Translate - traduire

06/12/2019

Miroir aux alouettes



Duo sous la lune, mais la lune s’est cachée. Les étoiles filent vers l’inconnu sidéral de la voûte gravide. Attention !

Le loup est sorti
hurle le ciel à la nuit
fuyez pauvres fous

Elle, accroche un cœur à ses cheveux, c’est tellement glamour. Avec son foulard qui vole au vent elle se sent comme une star, tout devient fou quand il souffle. Elle est folle.

Inclinée vers lui
elle l’écoute murmurer
quelque fadaise

C’est alors qu’une diablesse de comète vient à fuser tout là-haut. Sa fracassante entrée en scène passe pourtant inaperçue. Regardez-moi,  leur crie-t-elle, je porte bonheur !

Mais son cri est vain
aveuglés par le désir
les voilà sourds

Faute de se voir vraiment, chacun invente l’autre. Alors la bête de la nuit qui dans l’ombre les guettait vient s’attacher à eux. Elle hantera désormais les ornières de leur chemin, jusqu’à la chute.

Fuyez pauvres fous
mais il est déjà trop tard
pas de miracle.

Adamante Donsimoni ©sacem



Marie Laforêt - Sous les palétuviers - Alain Weill






18/11/2019

Il suffit d'un rayon de soleil



Il suffit d’un rayon de lumière et le germe frémit. La graine qui s’éveille exprime alors son rêve d’ascendre, son espoir d’arbre fort et puissant. 
Il monte en elle le désir impérieux d’embrasser l’espace. Rien ne peut alors s’opposer aux efforts de ce germe en apparence fragile. Bien décidé à traverser la terre pour apercevoir le ciel, il concentre toutes les forces de son désir de soleil pour croître. Et puis un jour, il s’extirpe de l’ombre, à peine visible, encore confondu à sa mère Terre.  Dès lors, avide de soleil et de pluie, il déploie ses premiers bourgeons tandis que ses racines plongent profondément dans le secret du sol. Il sait déjà que la vie tient en deux choses essentielles : avoir de bonnes racines afin de déployer sa frondaison au plus haut de ses possibles, et résister aux éléments. 

L’Homme ignore-t-il cela ? Lui qui pense que la vie s’inscrit dans la possession de tout ce qui l’entoure.

L’Homme est-il inconscient que le soleil et l’eau sont essentiels à la survie de son espèce, plus inconscient que le germe d’une minuscule graine ?

L’Homme, cet arbre en mouvements, acceptera-t-il de comprendre qu’il est de la nature, au même titre que le plus minuscule brin d’herbe qu’il méprise ?

Le plus grand nombre des humains acceptera-t-il encore longtemps de laisser faire la frénésie de possession qui anime une poignée de ses dirigeants ? 

Nous avons le monde en partage, nous en sommes tous responsables, quand cesserons-nous de craindre les puissants qui le méprisent et nous méprisent ?
Géronimo l’a dit, l’argent ne se mange pas, et bientôt il ne restera que lui. 


Adamante Donsimoni ©sacem
18 novembre 2019



14/11/2019

La fille d'algues





Elle est là, alanguie, bercée de vagues, façonnée de courants. Fille d’algues et sable, princesse des tourbillons, elle s’abandonne.

Une vague s’en va
comme vie se retire
jeu de l’illusion

Est-elle pythie, oracle des profondeurs ou accident, cette déesse aux multiples seins révélée par l’océan ?

Elle est, c’est un fait
là, offerte à nos regards
l’instant du rêve

Elle porte en elle des visages, esquisses nées de ses pensées qui créent dans l’instant celui d’après.

Beauté fugace
que le vent ébouriffe
avec la vague

beauté sans lendemain
reine de l’éphémère.




©Adamante Donsimoni (sacem)





01/11/2019

La vieille


Sur "Bonhomme" de Brassens 
Le temps des porteuses de fagots.



