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10/12/2024

Circonvolutions nocturnes


Ni prince ni gueux

La vie de l’entre deux

Semble plus confortable

Est-ce là le point d’équilibre ?


Couronne ou sabot

N’offrent que trop 

Ou pas assez !


Le trouble


Le vent ce soir balaie mes espaces embrumés

Les incertitudes de mon esprit se diluent

Dans les cris de la persienne malmenée

Ma respiration se libère


Je vis la paix des frontières abolies


J’ai semé un à un

Les cailloux de mes désarrois

Le vent, habillé de pluie ce soir,

Vient de disperser le dernier


Offrande de la liberté


Et toujours les grincements de la  persienne

Sous les assauts des éléments tempêtueux

Me voici rassérénée

Je viens de me déclarer ma souveraineté

Derrière moi les pièges 

Des obligations castratrices

Dès cet instant j’instaure le respect 

Respect de ce que je suis au fond de moi

Respect de l’autre, respect du tout


Par le vent et les vagues

L’heure est à l’intronisation

De la liberté sauvage que me confère

L’étendue infinie des Océans


Je suis

Pour que tout soit

Dans la paix de la

La Grande Âme Universelle.


Adamante

5 décembre 2024 - ©sacem

09/12/2024

La toile de l’illusion

 

Photo A.B.C.



Au petit matin, marchant dans la fraîcheur brumeuse de la ville, soudain je ressens un malaise, je me sens épiée. Je regarde autour de moi, lève les yeux et, de la fenêtre de la maison voisine, je découvre deux mannequins de l’au-delà qui observent la rue. Plus de cheveux, plus de visage, juste un reflet dans les carreaux.

Je m’arrête et à mon tour je les observe. Le temps n’existe plus, mon esprit vagabonde. Aurais-je franchi un portail spatio temporel pour me retrouver dans un avant, voire un après ? 

Elles sont étranges ces figures vierges de tout ce qui fait notre humanité, on les croirait sculptées dans des blocs de polystyrène. Les yeux, la bouche, le nez, tout est gommé par la lumière, ne reste qu’un ovale mangé d’ombres surmontant une vague esquisse d’épaules. Est-ce ainsi que se présentent les âmes errantes aux passants indiscrets ? 

Rien ne bouge et le silence se fait lourd. J’ai, cela m’est déjà arrivé, la sensation désagréable de chevaucher deux mondes qui s’interpénètrent sans se définir totalement. Je suis tout bonnement projetée dans un sas où se mêlent l’ici et l’ailleurs. 

Si je me sens encore moi, cette entité connue, expérimentée depuis ma naissance, mon esprit vacille, tout ce qui m’entoure lui semble en distorsion. Je viens de perdre tout sens de la réalité. 

La réalité ? Ce concept m’apparait d’une fiabilité plus que douteuse, soit tout est vrai soit tout est faux, nous concevons sans doute le monde en fonction de notre besoin d’être rassurés.


la vie ondule 

dans la toile de l’illusion

plus aucun repère.



Adamante Donsimoni ©sacem - 3 décembre 2024



Page 240 de l'herbier de poésies


Mon tout dernier article ÊTRE HEUREUX




03/12/2024

Être heureux

 


       Être heureux ! J’imagine que ces deux mots revêtent tant de significations pour chacun de nous qu’il serait ennuyeux que j’en dresse la liste. Chacun pour soi connaît la réponse, même si cette réponse n’est pas toujours la bonne. Car en réalité, occultée par la peur de se la dévoiler, la bonne réponse comporte le risque d’une révolution susceptible de bouleverser la vie. La crainte du tout fait accepter le peu. 

 

Plus j’avance en âge, plus ces deux mots s’accordent à l’épanouissement de mon être dans toutes ses dimensions. Efflorescence induite le plus souvent par le simple fait de la respiration, par la conscience exacerbée de mon corps dans l’espace. Rien de comparable au bonheur matériel, et rien de plus ténu. Respirer ! S’abandonner au rythme du souffle, au rythme de l’existence.  

 

Je respire et je vis, quelle merveille ! Il ne se passe rien, mais à cet instant où justement rien ne se passe, cette sensation de joie profonde m’habite et rayonne de moi, par les yeux, par la peau, par l’exhalaison. Je suis dans la plus pure satisfaction qui soit. Voilà que je n’ai besoin de rien, que je baigne dans cette vibration où tout s’oublie jusqu’à soi-même et pourtant se retrouve.  

 

Enfin... parfois !


Adamante 26 septembre 2024

©sacem

DÉCOUVRIR MES LIVRES

 

25/11/2024

Galaxia

 

Galaxia - récréanote-




Elle danse sur la musique du cosmos, ce silence stellaire où des milliards d’astres se balancent au-dessus de nos têtes et nous font nous sentir si petits. 

