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24/04/2022

L’éléphant des nuages

 

La colline monte à l’assaut du ciel, accroche ses fleurs, ses herbes, ses buissons aux nuages qu’un arbre à l’agonie, esseulé tout là-haut, semble implorer


l’eau a reflué

la terre la lui a ravi

vaine fut la lutte


Un nuage éléphant se rit de ses prières, il suit les courants de l’espace vers d’autres contrées éloignées, d’ici là il aura changé d’aspect et le ciel, ici, sera redevenu d’un bleu d’une froideur absolue, sans la moindre trace de brume


tout s’en fuit un jour

tout se ruine et se dessèche

sous la loi du temps


un instant pour babiller

un autre pour disparaître.


Adamante Donsimoni ©sacem

23 avril 2022



photo Marine Dussarat 
pour la page 197 de l'Herbier de poésie

18/04/2022

Derrière le dragon

 


Photo adamante




Derrière le dragon 

un arbre s’est élancé 

vers le ciel


Une fenêtre se reflète sur une vitre, là un arbre de vie se dessine, un ciel se réplique, deux réalités se croisent. Deux que je vois, que j’aperçois


souvenir brodé

du napalm, sur un carré

de soie… le Vietnam


Quelque part dans la brume invisible de mes souvenirs, j’entends l’écho des bombes défoliantes… une réalité si vite oubliée. Et voilà que les assassins d’alors condamnent ceux d’aujourd’hui. 


folie meurtrière

au nom d’un dieu : le profit

Le même intérêt


L’avidité empoisonne la vie des peuples. Qui livre les armes aurait-il les mains propres ?  Et du côté des peuples, je me demande : certains martyrs le seraient-ils plus que d’autres parce qu’ils nous ressemblent ? 


L’hydre à quelques têtes

pense la mort en milliards

et le peuple  en sang.

 


Adamante Donsimoni © sacem


L'herbier de poésies 


27/03/2022

Les pieds du silence


Doris Salcedo  Atrabiliarios, 1992-2004, chaussures, mur, bois, fibres animales
Musée d’Art contemporain de Chicago - détail




Qui se souvient des pieds qui un jour ont dansé au temps de la joie de vivre ? Voilà que les chaussons s’exposent en souvenir de femmes oubliées, que la terre, quelque part, n’a pas encore toutes rendues.


les pieds du silence-

quelques notes envolées

un peu de poussière


La violence n’a pas de pays, la haine pas de frontière, et le germe du crime est toujours enduré dans le désir de domination, d’appropriation. Il est si facile d’écraser, de contraindre, de mépriser, lorsque l’on se sent fort…


gros nuages noirs

l’avidité est une pluie

acide


Le féminin sacré, si souvent éhonté, bafoué, violé est un hymne à la vie, une ode à la résistance, un exemple de résilience et de combat. C’est cela le corps des femmes, un temple profané, mais à chaque pas de l’Être, à chaque chausson vide, l’inéluctable avancée.


toute liberté

-le sang des peuples trahis-

croît sur des charniers.



Adamante Donsimoni ©sacem



D'autres textes -  ICI l'Herbier de poésies



 L'histoire


Dans les années 1990 marquées par la guerre civile, des Colombiens s’opposent fermement au gouvernement corrompu et aux cartels de drogue tout-puissants. La réponse de ces derniers est glaçante : des villages entiers sont décimés.

Au cours de ses recherches, Salcedo réalise que ces meurtres violents visent bien souvent des femmes, presque toujours défigurées par leurs ravisseurs.
Leurs chaussures sont parfois le seul moyen d'identifier les corps.






Par paires, dépareillées, ou orphelines, ces chaussures témoignent avec force de ces crimes.
Salcedo a choisi de présenter des chaussures typiquement féminines, pour bien rappeler au public que les femmes n'ont pas été épargnées par le conflit.





Doris Salcedo, plasticienne, née en 1958 à Bogota, en Colombie
L'artiste  transforme les objets pour qu'ils passent de l'utilitaire au symbolique. Elle ne se montre que très peu et n'aime pas s'afficher.

“J’aimerais m’effacer”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence donnée le 6 novembre 2006 au Musée national de Colombie. “ Cela ne m’intéresse pas d’être une figure médiatique.  Je ne raconte pas mon expérience personnelle ; ce qui m’arrive à moi est dénué d’intérêt.”


