jason Bowyer : 

La coupe des roseaux, hiver - © Copyright 2010-2022 Jason Bowyer NEAC RP PS



https://www.jasonbowyer.com/landscapes.asp

L'HERBIER DE POÉSIES

13/11/2022

Petite chose gourmande


Adamante Donsimoni - aquarelle




  Une petite comète à tête de chat, qui semble bien l’avoir perdue sa tête, roule-vole sur le fond miellé d’un ciel estival plein d’énergies pétillantes et de couleurs désinhibées. Elle me précède sur le chemin, à moins que je ne la suive, l’air de rien, le nez au vent. 

Je veux m’imprégner de la moindre de ses mimiques. Les yeux emplis de succulence, la chose succombe sans aucune retenue, je feins l’indifférence et me retient de rire. Cette Maya aux joues rebondies, gavée et toujours avide semble-t-il de nectar, ne cesse de se lécher les babines. 

La hors-la-loi de la morale fait plaisir à voir, céder à l’envie n’est pas là concupiscence mais épanouissement. Il ne faut pas cacher qu’on aime quand on aime comme ça. Moi, je me régale à l’observer, je l’avoue sans difficulté


cette gourmandise 

est une invitation à vivre-

bonheur sans honte


aux pays de la joie

la règle est jouir d’aimer



©Adamante Donsimoni 

 6 novembre 2022 (sacem)


D'autres texte sur cette aquarelle sur l'Herbier de Poésies 

mon précédente article LE PETIT CHEMIN




08/11/2022

LE PETIT CHEMIN

 

"Il était une fois" illustration de mon livre Le Faiseur d'Accueil & autres contes.


     À lire et écouter ce qui fleurit dans les champs de la culture quelques points zéro cultivés par des maîtres ascensionnés ou des êtres lumineux incarnés sur notre belle Terre pour aider, je me dis que l’extérieur est bien fascinant. On y trouve tout comme au supermarché, en formes et en couleurs, en promesses plus formidables les unes que les autres.  Il n’est qu’à cliquer pour être transporté bien au-delà de nos rêves les plus insensés. 

     On embarque pour une traversée vers une réalisation qu’envieraient les Dieux mêmes. La vie, la force, la joie, l’abondance sont au bout du chemin, il n’est qu’à se laisser porter par une voix angélique et de fermer les yeux pour traverser les galaxies, boire à la Source de la Lumière et revenir transformés et rayonnants. Le rêve !

     Ma foi, quand la musique s’arrête, que la voix s’éteint, qu’on retrouve son petit train-train rythmé par les bricoles du quotidien qui résistent à se plier à toutes ces promesses, on se débat, on se désespère, on se culpabilise, on déprime, et fatigué de tant d’efforts, on finit même par ressentir de la colère. Fini le beau sourire de celui qui vient de découvrir la vierge au coin du bois, le cœur porté par la chorale des anges, la bouche est amère et la pensée rugueuse. Alors on rallume la machine, on se connecte, on recommence à écouter la voix qui nous rassure, elle promet que toutes les belles choses que l’on inscrit avec conviction dans le réseau sans fil de l’Univers vont immanquablement se réaliser, et pour vous aider plus encore, elle vous propose le séminaire qui vous aidera à vous hisser à votre top niveau de créateur éclairé.  Cette fois c’est certain se dit-on, je vais tout bien faire, tout bien apprendre, je fonce. Mais… hélas, hélas. La petite voix intérieure n’est pas au diapason, elle se fiche du tiers comme du quart de nos petites sauteries spirituelles, pas de jackpot au bout du séminaire, la lumière, la paix et la sagesse ne sont pas au rendez-vous. Et pourquoi donc ?

     C’est simple, et comme tout ce qui est simple, voilà que ça se complique. Ce n’est pas à l’extérieur, en parcourant l’espace et les galaxies, à cheval sur son imaginaire en fête, que l’on trouve la Source de la Lumière et la paix qui accompagne. 

     Cette lumière, c’est l’Amour, mot galvaudé s’il en est, et qui peut faire sourire si on le considère du pays des tout beaux tout gentils, mais cet amour-là est une force, une immense force, la vibration qui se donne sans attente de retour, celle qui dilate le cœur et toutes les cellules du corps, celle qui crée par nature et maintient la cohésion du monde. Cette lumière on ne peut la trouver qu’en soi car c’est en soi que la porte qui débouche sur le monde dont tout dans l’Univers est issu se trouve, et nous aussi sommes faits de cette poussière d’étoile. Descendre en soi, au centre de nos espaces intérieurs, il n’est d’autre chemin que celui-ci. Tous les autres sont illusion, un jeu que l’on se joue à soi-même. Un spectacle trop rutilant avec de fausses lumières, de fausses joies, une mise en scène avec explosion de pétards et de feux d’artifices qui une fois éteints vous laisse vide et épuisé. Miroir aux alouettes, piratage…

     La vraie lumière n’est pas spectaculaire, elle ne promet aucun pouvoir, elle ne promet rien, elle englobe, elle berce, elle est tendresse, elle est douceur. Et miracle, par sa simple présence elle nous comble effaçant ainsi tous nos désirs parce que les désirs se situent à l’extérieur, et que nous sommes dedans. 

