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20/11/2020

Le Fou et la Vénus

enregistrement Adamante


 

Le fou et la vénus de Baudelaire.

 

  Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l'œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour.

   L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit ; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.

   On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre comme des fumées.

   Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé.

   Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l'Ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle Déesse.

   Et ses yeux disent : - "Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux.

   Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire !"

   Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.


 

16/11/2020

Rêves ambulants



Tandis que les vagues, accordées au ballet ancestral et incessant de l’océan, viennent lécher le rivage, sur la plage de drôles de choses se déplacent.


Ils crapahutent

de leurs centaines de pattes

nos rêves ambulants


Le vent joue dans les voilures des créatures, ces vaisseaux fabuleux qui progressent, les pattes dans l’écume, sont la concrétisation d’un rêve fou grisé de vent.


Expression d’enfance

les bêtes surnaturelles

égaient la plage


La fascination accompagne chaque cliquetis de ces rotules agitées. On jurerait qu’à tout instant l’équilibre va se rompre, mais contre toute attente il perdure.


Sur le fil du rasoir

elles ondulent les chenilles -

la fascination. 

 

©Adamante Donsimoni


Sur les créations de Théo Jansen 



 L'herbier de poésies






09/11/2020

Partition blanche

 

Franz Marc



Partition blanche


 

Il dort

Il se confond à l’herbe

Au soleil

Il dort

Il rêve


La Terre semble bercer ses désirs

De chevauchées débridées

En joie et couleurs

La paix arc-en-ciel

Irradie de ces paysages 

Ensemencés de vie


Il rêve

D’un autre comme lui

Qui le rejoindrait

Ils s’enuageraient

Dans la tendresse


La brise leur murmurerait

À l’oreille

Leurs envies de galop

Leur soif de hennir

Jusqu’à l’infini du ciel 

Leurs crinières flottant 

Jusqu’au bord de la lumière

Il seraient ivres de liberté


Il dort


De L’autre côté de son monde

Un peintre l’observe

Il rêve

Il s’identifie à son œuvre

Il est cheval

Assoupi 

Dans une apothéose mystique

Rêveur rêvé

Engendré par le rêve

Il est l’hôte tant espéré

Du rêve de son œuvre


Quelques lignes se déforment

Prémices d’angles interrompant la courbe

La forme s’enfuit

Il faut sortir du cadre

Les pigments explosent

Irradient la toile

Les dimensions s’imbriquent

Formes inextricables

Condamnées à l’étranglement.


S’évader !

Hennir

Hurler

Ne plus entendre ces grondements

Annonciateurs des ténèbres

L’éclat

Il faut l’éclat !


Mais c’est un autre éclat

Bientôt

La main vaincue 

Déposera la brosse

Ce sera

Le grand silence

Du sang versé

Et là

Couché

Toujours rêvant

Le petit cheval 

Continuera de s’ensonger

Dans la lumière

Douce comme un regard 

D’enfant émerveillé

Mais soudain tout change

Je le découvre

Couché sur le flanc

Dormant d’un tout autre sommeil


Est-ce les grondements

Que je crois percevoir

Qui troublent ma vision ?

Je crains le Da capo

De cette partition infernale

Interprétée 

Jusqu’à l’écœurement

Depuis l’aube des temps.


Dehors le vent souffle

Mon rêve

Le rêve de Franz Marc

Ou celui de son petit cheval

Allongé sur le flanc ?


Il dort et se confond à l’herbe…

Mon cœur ouvert s’incline

Partition blanche.


Adamante Donsimoni ©sacem

4 novembre 2020 



L'HERBIER DE POÉSIES


 


06/11/2020

Le corps rivière



    Par tant de souffrances, le monde a perdu sa couleur. Il faut qu’il la retrouve. 

    Il y a, dans chaque particule de création qui en assure la cohésion,  ce qui lui est nécessaire, et cela se respire. C’est par l’air que la guérison arrive, par le geste vers le cœur de la vie que s’accorde notre cœur à son rythme. C’est par la grande respiration du corps qu’arrive la liberté. 