Un chemin de campagne et tout autour les bois. L’humidité colle les feuilles aux godillots maculés de terre de la vieille femme. Voûtée, elle chemine face au vent.

haleine de brume
la respiration courte
elle avance

Quelques bogues oubliées ouvrent leurs bouches sales à son passage. L’eau est partout qui fait l’humus.

la putréfaction
étape vers l’autre forme
résurrection

Demain est un leurre, le temps est à l’instant. Dans cette campagne misérable, chaque pas est vie, résistance, défi. Le ciel le sait bien qui se confond en nuages.

ici tout est lutte
rêves sous les semelles
sourire et cœur las

Quelques instant d’arrêt, comme pour lire l’horizon par-delà les cimes de vieux chêne tordus. Ici tout est patience, on prend le temps de vivre.

Pas d’état d’âme
pas une once de rébellion
juste un désir de feu

Le petit bois abandonné sur la mousse, aux pieds des feuillus dénudés pour l’hiver, est son seul soucis. Elle se baisse, ramasse, se relève, recommence. Le fardeau se fait lourd. Mais tout à l’heure le feu.

à peine un râle
le dos courbé de branches
elle s’en retourne

Bientôt dans l’âtre brûlera ce feu tant espéré où ses vieux doigts raidis danseront vers les flammes. Le silence, plus fidèle qu’un chien, lui parlera encore, et de son sourire édenté elle le remerciera.

de soupir en sourire
quand elle hoche la tête
elle acquiesce à la vie

aimer ce que l’on a
est il de plus pur désir ?


AdamanteDonsimoni ©sacem

04/10/2019

Mise en boîte d’un géant

Au Parc de La Tête d’Or, Mon grand bel Hêtre, le beau Fayard n’est plus .... 


Nous agissons comme si tout était éternel. Notre regard survole plus qu’il ne voit et nous ignorons ces petits messages de la vie quotidienne, transmis par les êtres que nous croisons. Ils font partie du paysage, cela va de soi. Mais non, cela ne va pas de soi, bien au contraire. L’habitude qui nous éteint nous fait ignorer la magie qui nous baigne, et puis un jour, sans prévenir, un habitué disparaît.

Hier, ici, un arbre
géant bercé d’espace
aujourd’hui, le vide

Notre paysage bouleversé révèle une déchirure, une béance de l’espace-temps. Tout nous parle, nous percevons encore la vibration du disparu, son manque est plus prégnant que sa présence ne l’était.

Le vent murmure :
« où sont donc tes feuilles ? »
à une boîte à livres

L’amour blessé frémit dans notre poitrine, nous prenons conscience de l’éphémère. Demain un autre, ici, à notre place, habitué à son environnement, à son tour regardera sans voir ce qui reste de lui.

Rien d’éternel
pas même une boîte à livres
effet de mode.

©Adamante Donsimoni (sacem)




D'autres texte sur l'HERBIER DE POÉSIES

22/09/2019

Peintresse bionique



Peintresse bionique
   petite fable

Pour ramasser les noix de coco et en faire de l’huile, on met des singes en servitude.
L’ingéniosité humaine n’a pas de limite.

Allez les petits
grimpez, vite, vite, vite
la noix n’attend pas

la journée vous paraît longue,
et la nuit, dans vos prisons

Il paraît qu’au pays des arts, quelque part sur une planète où l’Ego frôle le sublime, il en fut une qui utilisa les bras, les jambes, et un peu sa tête, quand même, à un pauvre gars qui passait par là, pour lui faire réaliser son grand œuvre.

« Grimpe à l’échelle
j’ai de l’art à te passer
écoute et obéit

tu n’es jamais qu’une excroissance
pour moi la gloire, pour toi l’oubli »

« Pourquoi pas » se dit l’homme de main, « les brosses me changeront de mes outils ». Et voilà qu’il se prend au jeu.  Il « peindouille » du haut de son perchoir, sous la dictée de la Sérénissime artiste. Quel bel instrument c’était là ! Cet homme, qui n’en était plus vraiment un, était devenu l’extension, palpitante de génie, d’une "peintresse" bionique.

L’art, je vous le dit
est souvent d’avant-garde
et parfois sans scrupule.