     Cela c’est le petit chemin. On a le choix d’emprunter l’autoroute de l’illusion, mais grande cavaleuse du temps elle comporte toujours un péage. Mon sentiment est que l’on ne marche jamais si bien que sur ce petit chemin qui serpente dans l’instant éternel dans lequel on peut enfin s’abandonner à vivre, tout simplement.



Adamante Donsimoni ©sacem

7 novembre 2022

06/11/2022

Une petite fée de jardin

Montage photo : Adamante 

 Montage fait à partir d'une photo de mon havre Creusois et d'une pierre que j'ai trouvée au cours de mes pérégrinations minérales. En la réalisant je pensais à la fête des morts au Mexique : un flamboiement de couleurs et de chants, une approche tellement proche du vivant qui ne fait pas de la mort ce personnage si redouté du monde Occidental.



Une petite fée de jardin

 

    Elle voit les oiseaux se rapprocher d’elle, elle a cessé de douter et libéré les aspirations profondes de son cœur. Elle est redevenue l’enfant émerveillée d’un brin d’herbe, une petite fée de jardin, un minuscule éclat de lumière. Elle est terriblement humaine dans ce monde éduqué et sérieux qui a oublié la nature profonde de l’abandon  


dans les bras de l’amour 

le moindre souffle se fait joie

la vie chante


    Les oiseaux se sont approchés et l’écureuil aussi, jusque-là invisible dans le paysage, un instant d’harmonie sans grande envolée lyrique, sans magie intempestive, sans grand-chose, sinon le fond commun des essences entrées en communion. Alors, émancipés des mots, bondissant jusqu’aux étoiles de toute leur joie d’être, des boutons d’or sortis d’une bouche de pierre froide ont déclaré la vie

        Avec la pluie ce matin, elle a la certitude de la paix 

        Avec la pluie ce matin, elle a la confiance de l’invisible 

     Avec la pluie ce matin, elle a la certitude de la vie qui unit tout du monde, manifestée sous tant de formes différentes. 

    Ce grand corps, plus souvent pressenti que connu, est à explorer, à partager. Elle, c’est moi, une pierre polymorphe soudain entrée en paix avec la perception consciente de notre vibration commune, et moi je ressens l’amour infini de la matière sublimée 


D’une gorge s’envole 

un arpège de lumière

l’or du vivant



Adamante Donsimoni - haïbun  

©sacem  6 novembre 2022  

 

D'autres textes sur cette photo sur L'HERBIER DE POÉSIES Page 208


31/10/2022

En route avec le Tarot


https://images.artips.fr/artips/Breton_Tarot/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202022-07-13%20a%CC%80%2014.32.01.png.html


André Breton, Paracelse, Mage de Connaissance, Serrure, encre de Chine noire et aquarelle sur papier Canson contrecollé sur papier, 23,7 x 13,8 cm, Musée Cantini, Marseille, photo : Bernard Jean © ADAGP, Paris, 2022

André Breton, As de Connaissance. Serrure, aquarelle, encre de Chine et crayon sur papier, 27,8 x 18 cm / À droite : André Masson, La Religieuse portugaise. Sirène d'Amour. Flamme, aquarelle et crayon sur papier Canson, 27,2 x 17 cm, Musée Cantini, Marseille, photos : Bernard Jean © ADAGP, Paris, 2022



    Marseille l’inégalée, entre la Bonne Mère, comme l’appelait ma grand’mère « avé l’assen », et le Tarot ; avec sa Sardine échouée dans son port et sa dernière idole Bernard Tapie… Mais prenons la route du tarot. Voilà qu’un poulpe tricotant des éclairs investit l’as de pique sur le vieux port. Le pique ? une serrure noire dont on a perdu la clef, peut-être celle du château d’If, celle de la liberté. Qu’importe après tout, quand le temps vous dure on s’occupe comme on peut, on ne lit pas dans l’avenir, on fait en sorte de le créer. Le poulpe royal, de ses grands yeux fascinateurs a séduit Breton, à se demander qui a donné naissance à l’autre. L’éclair traversant l’ankh bleue, bleue comme le Dieu Bleu des demeures des millions d’années, me parle d’Apophis le serpent d’eau dont chaque nuit l’astre de la lumière doit être vainqueur pour qu’un nouveau jour puisse naître


parcours des enfers

combat du bien et du mal-

le ciel s’embrase


    Une serrure, une clef d’interrogation semble porter la lumière, mais la flamme de la bougie tremblote tandis qu’une femme plonge dans les abysses. La lumière n’est jamais une certitude, face à la menace de l’ombre n’est-il pas plus sage de fuir ? 

