L’indéfini fait de nouveau se
mêler le haut et le bas
Ciel et terre, embrassés, jouent
de l’illusion
L’avion de Saint Ex. s’abîme au
fond des eaux
Ainsi naissent les légendes
Le petit prince déboussolé
s’incline vers un phoque :
- « Dis, dessine-moi une rose ! »
Le renard dépité, glougloutant,
s’agrippe à un mur
Vestige d’une ville tentaculaire
engloutie
Ne pas sombrer surtout, tenter de
regagner la surface
Ne pas finir noyé d’eau et de
chagrin
Comme cette pauvre Mélusine
Maudite une seconde fois
Vaincue par la pression des eaux
primordiales
Trahie par les sources, les
rivières…
Sous le regard compatissant de
Nout
Déesse du ciel apparue là sous sa
forme de vache sacrée
Elle glisse doucement vers le
fond de la mer
Comme on s’abandonne aux bras de
l’amour
Retour à la maison
Atlantes, Atlantide, Atlantis…
Flot hypnotique des mots qui tournent
dans sa tête jusqu’à l’extinction
Le silence
Demain
Comme chaque matin
Le soleil, enfanté par Nout, renaîtra
en fin de sa course nocturne
Râ, la bouche, porteur de la puissance
deviendra Rê, le feu du verbe
Vainqueur momentané d’Apophis, le
serpent d’eau
Un, enfin réunifié
Le monde resplendira de sa
lumière
Demain
Comme chaque soir
Nout avalera Rê
Râ reprendra son combat contre
les ténèbres
Demain
Tout sera oublié
Tout sera à recommencer
Un jour efface l’autre
Course immuable de la roue des
transformations
Sans cesse, le phénix meurt et renaît
de ses cendres
Et tout est vanité qui ne se
situe pas au centre
Où seule l’immobilité vibratoire
est pérenne.
Adamante Donsimoni (©sacem)