Dans sa robe poussière de lune, ses escarpins années-lumière, elle gravite sur le chemin flamboyant de la voie lactée. Étoile d’or, nébuleuse rougeoyante de la poussière interstellaire, elle tournoie au rythme du métronome de l’espace, danse sacrée de l’immortalité promise au fils de Zeus et d’une mortelle. Le ciel nous inspire tant d’histoires !

Le domaine de l’infini, malédiction des dieux, nous séquestre dans le temps, alors elle danse. Ses yeux sont des oiseaux qui ne cessent de battre des ailes pour s’en échapper, mais comment vaincre l’attraction des trous noirs pour atteindre l’immanence de l’indéfini, la liberté que confère le sacré ? 

Sa bouche est un coquillage d’où s’échappe le chant de l’Océan céleste quand le ciel, lavé de toutes ses eaux, se crible de lumières au-dessus de nos têtes. 

Ce chant de sirène, pulsar dans la nuit bleue, trouble l’âme ravie des poètes et des fous 



l’utopie est splendeur

exhalée de la boue-

l’Homme va - pieds nus



Adamante Donsimoni - 16 novembre 2024 


Son de Jupiter - Nasa - 



Page 238 d'autres textes sur la même image 

10/11/2024

Voyage onirique

 

Voyage onirique 

 

    J’ai souvent voyagé dans mes rêves, ne sachant trop ce qu’était la réalité pour les définir hors d’elle, mais l’important pour le voyageur onirique est de vivre intensément le voyage afin qu’il vous marque de son expérience. 

    « Sans sortir de chez lui le sage connaît l’univers et les hommes. » Voici, rendu de façon succincte, ce qui me reste d’une pensée de Lao Tseu. Parcourir le monde chez soi, en soi ou en chaussant ses bottes de sept lieux n’a, c’est vrai, que bien peu d’importance. Ce qui compte est le vécu, la conscience d’être à chaque instant du voyage. On peut se perdre à courir trop loin, ignorants que nous sommes à chercher ailleurs ce qui est en nous. 

    Dans mon rêve le soleil inondait de sa lumière un ciel vaguement brumeux où flottait un nuage rosissant, juste au-dessus d’un impossible oiseau tenant de la chauve-souris et de l’albatros. Peut-être une chimère. 

Sous ce qui me semblait être un arbre à palabres, aux plumetis roses et jaunes, une déesse tellurique, coiffée de cornes de cerf à l’instar des déesses celtes, se tenait droite comme la justice tandis qu’une sorte de roi pressé, aux enjambées de danseur, terminait sa course devant elle. 

    Était-ce pour lui rendre hommage, pour lui délivrer un message, ou n’était-il qu’un époux volage ? La Dame peu amène, drapée dans sa grandeur, le toisait du regard sans bouger. Derrière lui un enfant levait les bras semblant prendre plaisir, comme tout ceux de son âge, à l’arrivée d’un cavalier sans cheval. À l’horizon deux voiles s’éloignant de la côte commençaient à disparaître dans le brouillard. 

    Je regardais la scène essayant d’en saisir le sens. J’eus la sensation désagréable de faire partie de ceux qui écoutent aux portes. Mais aucun son, aucun mot ne me parvint. Le silence était lourd comme à l’intérieur d’une cage de verre. Je percevais la vibration de l’espace où tout se mélangeait, et je reste aujourd’hui convaincue d’avoir remonté le temps, de m’être égarée dans une dimension parallèle où je n’avais pas ma place. 

Eux me voyaient-ils ? 

 

nostalgie ce soir

la nuit a effacé le jour-

dedans moi, le vent

31/10/2024

Entre veille et sommeil

 

 J’ai tout éteint. Ce soir je veux être au rendez-vous avec moi-même ; bercée par son chant, écouter la pluie, l’avion qui s’éloigne, mon corps qui se détend avant l’endormissement. 

    Je veux goûter cette joie de baigner dans ces infimes stimuli qui s’invitent à la fête de mon émerveillement. Ce qui m’est le plus palpable ce soir, ce ne sont pas ces objets qui m’entourent, si inutiles à cet instant, comme tout ce qui a forme, ils sont destinés à la poussière… Non ! ce sont tous ces murmures qui racontent le mouvement de l’invisible, ce festival de riens au cœur duquel je me situe.

 

  

        J’accueille le son, j’accompagne son voyage, palpite au moindre de ses souffles pour donner libre court à mes images. Immergée dans cet océan volubile, je recrée le monde, je me le fais plus proche afin de le mieux comprendre, et l’aimer. 

    La pluie s’est arrêtée, pourtant ce n’est pas le silence. J’ai conscience des courants, des palpitations, des murmures qui animent cet autre monde qu’est mon corps. Rien ne peut le différencier vraiment de ce qui l’entoure, lui aussi est d’eau, animé de ses courants au travers de la Terre, du Feu, du Vent.

    Entre veille et sommeil, je me dis que c’est un univers bien fascinant que celui de la vie.

    J’ai tout éteint, sauf le bonheur d’accueillir.