    À ses côtés, est-ce la Bonne Mère en prière ? Ses seins étoilés et son cœur qui a tout d’un sexe armé de tentacules -comme le poulpe-, exprime le danger. Je pense à Médusa la trop belle vantarde qu’Aphrodite vexée de ses allégations de beauté a punie d’une chevelure vipérine. Il ne faut pas provoquer la colère des Dieux. 

    « Qui s’approche se fait mordre ! » nous avertit la carte. Que de rancœur, Monsieur, pour la Dame de cœur ! Votre sirène est dangereuse. Masson semble ici prendre un malin plaisir au blasphème. Yeux mamelles, cœur de vulve, cette Bonne Mère-là ne dominera pas Marseille sur son rocher


poètes maudits

au loin le bruit des bottes- 

entrée en résistance. 

  

  

Adamante Donsimoni 

26 octobre 2022 ©sacem



Source ARTIPS

1941, Seconde Guerre mondiale. Le poète surréaliste André Breton saute dans un train, direction Marseille. L'écrivain, effrayé, s'apprête à prendre un bateau pour fuir la France…

En effet, le pays a été vaincu par les armées nazies. La partie sud du territoire se retrouve sous la domination du régime de Vichy. Or ce dernier ne voit pas d'un bon œil le surréalisme, pas assez académique à son goût. Chef de file de ce mouvement qui explore l’inconscient, Breton est donc surveillé par la police. Il espère retrouver la liberté aux États-Unis.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les artistes tirent chacun deux cartes au hasard et s'empressent de les réinventer. Les symboles traditionnels se transforment en serrure, roue, flamme et étoile. Quant aux personnages, ils deviennent plus démocratiques. On destitue les rois pour en faire des génies. Fini la reine, place à la sirène ! Quant au valet, il s'émancipe et devient un mage.

Ces êtres fantastiques prennent sous la plume des surréalistes les traits de leurs héros, historiques ou littéraires. Des poètes et des médiums sont de la partie, représentés par des formes parfois abstraites, sorties de l’imagination des artistes.

Mais les surréalistes n'auront finalement pas le temps de tirer les cartes ! Les visas enfin obtenus, Breton et ses amis prennent le large. Avec dans leurs bagages, ce jeu de tarot exceptionnel qui ne sera jamais achevé… 


L'HERBIER DE POESIES

23/10/2022

Ce qui se dit

 

 

Ce qui se dit 



     Il faut aller par-là. Il la pointe du doigt cette direction invisible. Je me demande. Par-là est-ce la lumière ? est-ce l’intimation d’un ordre ou l’offrande d’un conseil avisé ? Que voit-il que je ne vois pas ? Je m’égare dans mes pensées, troublée de ne trouver aucune réponse dans le fourbi de mes neurones en panique. Je sens qu’il y a là une vérité qui se cache car il me parle ce crucifié, sans croix ni clous visibles. Il me parle. Se jouerait-il de moi sous ces airs retirés qui en imposent ? J’en doute. Ce que je perçois, ce dont je suis certaine, c’est qu’il y a en lui une insondable blessure. Son cœur est une autoroute fissurée, et la direction indiquée pourrait s’interrompre à tout instant. 


ôtez-lui le bras 

la vérité expose

une lourdeur- Terre


     Avec ou sans son bras le voici, semblable à un empereur déchu qui se drape dans sa dignité intacte. Comme il me semble fragile pourtant sous son aspect de monolithe ! Et je crois entendre sa question : « Pourquoi ? pourquoi ? » Oui pourquoi ? Juste le cœur comprend. Lorsqu’il ne vous reste plus rien, que l’on vous a tout pris, alors l’Être dans le silence exprime sa vibration d’Être, et vous prenez conscience que les faits, que les formes ne sont que mensonges pour masquer l’essentiel. 


ce qui se dit là 

ce qui s’exprime par ces traits

c’est le Rien, total.

 

Adamante Donsimoni - 18 octobre 2022 ©sacem 


D'autres textes ici L'HERBIER DE POÉSIES 

22/10/2022

Derrière la brume

  

Portrait numérique par Adamante


     En son jour d'anniversaire remonte ce souvenir, pas si lointain. C'était le 22 juillet 2022. 

Tout a failli basculer ce jour-là, mais ce n'était pas l'heure. 

     Aujourd'hui je ne sais plus qu'une seule chose, c'est que l'instant, plus que tout, est précieux car il porte le courant de vie. 