    Le corps est une rivière parcourue de courants, ne rien retenir, tout accueillir et se nourrir de ce qui nous est nécessaire, et qu’il dépose en nous. Le corps est une rivière ancrée à la terre et voguant avec elle dans l’espace nourricier. 

    Que pourrions-nous tenir, alors que le nécessaire nous est offert ? Offert à l’unique condition d’accueillir et de lâcher, ne rien vouloir et tout avoir. 

    Laisser respirer ses cellules et s’abandonner au rythme des flots. 

    C’est cela la couleur, c’est cela le bonheur. 

    Cela, c’est la vie.


Adamante Donsimoni (©sacem)

5 novembre 2020











04/11/2020

Mon corps m’a dit

 


En France, il n'est pas encore autorisé de choisir d'être inhumé directement en terre (compost particulier et écolo)  pour aider à la pousse d'un arbre. 

J'espère que le jour de mon grand départ cela sera devenu possible. D'où ce texte.



Mon corps m’a dit :


« Lorsque je cesserai de te porter, lorsque tu me quitteras, éteignant ainsi ma chaleur, je voudrais être un arbre, nourriture essentielle à son enracinement pour qu’il devienne fort et porte sur le monde ce regard élevé que par lui je continuerai à avoir ; pour qu’il soit souffle de vie, de purification de l’air qui englobe la terre ; pour qu’il puisse offrir protection à tous ceux de la nature qui volent et grimpent, à tous ceux de la nature qui respirent.

Sous la forme pure et blanche de mes os, je rêve de m’abandonner à l’enlacement des racines, et dans ces bras enveloppants trouver refuge dans ce cocon d’amour et de tendresse où je pourrai enfin m’oublier, m’abandonner, lâcher prise. 

Oui, lorsque je cesserai de te porter, je veux être arbre, terre et racines pour continuer à être utile au monde. Devenu particule de l’immense forêt, comme elle et toi, particule du grand univers, je veux poursuivre mon chemin d’expériences sous cette forme nouvelle. Tu le sais, quelle que soit la forme, nous sommes liés à la grande respiration cosmique, et à jamais indivisibles. »


Adamante Donsimoni  ©sacem

Mardi 3 novembre 2020



Je vous invite à me rejoindre sur ma page facebook 

dédiée à la poésie et au récit. 

C'est ici  



25/10/2020

La plainte du vent

 

Photo Gérard Bouquin-Destal©



La plainte du vent



Chemin de fleurs, les parfums flottent comme une voile gonflée, chargée de pollen.

L’ombre d’une buse plane sur l’or des blés.


l’été bourdonne

les élytres enfiévrées

chantent l’extase


Moins de couleurs pourtant sur le bord des chemins, c’est la rançon due au progrès.


quelques fleurs des champs

offrent encore leur cœur-

appel des abeilles


Quelle solitude dans les herbes, un nouveau petit poucet a oublié son chemin. Une ouvrière est morte, loin de sa ruche.


petit corps poudré

abandonné à la terre-

la plainte du vent.


Adamante Donsimoni

 

