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21/12/2018

Forteresse à la dérive



œuvre de Krist Dimo




La forteresse au regard de sphinx dérive sur la mer comme un iceberg arraché à la banquise. Tête d’homme marquée d’une croix, raccommodée de bleu, d’acier. Cette cousine de la créature de Frankenstein semble dubitative.

Sensibilité
ce que l’on croit des monstres
une absurdité

L’œil à l’écoute, l’oreille au aguets, entend-elle la folie qui agite le monde ? Vomit-elle cette eau qui ruisselle de sa bouche sur l’ardoise de son socle, comme on se libère d’un trop plein de désespoir ?

Colosse égaré
dans cet univers gris bleu
l’impuissance, le froid.

Adamante Donsimoni © sacem



Krist Dimo







09/12/2018

Gigue de l’éternelle jeunesse



"Danse avec matou" huile/toile - 30x30 - Adamante




Gigue de l’éternelle jeunesse

Claquent les sabots sur la terre battue. Ce soir, rituel : on danse la gigue de l’éternelle jeunesse parfumée au granit. Adieu arthrite et lumbago ! C’est la nuit, des « sans dents », des « plus d’âge », des « riens », des oubliés, des simples, au fond de leur cambrousse.


Dès potron-minet
le chat, griffes endiablées
« tricote-ronron »

le fil « s’empapillonne »
et la laine « s’ensouris »


L’éclat du feu sur une boule de Noël a ensorcelé mes visions. Je rêve !


Ici les possibles
se sont donnés rendez-vous
-quel froid cette nuit !



©Adamante Donsimoni (sacem)

30/11/2018

Mysticisme libertaire



Comme un typhon surgissant de la brume, j’ai vu se dessiner la silhouette d’un Djinn, mais il n’y avait pas de lampe à huile. Voilà que les codes étaient bouleversés. Un génie sorti de nulle part, glorifiait l’inconsistance d’une vapeur plus floue que la divinité même. Ce génie pied de nez à la tradition, grand désorganisateur de la création, tourbillonnant sur lui-même comme pour signifier son caractère insaisissable, était l’incarnation de l’inacceptable.
Que de remous, que de remugles s’agitèrent alors au sein des croyances jusqu’ici si bien bordées d’assurances et de lois, accordées sur la note cristalline de la transcendance paternelle si rassurante. Alléluia !
Quel désarroi ! Même marcher sur la tête me semblait plus plausible face à cette  irruption à peine définie, issue de cette vapeur insoumise, bafouant tous les repères jusque-là glorifiés. Le vide, j’étais face au vide et je perdais pied devant ce néant à peine esquissé. Mon cœur s’embrasa soudain. Le foyer nourrit par cette démonstration insurrectionnelle assécha tout ce qui en moi comptait d’humidité. Je vivais la combustion spontanée de mes certitudes qu’aucune branche, croisée lors de cette ascension irrépressible de mon esprit troublé, ne pouvait arrêter. J’avais largué les amarres, la terre s’éloignait de mes pieds, je connaissais le vertige des altitudes. J’étais réduite au feu du mysticisme libertaire, dérivant dans l’entre deux d’un monde inexistant.

Adamante Donsimoni (sacem)




jamadrou

16/11/2018



Le chant des loups



Le fouet cinglant du vent dans l’ombre des pins provoque
le froid irritant de l’hiver. La mousse perlée amortit les
terreurs portées par la vibration des brumes.
L’univers tout entier se raconte dans les souffles de la
forêt.

L’air du chant des loups
enfle à la cime des pins
-un chemin perdu

Des siècles d’angoisses tissés de mousses humides
s’inscrivent dans ce grand livre ouvert sur la cécité du
monde.
Il n’est pas un brin d’herbe qui ne soit conscient de la vie.

Trop de ténèbres
au coeur de l’humanité
et juste les sapins

le rêve d’éternité
est perclus de mensonges.

Adamante Donsimoni (sacem)

Steve Mitchell - aquarelle -








09/10/2018

Le silence de la forêt primaire


Retrouver le silence de la forêt primaire, le lourd parfum d’humus sous les pas enfouis.
Quitter les turbulences et les idées râpeuses pour que le cœur enfin s’abandonne au rythme initial de la palpitation du vide où tout est en suspens.
Trouver dans la fournaise le courant de fraîcheur et dans le froid le feu.
Glisser jusqu’au-dedans où l’indéfini commence.
Pénétrer les ténèbres concevant la lumière.
Mourir à tout vouloir pour le rien essentiel et se retrouver nu dans la plus infime des dimensions, reliée à l’immensité.
Oui, vivre la puissance de l’osmose annihilant mots et pensées dans le silence de la forêt primaire.