 

La brume partout 

Ici, dedans : le vide

Étrange vide

Il ne manque rien

Tout est toujours à sa place

Mais... absent

La brume

Le vide


La fenêtre

Cœur béant

S'ouvre sur un ciel

Gris sale

Tout est si lourd

L’humidité est étouffante


Quelque part dans Paris

Dans le froid d'un bloc opératoire

À l'instant où j'écris

Une poitrine s'offre au scalpel

Des doigts experts reprisent un cœur-

Ton cœur-

Comme le mien est lourd !


Qu’y a-t-il derrière la brume ?

Des chairs à vif

Un sang détourné

Un sommeil sans rêve

Battu d'anesthésiant

Une absence programmée

Et un si long temps d’attente


Traverseras-tu la brume 

Pour me revenir ?


« Tout est à sa juste place »

M’a confié le sage de ma vision

Mais où donc est-elle

La juste place ?


Je n’en sais rien

Je ne sais rien

Sauf que

Je t'attends


Derrière la brume

Je t'attends.



Adamante Donsimoni - 22 juillet 2022 ©sacem



 

17/10/2022

La pierre du Sergent

 

Photo D18 à la sorite de Maneyreaux vers La Gorce - Creuse





   La petite route de campagne bordée de fleurs des champs, bruissante comme une ruche, se souvient de tous ces pas imprimés dans ses couches successives d’asphalte. Ô combien de nostalgie perdurent dans ces herbes qui semblent immortelles


ils allaient gaiement

suivant les bœufs attelés

au rythme de l’Homme


   Comme ils étaient vieux et ridés aux yeux de l’enfant, ces paysans burinés de soleil et de grand air. Chaque année un sillon venait sculpter leurs visages. La mer est loin d’ici, mais même à la campagne, la peau, au fil des saison, se ravine avec le vent, avec les pleurs. Je me souviens…


le Sergent, assis

sur la pierre du chemin

là-bas, tout au bout


derrière la trouée du ciel

qui mène à mes souvenirs


   Alors que nous rentrions de l’école, poussant nos vélos jusqu’au sommet de la côte de l’étang, il nous attendait en appui sur sa canne. Là il nous racontait la grande guerre et nous donnait des conseils que nous n’écoutions pas


détails perdus

mais permanence d’instants-

curieuse mémoire


   La pierre porte désormais le nom de « la pierre du Sergent ». Les histoires se transmettent aux nouvelles générations qui imaginent et se forgent des racines. La Terre a de ces histoires qui vous touchent au plus profond


qu’est-ce qu’une pierre ?

un homme un jour s’y assoit

et l’histoire se dit.

 

Adamante Donsimoni 14 octobre 2022 - ©SACEM 



D'autres textes ici L'HERBIER DE POÉSIES 

13/10/2022

Nous avons dansé

Photo ABC pour le Nid des mots

 

Pour dérouiller nos vieux os, noueux comme ceps de vigne, nous avions décidé de bouger. Tout d’abord lentement, avec précautions, un peu comme nos feuilles quand le vent n’est pas trop agité. Nous comptions sur cet échauffement pour élancer nos bras vers les trouées de ciel bleu. 


la beauté du ciel

un appel à l’évasion

un frisson d’envie


Nous savions que dans la vie le chemin est plus important que le but, et bien que cela ne fut pas indispensable, nous nous étions fixé ce but pour nous motiver. Toutefois, nous étions tous conscients de nos faiblesses, de nos limites. 


l’immobilité

tenir et tenir encore-

désir de souplesse


Les autres, un peu plus bas, les planqués, nous observaient. Ils ignoraient l’adversité, ils n’étaient jamais confrontés aux intempéries qui sévissaient au sommet de la colline, nous si. La vie, en la circonstance le vent, avait déposé leurs graines au bon endroit sous la protection des flancs de la colline. Un coin avec un degré d’hygrométrie idéal et un ensoleillement parfait. 


la douceur de vivre

se balancer dans le vent-

la belle utopie


Nous, avec notre écorce rugueuse, desséchée par l’air et brûlée de soleil, nous avions l’air de malfrats. Notre résistance nous avait tendus jusqu’à la cassure qui parfois résonnait jusque dans la vallée. 


un ancien qui meurt 

sombre écho qui se transmet

jusque dans le cœur


Alors nous avions décidé d’un grand bal et avions profité du vent pour remuer tous les tourments de nos ramures, pour prendre l’espace à la manière des oiseaux qui habituellement nous habitaient et qui ce jour-là avaient fui. Nous avions décidé l’envol. Et ça grinçait, ça gémissait, mais c’était la joie au travers du mouvement. Quel vacarme sur la colline.


me voici seul

à vous raconter l’histoire

oui ! nous avons dansé.



Adamante Donsimoni ©SACEM

Haïbun du 13 octobre 2022