29/06/2020

Tout est parfait, Toujours

Le bain du soleil - Adamante -


Après tous ces jours de forte chaleur
Nuages et brumes masquent le soleil
Pourquoi se plaindre ?
Le feu a besoin de l’ombre
Les corps d’un retour au repos
À l’abandon
À soi
On s’oublie tellement
Dans l’agitation physique et mentale
Ce matin
Le ciel a tiré le voile
C’est ainsi 
Tout est parfait
Toujours 
Tout est enveloppé de la fraîcheur
Si nécessaire à la vie
La moindre de mes cellules chante
La caresse de l’eau en suspens dans l’air
Je frisonne dans les bras de l’unique
De la mère essentielle
Et les oiseaux la fêtent
Ils ne cessent de piailler en se poursuivant
C’est le réveil, le jeu, l’insouciance 
Tout est parfait
Toujours 
Mon cœur baigne
Et sur l’eau du lac de mes profondeurs
Flotte un sourire qui est mien
Je m’y ressource
Je retrouve la paix
La douceur de l’amour
À l’extérieur
La vie joue sa partition
Souvent désaccordée
Mais tout à cet instant
Invite au retour à soi
À l’accueil
Les bruits se font de plus en plus infimes
Lorsque je me retire ainsi en conscience 
Tout est parfait
Toujours 
Face à moi
La fenêtre dégoutte
En un rythme erratique
Suivant le métronome de la pesanteur
La vie est à l’écoute
C’est l’appel de la Terre
Les arbres épanouissent leurs feuillages
Vibrants de pluie
Accueillir l’eau c’est connaître le feu
Quelle symphonie vibratoire
Dans leurs frondaisons 
Tout est parfait
Toujours 
Mon corps se balance
Roseau fragile
Il suit la pulsation
De mes rivières intérieures
Rythme chamanique
Sous les impulsions du tambour de mon cœur
Alors
De la cellule où repose la Belle endormie
Qui un jour investit mon corps
Pour venir faire l’expérience de la Terre
Monte une mélodie
Et je me laisse prendre
Et je me laisse bercer
Ma voix s’envole
Roule
Un chant sans mots
Un chant de grotte souterraine
Un chant d’ombre attirée par la lumière
Le chant de l’eau primordiale 
Oui
Tout est parfait
Toujours. 
Adamante Donsimoni ©sacem


14/05/2020

Pour un arbre



Cèdre du Liban - RP 93 - Photo Adamante


Je donnerais ma vie
Pour un arbre
Pour la respiration cosmique
Pour la survie du monde
Ma survie

Je risquerais ma vie
Pour un arbre
Pour ses racines tentaculaires
Son réseau Terre
Reliant l’humanité
À la dimension céleste
Je donnerais ma vie
Parce qu’il faut la donner
L’offrir aux bras du Grand Tout
Pour que la transformation
Du plomb en or
Se fasse

Je donnerais ma vie
Pour que le monde se retrouve
Que la peur s’efface
Et que la mort reprenne
Sa dimension sacrée
De yin étincelant

Je donnerais ma vie
Pour que l’humain fleurisse
Que l’Homme enfin soit arbre
Et s’envole au-dessus de l’abîme
En protégeant la Terre
Évitant ainsi la chute qui le menace

Oui, je donnerais ma vie
Pour un souffle de Nature

Je l’ai déjà donnée
Je la donne
Chaque matin
Chaque instant de mon jour
Comblée de cette joie
Parfumée de sourires
Depuis cet instant
Où j’ai vu *
L’Océan de lumières
La grande matrice
L’intelligence créatrice
Sillonnant l’espace
Infini
Qui tisse notre ciel
Nous enveloppe
Nous écoute
Nous transforme
Et nous réalise
Selon la vibration
De nos pensées

J’ai donné ma vie
Pour cet Océan
Dont je me reconnais
Pour sa lumière
Qui est moi
Qui est toi
Qui nous berce
Qui nous crée
À chacun de nos souffles
Nous
La forêt humaine

J’ai donné ma vie
Pour un arbre
Pour la palpitation
D’un cœur ouvert
Sur l’éternité de l’Amour
Inconditionnel et sans attache.

J’ai donné ma vie
Et  aujourd’hui
Je vis
Je vis.

Adamante Donsimoni 11 mai 2020 ©sacem
  

* C’était en février 1999, sur le dolmen du site mégalithique de Meynardier, après une courte séance de Qi Gong. Allongée sous la pierre froide, sous un ciel d’hiver d’un bleu absolu criblé de lumières blanches, virevoltant dans une chorégraphie intelligente, j’ai vu ce spectacle qui a bouleversé ma vie.