 








10/03/2022

Le Pont de Comencau

 


 

On a chanté le pont de Nantes et la Loire majestueuse, nous chanterons le pont de Comencau et l'Aveyron que domine le château de Cayla. Une enjambée singulière, dessus les eaux cascadant joyeusement vers le Tarn pour rejoindre l'Océan, que toutes les rivières et les fleuves convoitent.  
 
Un irrésistible voyage
le goût du sel, du vent
et des voiles
 
Le vieux pont immobile la regarde danser cette eau prise d'impatience. Le paysage est à rêver quand les buissons du printemps explosent le blanc de leurs fleurs, dont le parfum grimpe jusqu'aux pierres resplendissantes du château, au coucher du soleil.
 
Un petit éclat
un souvenir de l'Eden
pour l'âme en exil
 
où, sur cette terre sacrée
elle peut contempler la lumière.

 
Adamante Donsimoni

8 mars 2022 ©SACEM


D'autres textes sur l'HERBIER DE POÉSIES


13/02/2022

En haut des marches


 

photo Marine

 

En haut il y a le soleil, c’est la logique du ciel, il semble que ce matin ce soit celle de l’escalier qui grimpe jusqu’à un mystère à découvrir.


les marches sont de pierre
invitation à monter
tout est si beau


Mais, patience ! Il est si bon de s’imaginer ce qui peut être, et que l’on ne voit pas. C’est comme une veille de fête, on se dit que ce sera merveilleux, tellement que le jour venu, c’est souvent la déception.


goûter le plaisir
de surseoir la découverte
merveilleux moment


J’entends les vieilles pierres murmurer : « Viens t’en, tu verras là-haut c’est encore plus beau, monte ! » Le pied sur la première marche j’hésite encore, et pourtant...


comme une folie
qui me prend et m’emporte
je me mets à courir


J’avale les marches deux à deux, je veux savoir, je dois savoir, il faut absolument que je sache ce qu’il y a là-haut, c’est impératif !


j’arrive au sommet
là, le soleil m’éblouit
je ne vois plus rien.


Adamante Donsimoni – 11 février 2022 ©sacem

 

 

 L'Herbier de Poésies


06/02/2022

Le salon des aiguilles

Photo Martine



La nuit, quand les portes du salon des aiguilles se sont fermées sur le public, quand la laine, sagement alignée sur les rayons des stands, dort, attendant le lendemain pour qu’une voix demande : « Je veux celle-ci » ; sur le stand des poupées de chiffon il en va tout autrement

la Mère l’Oie éructe :
 « j’ai failli être vendue
dieu que j’ai eu peur !

mais elle m’a trouvée trop laide
sale gamine insupportable ! »


La petite poupée paysanne, à ses côtés la rassure : « Tu es belle la Mère l’Oie, ne te décourage pas ! » C’est certain, la Mère l’Oie trouvera celui ou celle qu’elle espère pour partager sa vie, même si maintenant elle cache son chagrin derrière son mauvais caractère

envie de pleurer
son cœur est tout cabossé-
une fleur d’or


À la droite de la Mère l’Oie, deux pimbêches de porcelaine qui se prennent pour des ladies, les yeux au plafond, l’air hautain, soupirent avec mépris : « Le petit peuple se plaint toujours, alors la basse-cour ! » Elles ne supportent pas de se trouver au beau milieu de cette caverne d’Ali Baba, entre ces pauvresses de chiffon et ces horribles babioles en céramique.

avec l’intolérance
le regard se fait dur
et le cœur s’aigrit


Mais les poupées : Souris, Paysanne, Chat de chiffon, et même la Mère l’Oie dont la colère est retombée,  ces doudous tout mous, cousus avec soin pour dispenser des câlins qui font le bonheur des jeunes enfants, n’en n’ont cure. Ils connaissent la résilience, et rêvent déjà de ce bébé d’amour, fille ou garçon, qui les adoptera, demain peut-être, qui sait ? quand les portes du salon rouvriront. Il y a…

entre les bras d’un enfant  
tant de secrets à partager-
tendresse

les yeux des poupées-chiffon   
brillent du feu des étoiles.