Adamante Donsimoni ©sacem

29 décembre 2021

28/10/2024

Horizon bavard

 

Adamante Donsimoni - acrylique sur papier froissé - Chamiliale -


Horizon bavard 



Debout au bord de la nuit, le front tourné vers l’horizon, ils observent le ciel. Sages et chats contemplent les ombres qui s’y découpent. La voûte céleste est un miroir où chacun se cherche et se reconnaît dans les constellations. Leur avenir y est écrit, ils décryptent le moindre signe.

Ô combien d’histoires s’y racontent ! Combien de vies y sont inscrites à l’encre invisible des ans qui passent. Il semble que tous les temps s’y confondent, regards présents, regards d’antan, y laissent ou ont laissé leur marques bousculées de vents et de nuées. 

« C’était hier, soliloque un nuage,  hier ou peut-être avant hier ou encore bien avant, j’ai oublié. J’ai l’esprit bien trop embrumé ce soir, un mauvais rhume sans doute, et me voici la goutte au nez. Presse-toi, presse toi, il te faut trouver un sommet où te mettre à l’abri, il ne faut pas t’appesantir ici si tu ne veux pas disparaître, il y a bien trop de passage, de fantômes et courants d’air. »


Sous la lune rousse

des nuages en débandade

le réveil des anges


l’oubli marie la mémoire

le vrai amoureux du faux.



Adamante Donsimoni

25 octobre 2024 -  (tanka-prose)


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30/06/2024

Le bousier sacré

 


Merci à Françoise pour cette photo



Le bousier sacré


Un scarabée d’or, un bousier sacré croisé en chemin, poussait sa boule de bouse vers son terrier. Quelle force il développait ! Il luttait contre les inégalités du sol, roulant parfois, se reprenant mais animé de l’absolu désir d’avancer. J’avais sous les yeux l’image du dieu Khépri, symbole en son temps de la renaissance du soleil, de la lumière, divinité protectrice de l’Égypte ancienne sensée aider les morts à se réincarner. 

Mais la Terre ? Cette boule orbitant autour de son soleil, cette nourrice désacralisée par des générations ayant changé leurs dieux par l’argent, pourra-t-elle être relevée par des enfants nés du rêve d’un artiste ? Ils étaient là, dans leur tenue originelle, lumineux et purs, déployant leurs efforts pour aider la mère Terre à sortir de l’ornière, tandis qu’une petite fille, toute palpitante de vie, illuminée par un sourire, leur apportait soutien, poussant de tout son poids la bien trop lourde planète coulée dans le béton. 

Que peuvent les petits d’Hommes coupés de leurs racines et du temps convenant à leur nature ? On ne leur laisse en héritage que des eaux déchainées, que des feux consumant et la raréfaction de la diversité.



Il est un espoir

trouver la force en la faiblesse-

l’amour peut tout 



Adamante Donsimoni - 29 juin 2024 ©musicstart/sacem



                                                                    L'herbier de poésies


 

10/06/2024

La ville, la nuit



Récréanote Adamante


La ville, la nuit



Il faisait nuit, ils étaient là, ils m’observaient. Leurs yeux brillaient de la lumière des étoiles félines descendues sur terre pour nous rappeler le ciel. 

J’étais subjuguée. Un frisson me parcourait le dos tandis que mes pas doucement ralentissaient jusqu’à ce que je me fixe afin de ne pas les déranger.

La nuit agitait ses ombres sous les lumières artificielles d’un immeuble sans grande âme révélant d’invisibles présences humaines. Tout à côté, un petit pavillon de banlieue, vestige improbable d’un temps révolu, et appelé sans doute à disparaître, incarnait la nostalgie d’un autrefois plus lent qui cachait sa misère en s’entourant d’un maigre jardin ouvrier agrémenté de fleurs.

Observatrice observée, sous les feux pénétrants de quatre pupilles phosphorescentes, je me disais que les générations passent, triment, s’effacent tandis que la vitesse s’accélère, mais qu’en tous lieux il est toujours des gardiens du mystère. Si partout la nature sauvage expie son amour de la vie sur l’autel de l’excès, de la folie, partout il est encore une porte secrète, bien gardée par les innombrables descendants de la Déesse Bastet. 

Mon cœur battait chat. J’étais à l’affût de la nuit sous sa coupole illuminée, je vivais la métamorphose, je me sentais pousser des griffes. Le sang de la liberté pulsait dans mes veines. Je percevais le monde de toute la puissance de ma nature animale. Il n’y avait rien d’infernal à cela mais la découverte de l’immense force de l’amour de la vie qui explosait en moi et me faisait comprendre la vanité de toutes ces conventions qui me maintenait sous le joug de ce qui doit se faire et non de ce qui doit être.

J’étais enfin libre !


deux chats, la nuit - noirs

révélation de la lumière-

cœur palpitant



Adamante Donsimoni - 3 juin 2024


L'HERBIER DE POÉSIES