©Adamante Donsimoni(sacem)


                                             Pour tout savoir sur ce tableau c'est ici

                                                         et pour lire d'autres textes, c'est là

03/09/2019

ROMANO




ROMANO, Les lettres à Grand-père
est  paru, juste avant de partir en vacances, aux
Éditions Panafrika/Silex/Nouvelles du Sud




"J'ai écrit beaucoup d'autres choses, poésies, contes, chansons... mais ce livre est sans aucun doute celui qui me tenait le plus à cœur de voir publier.
J'ai enfin eu la chance d'avoir un éditeur, pour qu'il sorte.
Tenir le livre en main, quel auteur n'en rêve-t-il pas ? 
Qu'il soit lu est la cerise sur le gâteau. Voilà ce à quoi je m'attèle aujourd'hui. "

Alors si vous avez envie de le découvrir, pour le trouver, il suffit d'un clic ici :


ou ici


Mais il est aussi diffusé ailleurs, chez Amazone par exemple

et, pour ceux qui me connaissent, si vous désirez une dédicace, 
je peux vous l'adresser
il suffit de me le demander.




Prix du livre : 15€

envoi postal :

Normal : 3€99

Suivi : 4€99

Recommandé : 5€99

Lectures : 
Des lectures-dédicaces vont être organisées, si vous souhaitez m'en proposer, je me ferai un plaisir de me déplacer. 
Bien à vous,  
Adamante


28/06/2019

La grande Dame blanche


Où voles-tu grande Dame blanche avec ton étole de verdure ?
Est-ce ainsi qu’à présent tu te prépares pour ta danse nuptiale ?
À moins que ce ne soit fête autour de l’étang, une sorte de mardi-gras où les oiseaux, enclins à se divertir, viendraient grimés, sur le thème du végétal.
Peut-être es-tu tout simplement en route pour les îles où des ukulélés t’attendent, impatients de te voir danser avec leurs vahinés.
Je rêve de tout ce que je ne sais pas en te voyant.
Ta grâce enchante le quotidien du ciel, vision peu banale que celle d’un oiseau habillé de verdure.
Mais je sais que tu chantes belle Dame blanche. 
Annonces-tu le renouveau ?
Portes-tu sur ton épaule ce qui peut-être demain accueillera ta descendance ?
Comment savoir, moi qui ne sais pas ton chant, moi qui rêve dans la dimension rétrécie de mes pauvres idées d’espace et de liberté ?

Vole Spatule
porte loin ton étole
-le vert de l’espoir

À l’horizon, disparue,
s’arrêtera mon rêve.



Carine Noushka  & sur face book





ROMANO les lettres à Grand-père





J'ai parfois publié quelques lettres sur l'un ou l'autre de mes blogs. Ceux qui me suivent s'en souviendront peut-être. Mais aujourd'hui est un grand jour :

Je viens de recevoir quelques exemplaires de mon livre.

Il sera bientôt disponible en librairie.

Certes, j'ai attendu... un peu, pas mal, beaucoup même, se faire publier n'est pas un mince affaire, et le voici qui sort chez Panafrika/Silex/Nouvelles du Sud.

"Les lettres à Grand père d’Adamante Donsimoni sont
un voyage intérieur où l’auteure, habitée par une quête de
beauté, au sens platonicien du terme, s’adresse à un sage
qui, loin d’être totalement imaginaire, est un grand père
tant aimé, avec qui elle a partagé de merveilleux moments
de complicité." Oumar Diagne
 
Ces promenades poétiques, ces méditations autour du quotidien qui fait la vie, ce sont  44 lettres ponctuées d'un court poème.

Voici celui-ci, clôturant la lettre "Provocation des formes" p 69

Durer ! Vanité.
tout rejoint la poussière
fi des célébrités 
le temps efface le temps
il n’est que le rien qui dure.

14/06/2019

Un jour, j’aurai des ailes


Les angelots du cyprès observent la prairie. Le feu allume les pistils sous les grésillements des élytres.

L’été s’installe
avec profusion de pluies
- bottes en caoutchouc

Les gens passent sans rien voir, qui regarde encore les arbres ? Ils sont bien trop occupés à courir, est-ce si important ce qu’ils ont à faire ?

Sous les œillères
le regard se tient fixe
la solitude

Une petite fille s’arrête, luxe de l’enfance que de rêver. Elle observe le cyprès et, touchant du doigts quelques épines, lui dit :

Tu sais Cyprès, moi
un jour j’aurai des ailes
comme tes anges

je m’envolerai vers toi
j’espère que tu m’attendras.

©Adamante Donsimoni (sacem)


image jeanne fadosi