Platane d'Orient planté en 1814 - Paris - photo Adamante


20/04/2020

Au monde du Dr Folamour





Me voici bien désarmée aujourd’hui, Grand-père, encore une fois je me tourne vers vous pour me rassurer, pour tenter de comprendre.


Notre monde, de plus en plus déboussolé, m’amène à me poser bien des questions.
Entre autres, que faire, quand on vit dans le monde du Dr Folamour, quand le mensonge est tel que nous n’avons plus aucune confiance dans nos dirigeants piégés par l’araignée de l’intermondialisme et du capital ?

Que faire encore quand les soutenants de la théorie du complot paraissent plus censés que ceux qui doutent, se moquent et se disent « ce n’est pas possible » ?
Le monde a évolué depuis Gavroche, quelle forme de combat pourrait encore nous libérer des chaînes et de la destruction programmée de notre monde ?
Certes, ce monde a encore besoin de Passionarias, de Bolivars, de Mandelas, de femmes et d’hommes qui luttent et qui croient en la paix et l’harmonie possibles des peuples. Il faut des voix pour témoigner de l’incurie et éveiller les consciences.
Mais dans ce monde, sous contrôle technologique (la nouvelle force des nantis) le combat est de plus en plus inégal.  La naïveté de penser « ce n’est pas possible »  et les peurs entretenues par les « merdias » creusent notre tombe.  J’en arrive à me demander si toutes les fakes news allant contre ce monde ne sont pas préférables au doute si elles peuvent amener la prise de conscience que le torchon brûle.

Que faire enfin alors lorsque l’on ressent dans sa poitrine un tel abîme d’impuissance, lorsque plus rien ne semble possible, que nous perdons pied, que nous ne savons plus que faire ?
Je ne vois qu’une seule chose à faire, c’est abandonner de faire, c’est ouvrir son cœur s’abandonner à l’amour et aimer. Quand il n’est plus de protection possible, oui il faut s’abandonner, lâcher prise, ouvrir grandes les portes du cœur au lieu de les fermer. Car elles sont bien fragiles ces portes, bien perméables, elles ne nous protègent de rien. Il nous faut les ouvrir,  aimer comme on se noie, plonger dans la vibration de l’amour et, comme un enfant physiquement désarmé, sombrer en lui sans rien attendre, animés par la reconnaissance éperdue de notre impuissance. Alors le miracle se produit. Lorsque notre petite identité personnelle est englobée, contenue au centre de cet océan de vibration,  nous sommes alors capables d’aimer comme seule la lumière sait aimer, sans distinction. Alors l’amour vibre jusqu’à la moindre cellule de notre corps physique, nous le rayonnons. À cet instant nous recouvrons la vie, la joie de vivre. La crainte de la mort, que la vie porte en elle depuis notre premier cri, disparaît. Nous sommes.
La mort n’est rien pour un cœur ouvert, aimant sans aucune autre attente que d’aimer, que d’être une infime partie de l’amour. C’est en quelque sorte ramener son âme dans le liquide amniotique de sa vibration.

Quand on vit dans le monde du Dr Folamour, je ne vois pas d’autre solution que d’aimer, que de se reconnaître dans l’amour. L’amour est la seule force susceptible, de vaincre la voracité des puissants, et de nous offrir l’opportunité de créer le monde que nous espérons.  Il n’est pas de force plus grande que celle de l’amour.

Ce n’est pas vous qui me contredirez, Grand-père, comme vous écrire m’éclaire, que ferais-je sans vous ?


Adamante Donsimoni ©SACEM
20 avril 2020  

10/04/2020

Géométrie du monde




L'univers se dessine et s'invente
L'A.D.N. se déroule
La vie en expansion inspire et rend le souffle
Tout centre nous plonge au-delà du connu
Pourquoi s'évertuer au vouloir faire
Le faire asphyxie l'Être
Et la nature expire

Pourtant... le paradoxe :
Tout rêve d'un monde en alvéoles
Suivant les chemins intuitifs
Inspirés par l'Espace
Qui contient tout.


Adamante Donsimoni ©sacem