Adamante Donsimoni(sacem)
23 juillet 2018 après une matinée criblée de verbiages stupides

Hélios Anthos, Hélianthus



photo  Marine


Dans le soir finissant, alors que la lumière irradie l’océan, je marche sur le chemin de grève. Le parfum de quelques épineux m’éveille.
Quel bonheur de vivre !

Un rien qui s’offre
avec le vent complice
et tout est parfait.

Quelques fleurs s’empourprent en cette arrière-saison. Filles naturelles du Dieu flamboyant, enfants de la Terre où elles accrochent leurs racines jusque dans les sols les plus rudes, elles tirent leurs langues d’or au ciel.

Soleils et fleurs
petits astres délicats
magnificence.
















02/10/2018

L’œil du canon


Carl Fredrik Reuterswärd, Non-Violence, 1980, bronze, Malmö © ADAGP, Paris, 2018, photo : François Polito

 
 
 
Devant l’œil du canon, l’immensité frémit.
C’est alors qu’une sorte d’ange descendu d’un nuage, de ses mains éthérées l’attrape et le noue.
Demain, s’écrie-t-il, ne devra plus jamais voir le sang imbiber la Terre !
 
©Adamante Donsimoni

 
 
 
 
 
 

01/10/2018

Les vieux arbres ne sont pas éternels


Tout s’efface, s’enfuit.
Non ! Les vieux arbres ne sont pas éternels.
Si le vent porte longtemps la voix des enchanteurs, un pincement discret, cicatrice d’un passé heureux si vite disparu, serre le cœur quand on les écoute.
En cette fin d’automne, un vieil arbre s’est couché, la Terre le reçoit comme un don du ciel et les yeux brillent.

Adamante Donsimoni ©sacem
1 octobre 2018
suite à la disparition de Charles Aznavour



Rose Ronsard photo adamante

21/09/2018

Le chant du cygne


 

 

Ombres tournées vers la lumière par désir insensé de brûlure.  C’est le soir. Le feu, maître et roi, despote sublime et vénéré, grand ordonnateur de la consomption sacrée du végétal offert à la dessiccation, assure son règne sans partage.


Les moissons finies
les meules s’alanguissent
souvenir des grains

Jaunes, oranges et rouges s’élancent du couchant pour incendier une ultime fois la paille dressée vers le ciel par la main de l’homme. La nuit qui s’annonce recouvrira bientôt les artères  surchauffées de la Terre, mais en attendant le flamboiement des lumières bouleverse la réalité habituelle des choses. La chaleur est partout, partout le feu.

Pourpres en fusion
les couleurs crépitent
le chant du cygne.

©Adamante Donsimoni (sacem)
             sur un tableau de Claude Monet




Claude Monet, Meules, 1891, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection privée




Fin août 1890, à Giverny. Près de chez lui, dans un champ, l’artiste Monet peint de grandes meules de foin. Il s’agite soudain, hurlant des indications à sa belle-fille Blanche :
"Une autre ! Une autre !" Mais que réclame-t-il avec tant d’insistance ?  Une nouvelle toile, tout simplement. Le peintre s’est engagé dans une entreprise ambitieuse : immortaliser toutes les variations de la lumière sur les meules.
 
Liens vers les autres peintures des meules sur Artips
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14/09/2018

Vol au-dessus des eaux

http://1000-pattes.blogspot.com/





Au-dessus des eaux, on dirait qu’ils dansent, mais quelle danse ? Celle d’oiseaux heureux de vivre, goûtant du bec l’instant présent en le saluant d’un vol, une danse d’amour peut-être, comme une offrande.

Quelques étourneaux
s’égaillent au petit matin
le rire du soleil

Les hommes ont inventé la danse pour s’accorder la protection des Dieux et s’attirer la faveur des Esprits. Danse de la pluie, danse de la guerre, danse de la chasse… Tout est à eux, ils croissent, se multiplient et portent la mort.

La poudre à canon
le fusil en bandoulière
et l’odeur du sang

Les oiseaux n’ont que faire de la protection des Dieux et de la faveur des Esprits, ils sont de ceux de la nature que l’humain foudroie.
A-t-on jamais vu un oiseau chamane ? Ils n’ont pas inventé la danse pour se protéger des maléfices de la nature humaine. Doit-on le regretter ? Ils ont la force des petits, celle de l’abandon, en confiance, à cette vie qui ne cesse de leur être disputée.

Enfants de la terre
les oiseaux caressent le ciel
quelle joie de la vie


©Adamante Donsimoni