Adamante Donsimoni - 31 janvier 2022 ©sacem



D'autre textes sur cette photo : L'Herbier de Poésies

 

 

 

30/01/2022

 

Photo ABC

 

 

L’attente de la forêt


Ils se sont pris les branches dans l’automne les feuillus de la forêt. Plus une feuille pour échanger avec le vent

un secret de sève
une nouvelle du lointain-
reste le silence


Les feuilles désormais tapissent le sol et marquent chacun de mes pas de leur haleine froissée d’humidité

un parfum d’humus
s’élève du tapis sombre-
tout est nostalgie


Le vent se faufile entre les bras dénudés qui semblent implorer le ciel, et sa voix déchire la canopée de ses gémissements sifflants. Le costumier de l’hiver n’aime pas la couleur, il habille les sous-bois de gris et de marrons.

l’heure n’est plus aux chants
et l’espace rétrécit
invite au sommeil


Il se pourrait que demain, le blanc recouvre tout. Il me semble qu’ici tout aspire à cet intermède lumineux pour masquer un temps la tristesse, et accrocher du rêve des pieds à la cime des arbres, où une arche se dessine pour accueillir la magie. Je le pressens, le vent aussi espère la neige, il aime la faire danser

son souffle amoureux
sur la Belle immaculée
et tout s’illumine.

 

Adamante Donsimoni - 28 janvier 2022 - ©sacem
 
 

                            Arthur Rubinstein - Chopin Ballade No. 1 in G minor, Op. 23


 
Nemanja Radulovic & Double Sens - Les Quatre Saisons - Hiver - A.Vivaldi

 
 
 
 

24/01/2022

La lune et les grues

Photo Claudie Carratini
 
 
 
Les grues, la nuit, ne s’ennuient pas. Dès que la lune se lève, elles la suivent avec attention. Du premier au dernier croissant, elles rivalisent de hardiesse

le premier croissant
dans la grille se prendra-
passe le relai

elle s’en va chez la voisine
lui donner un peu d’éclat

Chaque grue à son tour tentera de capturer un peu de l’astre de nuit, hélas aucune ne le retiendra. Mais dès que la lune se fait pleine, il règne sur tous les chantiers une exaltation bien particulière. Si certaines grues font choux-blanc -par mauvais emplacement-, d’autres se glorifient d’avoir su la retenir
 
la lune était loin-
cachée par-dessus les toits-
là, pas vue, pas prise

mais une grue l’a attrapée
d’un clic : immortalisée.

Morale de cette histoire : il faut toujours être là au bon moment.

Adamante Donsimoni
24 janvier 2022
 
 

 

09/01/2022

Porte ou volet ?

 

 

 



Je patiente sous le soleil de l’été, il fait trop chaud dans la salle d’attente. Mon esprit musarde au hasard de mon regard, et soudain,

au-dessus du toit
ou plutôt entre deux toits
un drôle de volet

Ce volet n’est-il pas une porte fermée sur un absurde impossible à atteindre ? Quelle Dame se trouve enfermée derrière ces planches mal jointes et brunies par le temps ?

Une sérénade
vient chanter à mon esprit
la nuit, la guitare

La Belle de Cadix a des yeux de velours… Ritournelle en sabots dans la paille piquante, la Belle arbore les joues rouges que confère la campagne aux jeunes délurées.

Et voilà qu’un rire
surgit d’un lointain passé
traverse la rue

« Vient-en sonner à ma fenêtre mon gaillard, escalade le mur et le toit, tire la chevillette et la bobinette cherra - peut-être… ou pas ! »

Rire évanoui
il n’y aura plus de loup-
juste le silence

porte et volet sont fermés
sur la campagne taiseuse.


Adamante Donsimoni - 9 janvier 2022 

 

 

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06/01/2022

Comme les lèvres de l'amour

 

 Ami(e) en visite ici, Bonjour,

     Je te propose d'écouter un court extrait d'une lettre à Grand-père, tirée de mon livre ROMANO, publié aux Éditions Panafrika/Silex/Nouvelles du Sud. 

        Ce livre est toujours disponible auprès de moi si tu désires une dédicace, ce qui est plus sympathique (voir le formulaire de contact tout en haut à droite de cette page), mais si tu préfères, tu le trouveras à la FNAC ou en librairie.

        Je te souhaite une bonne écoute, et n'hésite pas à m'offrir un pouce ou un commentaire, cela fait toujours plaisir. 

        Merci de ton passage, et j'espère à bientôt, la porte reste grande ouverte.

Adamante

 

 


 

 

 


 

Prix du livre : 15€

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Normal : 3€99

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